Hélène Quanquin, pouvez-vous vous présenter ?Je suis maîtresse de conférences au
Département :Monde Anglophone. Je suis diplômée de l'Institut d'Etudes Politiques de Paris, agrégée d'anglais et docteure en civilisation américaine. Je suis arrivée en tant qu'ATER à la Sorbonne Nouvelle en 2000 et ai été élue maîtresse de conférences en 2002. J'enseigne la civilisation américaine en licence et en master. Ma recherche porte essentiellement sur les mouvements féministes et l'histoire du genre aux Etats-Unis".
Qu'est-ce que le programme "UK, /Global Connections Initiative/" L'année dernière, ma collègue de l'Université du Kentucky, Kathi Kern -
Associate Professor au département d’histoire de l’Université du Kentucky (UK), spécialiste elle aussi de l'histoire du féminisme américain, m'a contactée pour me parler d'un nouveau programme mis en place dans son université, Global Connections Initiative, qui vise à encourager les expériences pédagogiques avec des universités étrangères.
Nous avons décidé que pour que l'expérience soit positive, il était préférable que le cours se fasse dans le cadre de mon séminaire de Master 1 d'Etudes Internationales, ce qui s'est fait avec le soutien de
Marie-Claude Esposito, responsable de ce master. Le cours aux Etats-Unis est un cours de 4e année (dernière année de
college). Les étudiant-e-s sont proches en âge et le niveau d'anglais de mes étudiant-e-s, qui viennent de trois composantes -
Monde Anglophone,
Etudes Européennes,
IHEAL - leur permet de communiquer avec des étudiant-e-s américain-e-s et de travailler sur des sources en anglais.
Afin de préparer le cours, Kathi Kern est venue en France en mai dernier. En août, je suis allée dans le Kentucky afin de rencontrer les étudiant-e-s américain-e-s et finaliser le cours.
Un fond d'archives de l'Université du Kentucky a été numérisé spécialement pour cet enseignement: les archives sont celles de Linda Neville, réformatrice américaine de l'ère progressiste aux Etats-Unis. Les étudiant-e-s sont appelé-e-s à les analyser en groupes dans un wiki, à bloguer en anglais sur leur recherche et à préparer une présentation orale sur leur travail.
Quel est l'intérêt pédagogique d'une telle expérience?L'intérêt pour moi d'une telle expérience tient à plusieurs raisons. Tout d'abord, il m'a semblé que c'était une chance pour mes étudiant-e-s de travailler avec des étudiant-e-s américain-e-s. L'accès à des archives américaines a également été déterminante. J'ai enfin pensé qu'il était important que mes étudiant-e-s et moi-même soyons exposé-e-s à des méthodes d'enseignement de l'histoire différentes. Kathi Kern, qui a plusieurs fois été récompensée dans son université pour son enseignement et qui dirige un centre dédié à l'enseignement et à la pédagogie dans son université, m'a ainsi proposé des exercices et des façons de travailler auxquelles je n'étais pas habituée. Certaines de ses idées m'ont parfois paru surprenantes - comme celle de concevoir un reality show mettant en scène les différentes personnes que l'on retrouve dans les archives - mais elles m'ont également permis de réfléchir à ma façon d'enseigner l'histoire des Etats-Unis et d'encourager les étudiant-e-s à prendre conscience des contextes historiques, mais aussi des différentes perspectives des acteurs/actrices de l'histoire.
Quel premier bilan pouvez-vous tirer de cette initiative?A la moitié du semestre, il m'est possible de tirer un premier bilan de cette expérience, même si nous mènerons une évaluation du cours plus formelle en janvier à l'occasion de la visite en France de Kathi Kern et de Kate Black, qui est l'archiviste en charge du fond Linda Neville à l'Université du Kentucky. Cette évaluation est importante pour nous, car nous souhaiterions continuer l'expérience. De plus, le cours est le premier qui a lieu dans le cadre du programme Global Connections Initiative, et nos collègues américain-e-s attendent que nous fassions une évaluation qui les aidera dans la mise en place de leurs enseignements.
Tout d'abord, l'aide et le soutien d
'Olivier Poursac - Responsable de la visioconférence et du webcast - ont été déterminants pour la mise en place de ce cours. Il a trouvé des solutions à chaque problème qui se posait tout en faisant des propositions visant à améliorer le cours. L'une des difficultés était pour moi de garder une ambiance de classe malgré la place importante de la technologie. J'avais peur que les étudiant-e-s, mais aussi moi, nous sentions intimidé-e-s par les caméras, les micros... Passé l'effet de surprise, j'ai trouvé que nous nous étions rapidement adapté-e-s à ce format inédit avec l'aide d'Olivier.
Une autre contrainte est celle du temps. Nous avons placé nos cours au même moment - en tenant compte du décalage horaire - mais nous nous sommes également aperçues que la gestion du temps était extrêmement importante. Pas question de faire attendre l'autre classe au moment de la connexion...
Enfin, il a fallu discuter avec les étudiant-e-s pour les suivre dans leur travail avec les étudiant-e-s américain-e-s. Le travail de groupe suppose une plus grande organisation qu'un travail individuel, de surcroît quand il a lieu des deux côtés de l'Atlantique.
Trois étudiantes nous font partager leurs premières impressions sur cette initiative :