J'ai étudié le
cinéma à la Sorbonne Nouvelle puis à l'ESAV (à l'université de Toulouse-Le Mirail) et je réalise des films documentaires de façon indépendante. Mes deux premiers films ont été tournés au cours de longs voyages en Afghanistan. « Le Reflux » est mon troisième film. Même s'ils sont différents sur la forme, ce sont toujours des films tournés en immersion avec les protagonistes que je filme. En ce qui concerne mon parcours à la Sorbonne Nouvelle, j'y ai passé 5 ans. Alors que j'étais passionné de cinéma, j'ai curieusement entamé un cursus de «
Communication ». Ma passion du cinéma était une activité solitaire et il ne m'était jamais venu à l'esprit que je pourrais en faire un objet d'étude, encore moins une activité professionnelle. En voyant que plein de critiques et de théoriciens que je lisais (Aumont, Marie, Tesson, Moullet...) enseignaient à Paris 3, il a fini par me paraître évident d'intégrer le cursus « Cinéma ».
J'ai été particulièrement marqué par les cours de
Roger Odin sur l'intime et ceux de François Niney sur le documentaire. Même si l'enseignement était purement théorique, c'est pendant ces années que les questionnements liés à ma future pratique du cinéma se sont vraiment construits. Je n'avais encore jamais touché une caméra mais je sentais que la découverte d'un certain cinéma me pousserait à le faire naturellement par la suite.
Les heures passées à la
Cinémathèque universitaire ont constitué une bonne part de ma formation pendant ces 5 années. Cela ne m'a pas empêché de passer deux années en maîtrise sans jamais la valider !
Le point de départ du film était mon envie de redonner la parole à Didier, que j'avais rencontré quelques années auparavant, et qui en avait été privé par ses 10 années passées en prison. Je voulais capter sa difficulté à se saisir de cette parole, à raconter les traces laissées par ces années d'enfermement et sa peur du jugement du spectateur. Ce qui m'intéressait c'était de faire surgir cette parole par un dispositif filmique particulier (de longs plans-séquences, un décor de cinéma, ma présence hors-champ...) et de créer les conditions nécessaires à une parole forte, introspective et souvent paradoxale.
Finalement, le tournage ne s'est pas déroulé exactement comme prévu car la parole de Didier me semblait souvent atténuer les épreuves qu'il avait rencontrées. Le film s'est révélé être une sorte de confrontation bienveillante entre ce que Didier dit et ce que je souhaite l'entendre dire.