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Rencontre avec Jean-Louis Georget et Egidia Souto, commissaires de l'exposition Préhistomania

le 19 avril 2024

Jean-Louis Georget et Egidia Souto sont co-commissaires aux côté de Richard Kuba de l'exposition Préhistomania présentée au Musée de l'Homme jusqu'au 20 mai 2024.

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  •  Pouvez-vous vous présenter ?

Jean-Louis Georget
Je suis aujourd'hui professeur des universités en civilisation allemande à la Sorbonne-Nouvelle, connu comme spécialiste de l'ethnologie allemande, directeur du CEREG (EA 4223) et chercheur à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales (UMR 8131). J'ai été chercheur à l'Institut Français d'Histoire en Allemagne à Francfort-sur-le-Main et professeur invité à la faculté d’ethnologie de l’université Goethe de 2011 à 2017, où j'ai découvert la collection Frobenius, la plus grande collection de relevés d’art rupestre au monde, et où j'ai pu commencer à faire plusieurs expositions avec mes collègues allemands. Ces manifestations n'étaient pas les premières puisque j'en avais déjà organisé sur Berlin dans les années 2010 avec le photographe Tristan Siegmann.

Les premières expositions Frobenius ont eu lieu au Gropius Bau à Berlin en 2016, au musée de l’IFAN à Dakar à 2017, au musée d'anthropologie de Mexico en 2017 également. Paris en 2024 a été un point d’orgue. Je suis co-commissaire de l’exposition Préhistomania. Nous avons essayé de renouveler une série d’expositions qui avaient eu lieu dans les années 1930 avec pour acmé le MoMa en 1937 de faire redécouvrir une œuvre qui avait été très connue au moment de sa conception.

Egidia Souto

Je suis Egídia Souto, maître de conférences, spécialisée dans le patrimoine, la littérature et l'histoire de l'art de l'Afrique, attachée au CREPAL. Titulaire d'un diplôme de l'Université Sorbonne Nouvelle, je suis très impliquée dans la promotion de la muséologie participative. Avec plus de 15 années d'expérience, j'ai eu le privilège de collaborer avec des institutions de renommée internationale telles que le Musée du Quai Branly et le Musée Dapper où j’ai entendu parler pour la première fois de la plus grande collection de relevés d’art rupestre au monde, la collection Frobenius. Je suis désormais chercheuse associée à l’Institut Frobenius de Francfort (Recherche en Anthropologie Culturelle). Actuellement, je suis co-commissaire de l'exposition Préhistomania au musée de l'Homme à Paris, où nous explorons de manière novatrice les liens entre préhistoire et culture contemporaine. J’ai eu l’occasion de monter plusieurs expositions au sein de l’université en collaboration avec mes collègues et mes étudiants. Ma contribution à divers projets de recherche a été marquée par une approche collaborative, réunissant des chercheurs autochtones et non-autochtones pour une représentation plus authentique et inclusive de l'histoire et de la culture africaines et amérindiennes.

La collection de l’Institut Frobenius a été redécouverte depuis quelques années, notamment grâce au travail de Richard Kuba, le conservateur des collections, est en effet la plus grande collection de relevés rupestres au monde. Elle a été l’objet de recherches dans deux grands projets ANR-DFG sur l’histoire croisée de l’ethnologie en France et en Allemagne et l’histoire croisée de l’ethnologie et de la préhistoire en France et en Allemagne, dirigés par Jean-Louis Georget pour le côté français et Richard Kuba pour le côté allemand. Elle a été également numérisée et a fait l’objet d’expositions évoquées plus haut, qui succèdent à celles des années 1930 où cette collection avait fait le tour de l’Europe, lors d’expositions organisées à Oslo, Francfort, Berlin et Paris. En 1937, elle s’était faite aussi connaître Outre-Atlantique, avec la grande exposition au MoMA à New York. Entre les années 1930 où elle a été très célèbre et la période des années 1960, elle s’est un peu effacée de la mémoire car on a considéré eu égard aux évolutions technologiques que ces relevés ne possédaient plus de valeur scientifique intrinsèque. Il a fallu attendre les années 2010 pour redécouvrir qu’en réalité, elle appartenait au patrimoine de l’humanité, et qu’au-delà de sa valeur scientifique, elle possédait aussi une valeur artistique.

