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Diplômés, UFR Arts et Médias

Portrait de Lucia Pagliardini

le 28 février 2017

Après des études de théâtre et de cinéma en Italie, Lucia Pagliardini a rejoint la Sorbonne Nouvelle pour y faire un doctorat en contrat CIFRE avec l'entreprise Gaumont. Sa recherche est axée sur la place des femmes dans la production cinématographique.

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  • Pouvez-vous nous présenter votre parcours académique ?

J’ai effectué mes études en communication et spectacle à l’Université de Urbino (Italie), ensuite je me suis spécialisée en théâtre à l’Université Catholique de Milan et en 2015 j’ai obtenu un Master en Cinéma, Télévision et Production Audiovisuelle à l’Université de Bologne.
Toujours intéressée par la production cinématographique, en particulier celle déclinée au féminin, j’ai réalisé mon mémoire de Master sur la productrice Margaret Menegoz et sa maison de production Les Films du Losange où j’ai effectué un stage de trois mois. Cette expérience m’a permis d’acquérir des compétences concrètes dans le domaine de la production cinématographique, en me rendant compte ainsi du manque d’attention donné aux productrices cinématographiques. Compte tenu notamment de ce manque d’attention, j’ai décidé de poursuivre, à travers un doctorat, mes recherches.

  • Vous êtes actuellement accueillie en CIFRE chez GAUMONT, quel est votre sujet de thèse et pourquoi Gaumont ? 

C’est en janvier 2015 que j’ai eu le plaisir de rencontrer le Professeur Laurent Creton, Président du Conseil Académique de l’Université Sorbonne Paris 3. Après avoir exposé mon projet de recherche doctorale, Monsieur Creton a accepté de le soutenir et m’a parlé du dispositif CIFRE.
Ce dispositif, géré par l’Association Nationale de la Recherche et Technologie, m’a semblé très intéressant car il permet d’être dans le monde du travail en intégrant une entreprise tout en bénéficiant d’un encadrement académique. Afin de pouvoir bénéficier du CIFRE, je me suis mise à la recherche d’une entreprise pouvant être intéressée par mon projet dans le cadre du cinéma.
C’est ainsi qu’en octobre 2015 j’ai rencontré madame Sidonie Dumas, Directrice générale de la société Gaumont, la plus ancienne société de production au monde encore en activité, crée en 1895. Suite à la rencontre avec Madame Dumas, la société Gaumont a manifesté sa réelle volonté d’activer, pour la 1ère fois, le dispositif CIFRE, considérant l’intérêt de ma recherche pour leur société. En effet, mon sujet de recherche porte sur les productrices cinématographiques françaises depuis la Nouvelle Vague jusqu’à nos jours. Il s'agit d’une recherche pionnière qui vise à mettre en valeur la contribution, le travail de toutes les productrices cinématographiques françaises au septième art afin de faire ressortir les inégalités H/F dans le monde du cinéma. Je voudrais, d’ailleurs, souligner que les études faites auparavant mettent en valeur la présence des femmes dans la filière cinématographique en tant que réalisatrices, scénaristes ou actrices en négligeant le rôle des productrices.
J’ai décidé de réaliser ma recherche sur les productrices françaises compte tenu de l’importance du cinéma français au niveau mondial, mais aussi parce que la première productrice et réalisatrice de l’histoire du septième art fut une femme françaises, Alice Guy, qui a, d’ailleurs, travaillé longtemps auprès de Gaumont.

  • Quels sont vos projets en cours ? 

Dans le cadre de ma recherche doctorale j’ai prévu un colloque international et une exposition photographique consacrés aux productrices cinématographiques françaises ; je suis en train de travailler à leur organisation en parallèle avec ma recherche.

