Ils ont suivi tous les deux une formation à la Sorbonne Nouvelle et ont décidé de créer ensemble "L'intermède", site d'information culturelle auquel contribuent des chercheurs et enseignants de l'Université....
- Pouvez-vous vous présenter ?
Claire : Je suis docteure en Littérature Générale et Comparée, et agrégée de lettres. Si mon champ de recherche premier est la littérature de science-fiction, j'ai depuis plusieurs années élargi mon domaine de réflexion en créant un séminaire international sur les narrations sérielles et la transmédialité. Après une allocation et un monitorat de 3 ans à la Sorbonne Nouvelle, j'ai obtenu un poste d'ATER à l'IUT de Villetaneuse à Paris 13, où j'enseigne actuellement. En 2013, j'ai été qualifiée aux fonctions de maître de conférences, et je souhaite aujourd'hui poursuivre ma carrière dans l'enseignement supérieur. Par ailleurs, j'achève actuellement un
Master 2 Recherche en cinéma et audiovisuel à la Sorbonne Nouvelle et je co-dirige depuis bientôt 5 ans le site d'actualité culturelle L'Intermède (
www.lintermede.com) avec Bartholomé.
Bartholomé : Comme Claire, j'ai poursuivi l'essentiel de mes études à la Sorbonne Nouvelle : j'ai étudié pendant quatre ans les Lettres Modernes – j'ai fait mon master 1 sous la direction de
Marie-Hélène Boblet sur Robert Pinget – avant d'intégrer le
Master 2 Professionnel de Journalisme culturel, puis de m'orienter vers le
Français Langue Étrangère. J'ai par ailleurs étudié deux ans la psychologie à Paris 8 et j'ai une licence en Histoire de l'art de l'université Paris 1. J'ai commencé ma carrière professionnelle comme journaliste dès ma troisième année de Licence de Lettres, et j'ai depuis diversifié mes activités. Je travaille aujourd'hui aussi bien comme graphiste/rédacteur/concepteur que comme chargé de cours dans différentes universités (Paris 7, Paris-Est et Paris 13), en journalisme, création web et français. Mais ma véritable passion depuis un an et demi est la danse. Ce qui m'a amené à partir 6 mois au Broadway Dance Center à New York, en 2013, pour suivre un entraînement intensif que je poursuis aujourd'hui à Paris, en claquettes et jazz funk.
Nous avions tous les deux le sentiment que, trop souvent dans les médias en ligne, l'actualité culturelle n'était pas traitée avec autant de rigueur et de soin qu'elle pouvait l'être dans la presse écrite ou à la radio. Nous entendions partout la même doctrine : « Sur internet, il faut faire court. Il faut beaucoup d'images, pas beaucoup de texte. Privilégiez le multimédia, les contenus audio et vidéo. Ne prenez pas trop de temps aux visiteurs des sites. » Et nous avons décidé de faire exactement l'inverse : un site où nous proposerions des articles de taille importante, où nous prendrions le temps de disséquer, d'analyser, de comprendre des pièces de théâtre, des expositions d'architecture, des ouvrages universitaires, des festivals de cinéma... Notre ambition n'était donc pas de créer un énième magazine d'actualité culturelle en ligne qui rendrait compte de tout ce qui se passe dans différents domaines artistiques, car nous n'avions pas les moyens de concurrencer les « grands » du secteur. Nous souhaitions plutôt aller là où les autres n'étaient pas – ou pas assez, à notre goût : proposer un véritable éclectisme dans le traitement des sujets (par exemple, accorder autant d'importance à la photographie ou à la danse qu'au cinéma et à la littérature), partir à l'étranger (nous avons plusieurs rédacteurs dans différents pays), et surtout créer toute une rubrique dédiée à l'actualité de la recherche, afin de proposer à nos lecteurs des comptes rendus de colloques, journées d'études ou publications universitaires, avec une profonde volonté de faire connaître le monde de la recherche à toutes et tous.
