Quel a été votre parcours au sein de la Sorbonne Nouvelle ?En 1991, après une classe préparatoire en lettres à Strasbourg puis une formation universitaire en littérature comparée et en didactique du français langue étrangère (FLE) dans cette même ville, j'ai commencé à enseigner le français. Au contact des élèves dans les établissements scolaires, des étudiants dans les Grandes écoles et des adultes dans les associations, les entreprises, et les chambres de commerce, deux questions politiques m'ont particulièrement intéressée : l'enseignement du français aux étrangers en France, avec la langue et la culture françaises comme enjeux pour faire vivre ensemble les hommes dans la cité d'une part, et la langue française comme instrument de rayonnement international d'autre part.
Je me suis inscrite en 1992 à la Sorbonne Nouvelle au DESS (Master) de Didactique des langues et des cultures que proposait l'unité de formation et de recherche de didactique du
FLE pour compléter mon cursus universitaire. J'ai obtenu le diplôme en 1993, créé une entreprise en 1995 et rejoint le
CIEP en 2002.
Pourquoi avoir choisi l'Université ?Je cherchais une formation à la fois théorique et pratique, de haut niveau, reconnue internationalement qui traiterait de ces deux aspects de l'enseignement du français dans une approche pluridisciplinaire. C'est à la Sorbonne Nouvelle que je l'ai trouvée, lieu historique de la réflexion sur l'enseignement du français aux étrangers, en France et dans le monde, l'université de référence où les plus grands spécialistes dispensaient des cours à la fois théoriques et pratiques. Je pense notamment à Louis Porcher, Robert Galisson,
Sophie Moirand, Elisabeth Guimbretière, Geneviève Dominique de Salins,
Jean-Claude Beacco,
Jean-Louis Chiss.
Nous étions une petite promotion bien encadrée par des professeurs exigeants et accompagnée par des personnels administratifs attentifs (je pense à Marie-Paule). J'ai gardé des amitiés solides parmi mes camarades de promotion qui poursuivent comme moi une carrière dans le domaine de la didactique du français langue étrangère.
L'entrée à la Sorbonne Nouvelle coïncidait avec mon premier séjour à Paris et comme pour beaucoup de jeunes étudiants provinciaux, ce fut une période de découvertes intenses et passionnantes.
Vous êtes responsable du département langue française au CIEP, pouvez-vous nous décrire vos missions ?J'ai intégré le Centre International d'Etudes Pédagogiques en juin 2002 comme chargée de programmes. Cet établissement public a pour mission d'apporter un appui à l'enseignement du français et à l'éducation dans le monde. Depuis 2004, j'occupe la fonction de Responsable du département langue française (DLF), une équipe de 23 personnes chargées de l'accompagnement des politiques publiques pour le développement de l'enseignement du français et en français dans le monde. Le Département langue française touche plus de 3 000 personnes par an de plus de 80 nationalités. Nous travaillons en partenariat avec le Ministère français des affaires étrangères et européennes, l'Agence universitaire de la francophonie, l'Organisation internationale de la Francophonie, les universités françaises et étrangères, les Ambassades de France dans le monde, les Ministères de l'éducation et de l'enseignement supérieur, l'Institut français.
Le département langue française a trois missions :
- la formation de tous les acteurs du français langue étrangère, notamment dans le cadre des universités BELC, les métiers du français dans le monde, un des bureaux historiques où est née notre discipline dans les années soixante,
- l'audit et l'expertise de programmes d'enseignement du français avec des outils et des techniques de l'assurance qualité,
- l'appui à la communauté mondiale des professeurs de français avec l'organisation de séminaires et l'animation de sites internet.
Ma mission consiste à coordonner et encadrer les activités, à définir l'offre des services du département, à en assurer le suivi de l'activité mais aussi à participer à la définition des objectifs stratégiques de l'établissement pour les programmes relatifs à l'enseignement du français.
Quelles compétences mobilisez-vous aujourd'hui ? En 1992, le DESS accordait une large place à la didactique des langues, à l'interculturel, à l'ingénierie de la formation et à la connaissance des systèmes éducatifs, cela reste la base de mon métier. Grâce à la démarche de projet, nous travaillions alors en équipe, ces outils et ces techniques étaient quasiment apprises en situation réelle. Nous avions à mobiliser des savoirs, à interroger, à consulter des ressources, à imaginer des solutions, à créer des dispositifs, à gérer les conflits, rien de très différent de ce que je fais aujourd'hui !
Avez-vous un conseil à donner aux étudiants de la Sorbonne Nouvelle ?Il n'y a pas de savoir inutile ! Soyez curieux de tout, exigeants avec vous-même, toujours ! Allez vers les autres, les plus belles découvertes sont là.