Cette exposition de relevés de peintures rupestres possède un caractère novateur : le public retrouve cet art universel car présent sur tous les continents. À la collection Frobenius, le musée de l’Homme a joint les collections Lhote et Bailloud, trésors du musée non exposés depuis très longtemps. C’est donc l’occasion de les redécouvrir elles aussi. Nous avons abordé cette exposition comme une expérience esthétique avions retracé auparavant grâce à nos projets scientifiques l’histoire de ces relevés, avions retrouvé dans quelles conditions, souvent aventureuses, ils avaient été produits, notamment par des femmes artistes. Nous disposions de beaucoup de photos et d’archives écrites. Cette collection a introduit l’art rupestre dans le monde moderne. Il a fallu les expositions internationales pour transformer le statut de cet art. C’est un projet d’équipe entre différents départements du Musée de l’Homme, l’Institut Frobenius, les chercheurs de l’Université Sorbonne Nouvelle et les artistes Abdoulaye Diallo et Graça Morais.

Depuis 2017, nous avons joint nos forces et nos spécialités pour aboutir à cette exposition qui est née d’un pari entre amis passionnés par l’Afrique. 

  • Concrètement, en quoi consiste le travail d'un commissaire scientifique ? 

Pour concevoir une exposition, il faut d’abord développer le concept, c’est-à-dire définir le thème, les objectifs, et le message clé de l'exposition. Cela inclut la sélection d'objets, d'œuvres d'art à présenter. Il faut également effectuer une recherche approfondie sur le sujet de l'exposition pour garantir l'exactitude et la pertinence des informations présentées. Le projet doit obéir à un cahier de charges et passer par toutes les commissions du Musée.

Le second volet consiste à planifier l'espace d'exposition : il convient de travailler avec des architectes, des scénographes, et des techniciens pour créer les marques de design de l'exposition, en s'assurant que l'espace est utilisé efficacement et de manière engageante avec les règles de l’institution.

 Il faut gérer les objets et coordonner le prêt d'objets ou d'œuvres d'art auprès d'autres institutions. Il faut dans le même temps gérer les aspects logistiques liés à leur transport et leur installation, à l’assurance et veiller à leur conservation et sécurité.

Mais le travail ne s’arrête pas là.  Nous devons aussi rédiger le catalogue de l’exposition, trouver des chercheurs spécialisés pour ce faire. Il y a également un aspect médiatique à concevoir avec le département de la communication et de médiation du musée. Il est nécessaire de développer le contenu éducatif, écrire les cartels des panneaux, les étiquettes des objets, et concevoir tout le matériel éducatif associé, en veillant à ce que le langage soit accessible à divers publics.

L’une des qualités requises est de savoir travailler en équipe. Il faut collaborer étroitement avec d'autres départements du musée ou de l'institution (éducation, conservation, médiation, etc.) pour assurer la cohérence et l'efficience de l'exposition, faire la promotion de l'exposition en participant aux efforts de communication pour promouvoir l'exposition auprès du grand public, ce qui peut inclure des interviews, des articles, ou des interventions sur les réseaux sociaux.

Le rôle du commissaire scientifique d'exposition nécessite donc une expertise à la fois scientifique et culturelle, une capacité à gérer de multiples tâches simultanément, et un engagement à rendre le savoir accessible et stimulant pour tous les publics.

  • Pouvez-vous nous donner trois raisons d'aller voir cette exposition ? 

Nous présentons ces relevés comme de l’art moderne, témoignage visuel de l’histoire de l’humanité qui ont eu une influence décisive sur tout l’art du XXème siècle. L’idée est de faire comprendre l’impact qu’a eu la découverte de cet art des origines pour les XXe et XXIe siècles. Mais le mieux est de laisser la presse en parler pour donner envie de venir :

"Impressionnant", "Un comble !" – Le Figaro

"Vertigineux !""L’un des plus grands chocs esthétiques de ces dernières années" – Télérama

"Un choc esthétique" – France Inter

"Une symphonie venue de la nuit des temps" – L’œil

"Émotion et fascination" – L’Humanité

"Une pulsion créatrice universelle et intemporelle" – Le Monde

"Des chefs-d’œuvre à part entière" – La Quotidienne

"Une magnifique exposition didactique à voir et revoir" –  BlackMap.com

"Nous fait revivre la fascination" –  Le Journal des Arts

"Fascinante exposition" – Geo

Une exposition très réussie, spacieuse, didactique. La beauté de nombreux relevés est inoubliable" – Cult.news

"Des œuvres à part, aussi belles qu’émouvantes" – Philosophie Magazine

"L'art rupestre sublimé" Radio France 

 


Type :
Exposition, Portrait du personnel
Partenaires :
 

mise à jour le 29 avril 2024


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