- Comment privilégier "l'analyse en profondeur" des sujets traités au traitement parfois plus superficiel des autres sites ?
Simplement en faisant confiance à nos lecteurs. Nous croyons fermement qu'un site exigent peut intéresser un grand nombre de personnes – et nos 15 000 lecteurs mensuels nous le prouvent. Il suffit simplement de réunir des journalistes, dont la plupart sont d'ailleurs chercheurs ou enseignants dans le cas de L'Intermède, tous mus par la même curiosité insatiable et l'envie de partager avec d'autres leurs connaissances ou leur regard. Avec un solide travail d'édition des articles avant publication, nous nous assurons ainsi que nos articles sont tous accessibles et fluides, afin que la lecture en soit confortable et intéressante pour le plus grand nombre.
- Pensez-vous avoir la fibre entrepreneur ?
Nous ne sommes pas particulièrement séduits par l'entreprenariat au sens de l'entreprise privée. Nous avons tous les deux fait le choix de travailler dans la fonction publique ou d'exercer comme free-lance ou intermittent. Mais si avoir la fibre entrepreneur signifie avoir envie de créer des projets, de les piloter et de les mener à bien, alors oui, c'est un concept qui peut nous correspondre.
Claire : Cela fait deux ans maintenant que je dirige le projet Narrations sérielles et transmédialité (
www.transmedia.hypotheses.org) au sein du CERC à la Sorbonne Nouvelle, en partenariat avec l'Université d'Amsterdam. Je travaille à développer ce projet en poursuivant notre séminaire, en organisant des journées d'études et en travaillant à des publications et à l'établissement d'un réseau international de chercheurs sur ces questions.
Bartholomé : Pour ma part, je poursuis ma formation en danse, et ai récemment eu l'honneur d'être invité à Oslo, en Norvège, ainsi qu'à Arles pour enseigner et chorégraphier une pièce de danse contemporaine. Je compte continuer à enseigner et chorégraphier dans les mois à venir, à Paris, avant de repartir à New York l'année prochaine pour effectuer une nouvelle formation au Broadway Dance Center.
- Avez-vous un souvenir de la Sorbonne Nouvelle à faire partager ?
Bartholomé : Quand j'étais en licence et master, j'ai travaillé comme assistant-secrétaire pour le
département de Littérature Générale et Comparée. J'étais notamment en charge des inscriptions pédagogiques en début d'année. Même si les journées étaient longues et épuisantes parce que je voyais défiler chaque jour plusieurs dizaines d'étudiants, le contact avec des personnes venues du monde entier et toutes passionnées par la littérature et les arts était assez génial.
Claire : C'est d'ailleurs lors de ces inscriptions pédagogiques, que j'effectuais pour la première fois dans le cadre de ma première année de monitorat à la Sorbonne Nouvelle que nous nous sommes rencontrés, Bartholomé et moi, et que nous sommes devenus amis. Le site se créait quelques mois plus tard et on peut dire qu'il est vraiment né des amitiés qui se sont nouées à Paris 3, d'autant que bien des contributeurs qui nous ont rejoints par la suite sont des étudiants ou des doctorants de Paris 3.
- Avez-vous un conseil à donner aux étudiants de la Sorbonne Nouvelle ?
Ils ne doivent pas avoir peur d'avoir plusieurs cordes à leur arc ! L'idéal est de poursuivre plusieurs formations s'ils le peuvent, car la pluridisciplinarité nourrit et enrichit chaque matière, chaque diplôme, chaque champ de réflexion. Il ne faut pas se mettre des oeillères et se sur-spécialiser, mais au contraire privilégier l'ouverture permanente, et la curiosité. C'est comme ça qu'on avance, qu'on est capable de s'adapter à différents environnements de travail, et qu'on a plus de liberté dans son projet universitaire et/ou professionnel.