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Vie étudiante
le 14 décembre 2017
Alice Zeniter, remporte avec son roman "L'art de perdre" le Prix Goncourt des lycéens, elle nous parle de son livre et de son parcours à la Sorbonne Nouvelle.
Je m'appelle Alice Zeniter. J'ai 31 ans. Une fois qu'on a dit cela, je suppose qu'on n'a pas dit grand-chose. Alors ajoutons que je suis auteure et metteuse en scène, que j'écris des romans, du théâtre et parfois des textes non-identifiés. Ajoutons encore que j'ai grandi en Normandie, vécu dix ans à Paris, trois ans à Budapest et que je suis désormais installée en Bretagne. Disons aussi qu'il m'arrive de traduire depuis l'anglais et que je passe de plus en plus de temps sur scène depuis que j'ai découvert la forme des lectures musicales.
L'Art de perdre est un roman qui retrace, sur trois générations, la vie d'une famille entre la France et l'Algérie. A travers le parcours de cette famille, c'est près d'un siècle d'Histoire de relations complexes entre les deux pays qui défile: la colonisation, la guerre, la fuite de ceux que l'on appelés de manière vague les "harkis", les camps de transit trouvés à l'arrivée au lieu du refuge espéré l'émigration depuis l'Algérie et l'immigration vue depuis la France, le racisme, les questions d'intégration ou d'identité dans une société actuelle en crispation.
C'est un livre que je voulais écrire depuis des années et que j'avais terriblement peur de "mal" écrire ou d'écrire trop tôt. Il prend naissance dans la trajectoire migratoire de ma propre famille et les silences qui l'ont entourée. Mais c'est définitivement un roman puisqu'il a fallu que je mêle la fiction et les recherches pour combler tous les "trous" dans l'histoire dont j'avais héritée.
Je suis entrée à la Sorbonne Nouvelle en même temps qu'à l'Ecole Normale Supérieure. J'y ai suivi un master d'Etudes théâtrales, suivi de trois ans de thèse durant lesquels j'ai enseigné aux étudiants de la licence. Je suis partie en 2013, sans mener à bien mon doctorat, pour me consacrer uniquement à mes activités artistiques. Mais je me pense toujours comme une "ex-universitaire".
J'ai participé au Prix de la nouvelle en tant que jurée et je garde surtout le souvenir des nombreux textes reçus, de la qualité qui me paraissait évidente de certains et des débats ensuite lors du vote qui remettaient sérieusement en question la notion d'évidence de qualités littéraires. Je regrette que mon emploi du temps ne m'ait pas permis depuis de renouveler l'expérience.
Quant à "créatifs pendant la thèse", ce que j'ai trouvé très agréable, c'était de rencontrer les autres participants sous une autre casquette que celle de "thésards", d'ouvrir une porte sur un pan de vie différent.
Je continue à promouvoir l'Art de perdre en librairie, dans les lycées et lors de salons du livre. Je vais de ville en ville, comme un commis-voyageur de mon roman. Je suis en train de créer un duo avec un danseur, Orin Camus, dans le cadre du festival Concordanse, pour mars 2018. A la même époque, je présenterai aux Emancipées, à Vannes, puis à la Passerelle de Saint-Brieuc une lecture musicale du Seigneur des porcheries, un roman de Tristan Egolf que j'aime passionnément, accompagnée de Nathan Gabily (basse/voix) et de Benoît Seguin (batterie).
Je prépare aussi la mise en scène de "Hansel et Gretel, le début de la faim", une réécriture du conte qui se déroule aux Etats-Unis pendant la crise des supbrimes. Nous finissons actuellement de monter la production et j'ai hâte que les répétitions commencent. Le spectacle sera créé début décembre 2018, dans les Côtes d'Armor, avant de partir en tournée.
De profiter d'un temps dédié à l'apprentissage et à la recherche. Et de toujours chercher comment ce qu'ils apprennent peut devenir une question vitale, brûlante, au lieu de rester un sujet vaguement distant et imposé.
mise à jour le 18 décembre 2017