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Mathis Grosos, diplômé du Master Journalisme Culturel et passionné de théâtre

le 25 janvier 2024

Producteur du podcast "Dramathis", Mathis Grosos, diplômé du Master de Journalisme culturel partage avec nous sa passion pour le théâtre. Vous pouvez également retrouver ses chroniques sur intagram : @mathisgrosos !

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  • Mathis, pouvez-vous vous présenter ? 
     
J’ai commencé mon parcours académique à Rouen par une classe préparatoire aux concours des Instituts d’Etudes Politiques, prépa qui n’existe d’ailleurs plus. Ça a été l’occasion de faire énormément de sociologie et d’obtenir le concours de Sciences Po Lyon que j’ai intégré l’année suivante. Après deux ans dans cet IEP, j’ai fait mon Erasmus à Londres parce que l’université dont l’école était partenaire proposait beaucoup de cours sur le cinéma, le théâtre, le journalisme. Cet Erasmus m’a permis de faire un virage vers la culture, déjà bien amorcé dans les stages que j’avais pu faire. C’est comme ça que j’ai décidé de changer de formation pour mon master en postulant au Master Journalisme Culturel de la Sorbonne Nouvelle.
 
 


En arrivant chez Madmoizelle en tant qu’apprenti, j’ai été saisi par la liberté et la confiance qui m’ont été accordées. J’ai pu, au bout de quelques jours seulement, tenir un micro et m’exprimer. Et très vite, j’ai réalisé que ce dont je parlais le plus (et peut-être le mieux), c’était de théâtre. 
 
Le podcast a fini par naître de cet équilibre entre théâtre, humour et sociologie. L’idée était de proposer des analyses plutôt que des critiques pour tenter de retranscrire toutes les émotions que le théâtre pouvait me faire ressentir. Au-delà du jeu de mot avec mon prénom, c’est aussi le sens du titre du podcast. Mettre l’accent sur le drama, c’est contourner toute cette intellectualisation qui peut tant impressionner et donc tant exclure. J’ai imaginé ce qu’était un podcast respectable sur le théâtre et j’ai fait l’inverse. Ma bisexualité, mes engagements politiques et la pop culture côtoient des concepts de sciences sociales. Je joue plus que j’incarne le podcast, bref, je suis un mauvais journaliste et j’adore ça.
 
Dès mon départ de Madmoizelle, j’ai pensé la saison 2 comme l’opportunité de présenter plus de problématiques encore et continué à ouvrir le théâtre à toutes celles et ceux pour qui il pourrait être un pansement, une béquille ou simplement une jolie découverte.
 
  • Pourquoi employer le terme "réconciler" ? 
     
Beaucoup d’institutions culturelles s’enivrent du concept de « démocratisation ». Parfois, ces initiatives donnent lieu à des moments forts et c’est d’ailleurs grâce à ces dispositifs pour des publics scolaires que j’ai découvert le théâtre. Mais je trouve que les médias s’en saisissent peu et comme les institutions se sont parfois aliénées toute une partie du public, les choses ne peuvent pas bouger d’elles-mêmes. 
 
C’est un fait, beaucoup de gens sont fâchés avec le peu d’expérience qu’ils ont du théâtre. D’ailleurs je répète souvent que chaque pièce est un plébiscite parce que beaucoup de gens tiennent leur premier spectacle pour représentatif du théâtre, là où un mauvais film est juste un mauvais film. Mon idée avec Dramathis, c’est montrer que beaucoup de choses existent et que même si elles sont critiquables, elles ne peuvent pas engager l’ensemble du milieu.
 
  • Vous allez au théâtre trois à quatre fois par semaine, et vous chroniquez les spectacles sur votre compte instagram @mathisgrosos ? Est-ce devenu une activité professionnelle à part entière ? 

J’ai aujourd’hui trois casquettes. Une casquette de pigiste sur de nombreux sujets, j’ai notamment une collaboration régulière avec le média théâtre L’Œil d’Olivier. Une deuxième casquette de monteur podcast pour une influenceuse. Et une troisième casquette qui consiste à travailler sur de la création de contenus pour les théâtres. Évidemment, la déontologie m’impose des limites très claires. Je vois ça comme une forme de publirédactionnel qui sert de financement à mon podcast et qui me laisse parfaitement libre.
 


Énormément. Les cultural studies m’ont été d’une grande aide pour appréhender la réception des spectacles. Moi qui m’intéresse autant aux œuvres, à leurs conditions de productions qu’à leur réception, le master m’a été très utile. Typiquement, j’ai un épisode où il est question du « dispositif », un concept que nous avions vu appliqué aux émissions télévisées mais qui fonctionne très bien pour expliquer combien l’aménagement du public conditionne largement la réception du discours, et même sa production.
 
  • Avez-vous un conseil à donner aux étudiant.es de la Sorbonne Nouvelle ? 
     
Tout ce qui me rémunère aujourd’hui, je l’ai fait dans mon coin gratuitement. D’ailleurs, techniquement, ce podcast, je le fais gratuitement. Je pense que les projets personnels m’ont permis de me former à des outils, de rencontrer des personnes, de familiariser avec des cadres, des contraintes. J’ai créé de toute pièce la réalité professionnelle dans laquelle j’évolue et évidemment, je suis impatient que ça puisse prendre davantage. Mais je sais combien ce que je fais me ressemble et je m’en félicite, je ne pourrais probablement pas faire ça dans un média. 
 
Il faut aussi multiplier les expériences, les rencontres. Dramathis n’existerait pas en tant que tel sans mon cursus de sociologie, sans mes cours de théâtre, d’éloquence ou de production musicale. Et même pour aller plus loin, si je n’avais pas fait de service en restauration, peut-être que je n’aurais pas cette répartie que je mobilise dans le podcast.
 
A mon sens, je suis constamment en formation, je lis énormément et je parle beaucoup avec les gens du milieu du théâtre, du journalisme (c’est d’ailleurs en commençant un podcast introspectif sur le milieu du journalisme que j’ai appris à monter, à réseauter, à écrire un podcast et même comprendre les rouages de la pige sur laquelle j’ai fait un épisode).
 
Il faut faire, faire et refaire. Si personne vous donne cette liberté totale, il faut créer cet espace soi-même et trouver des moyens de le financer, ça, c’est le nerf de la guerre.
 
Il faut aussi poser plein de questions, à tout le monde. Quitte à ne pas être d’accord avec les réponses.

Type :
Portrait

mise à jour le 31 janvier 2024


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