Ces deux évènements, qui auront lieu à Paris au printemps 2018, permettront de faire connaître et de donner la parole aux productrices et, en même temps, de produire du savoir sur le thème de la production cinématographique déclinée au féminin grâce à la participation d’importants experts et artistes de renommée internationale. Par ailleurs, ces deux événements sont construits autour du thème de l’égalité homme-femme et représentent des actions d’originalité, visibilité et intérêt non seulement pour le monde académique, mais également pour celui artistique et politico-culturel. En effet, l’égalité homme-femme est fondamentale et je pense qu’elle doit être au cœur de nos préoccupations. Cette égalité, je l’ai adoptée et mise au service pour le monde de la production cinématographique en démontrant ainsi comment une idée, un projet de recherche peut devenir un instrument puissant sur le plan des relations. Compte tenu justement de ces relations, j’ai décidé de faire entendre la problématique de l’égalité h/f dans le monde de la production cinématographique à des hautes personnalités : notamment le Président de la République qui d’ailleurs m’a répondu en me remerciant et en me disant que ce dossier a attiré tout particulièrement son attention. J’ai aussi écrit au Ministre de la Culture, qui m’a confirmé la participation du Ministère au colloque. J’ai également écrit à la Directrice Générale de l’Unesco qui m’a confirmé son grand intérêt pour cette recherche et sa participation à l’événement. Par ailleurs, j’ai sollicité Eurimages - Conseil d’Europe et Madame Isabel Castro Martinez, ancienne Directrice exécutive et une des plus importantes expertes des questions concernant l’égalité h/f, qui a confirmé sa disponibilité à collaborer et participer à mon projet. J’ai enfin sollicité le Vatican en la personne de Monseigneur Dario Edoardo Viganò, porte-parole de la pensée du Pape François concernant la défense des femmes, qui a également confirmé sa présence au colloque. A ce jour, je suis en train de contacter d’autres institutions pouvant intervenir et apporter leur contribution.
Je suis persuadée, en effet, qu’il faut multiplier les événements pour accroître le rayonnement des femmes dans le monde du cinéma.

  • C'est bientôt la Journée de la Femme, quelle est la place des femmes dans la production cinématographique aujourd'hui ?

Depuis toujours et encore aujourd’hui les femmes sont particulièrement marginalisées dans la vie culturelle. Elles se heurtent à de nombreux obstacles pour accéder, contribuer et participer de façon égale au théâtre, au cinéma, aux arts, à la musique et au patrimoine, ce qui les empêche de développer leur plein potentiel. Cela est particulièrement évident dans le monde de la production cinématographique où les femmes rencontrent, encore à ce jour, des grandes difficultés pour s’affirmer et occuper des postes de pouvoir dans la filière cinématographique, en particulier dans la production. En effet, malgré leur capacité, leur polyvalence et l’augmentation de leur présence dans les diverses professions liées au cinéma, la production cinématographique demeure incontestablement un bastion masculin.
Il est vrai aussi que les choses sont en train de changer, mais pas suffisamment par rapport à ce que les débuts du cinéma avaient fait espérer. Il suffit, encore une fois, de penser au rôle déterminant d’Alice Guy, mais cette pionnière n’a pas fait école et ce sont les hommes qui se sont illustrés dans le domaine de la production cinématographique, faisant ainsi que le métier du producteur a eu presque toujours un caractère masculin.

  • Vous êtes arrivée au monde du cinéma après un parcours d’études théâtrales et même comme actrice. Pouvez-vous nous raconter votre expérience ?

En parallèle à mes études universitaires, j’ai suivi plusieurs cours de formation théâtrale et cinématographique et j’ai débuté comme actrice en interprétant le rôle de « Rebecca » dans le spectacle théâtrale Ashes to Ashes du Prix Nobel Harold Pinter. En 2011 j’ai décidé de mettre en scène Donne in catene, un spectacle qui dénonce la violence perpétrée contre les femmes. Ce spectacle a fait l’objet de tournées dans dives théâtres italiens en particulier il a été présenté à l’occasion de la journée de la femme et le 25 novembre à l’occasion de la journée contre la violence sur les femmes.
Je pense, en effet, que le théâtre et le cinéma sont des moyens de communication très puissants et je souhaite les 'utiliser' pour faire avancer la cause des femmes, pour leur émancipation et pour aboutir à l’égalité H/F non seulement dans la pratique, mais aussi et surtout dans les esprits.


Type :
Portrait
Contact :
Alice Bambaggi, service civique chargée du développement du réseau Alumni

mise à jour le 13 septembre 2017


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