Le projet RaProChe cherche à créer des liens entre le milieu de la petite enfance (établissements d'accueil du jeune enfant) et celui de la recherche en acquisition du langage.
Il part d’un double constat : d’une part, les professionnel·les de l’enfance expriment des besoins quant à l’acquisition de connaissances actualisées et d’outils sur le langage des enfants entre 0 et 3 ans. Ces réflexions font fréquemment l’objet de discussions entre professionnel·les et chercheur·es s’impliquant sur le terrain dans le cadre d’actions-formations (comme « Facilitateurs de langage » et « Parler ça s’apprend ! », développées par l’association AsFoReL et dans lesquelles des membres du projet sont engagées). D’autre part, pour les chercheur·es s’inscrivant dans une approche interactionniste de l’acquisition du langage, il est fondamental d’observer et d’analyser sa mise en fonctionnement dans des situations naturelles et variées, afin de rendre compte, non seulement, du développement langagier avant l’entrée à l’école, mais aussi de l’étayage des adultes dans les interactions avec les enfants accueillis.
Une recherche-action-formation représente donc la meilleure façon de réunir ces différents souhaits et de faire travailler de façon collaborative professionnel·les et chercheur·es dans une direction commune. Notre démarche cherche à inscrire la recherche dans une perspective de transferts de connaissances et de compétences vers la pratique et vice-versa. Nous nous situons donc à la fois dans une approche interactionniste de l’acquisition (Bruner, 1983, 1987 ; Clark, 2010 ; de Weck & Salazar Orvig, 2019 ; François, 1993 ; Lentin, 1998/2009 ; Veneziano, 2014) et dans le cadre d’études à la croisée de l’analyse des pratiques professionnelles et des sciences du langage (Filliettaz et al., 2012).
Le projet s’articule autour des axes suivants :
- recueillir des données en situation réelle (interactions professionnel·les/enfants dans des situations d’activités quotidiennes) ;
- analyser les conduites d’étayage des adultes au sein des interactions (description des modalités et de leurs effets sur le développement des composantes du langage) ;
- développer et transmettre des outils élaborés avec les professionnel·les en fonction de leurs besoins ;
- affiner les connaissances scientifiques sur le langage des enfants de 0 à 3 ans et sur les effets de l’étayage.
Méthodologie
Phase 1 : Observation des pratiques et analyse Au cours de l’année 2019/2020, les membres du projet se rendront trois fois par an dans les établissements pour observer les professionnel·les avec les enfants. Les données seront ensuite transcrites et étudiées à l’aide de logiciels conçus pour la recherche (ex. CLAN ; MacWhinney, 2000) mais des versions simplifiées des transcriptions seront présentées aux équipes. L’enregistrement et la transcription des données recueillies sont nécessaires car ils constituent la base d’une possible transformation des pratiques, par la mesure des écarts entre les objectifs visés et les pratiques langagières effectivement réalisées.
Les analyses comporteront deux volets. Dans le premier, nous examinerons comment les composantes langagières se développent dans les interactions entre les professionnel·les et les enfants afin de dégager les types de modalités d’interaction. Dans le deuxième volet, des analyses multi-niveaux seront menées afin de mettre en lumière l’imbrication des différents niveaux dans les interactions.
Phase 2 : Retours aux équipes et transmission d’outils Dans chaque structure, trois retours seront effectués pendant la durée du projet à partir d’illustrations provenant des données, anonymisées. A l’issue de ces retours, et en fonction des besoins exprimés par les professionnel·les, des outils conçus par les membres du projet seront présentés en vue d’être réutilisés par les équipes : fiches outils sur les niveaux langagiers, grilles d’analyse des interactions, guides d’accompagnement des professionnels et d’implication des parents, etc.
Ces outils ainsi que les échanges entre professionnel·les et chercheur·es sur les transcriptions présentées permettront la « conscientisation » des pratiques que nous visons dans cette recherche-action-formation.
Phase 3 : Comparaison des données avant et après le retour sur pratiques Afin de mesurer les apports de cette recherche sur les pratiques professionnelles, les membres du projet reviendront recueillir des données sur les mêmes situations et interroger les professionnel·les sur les apports du projet.
Chronologie sur l'année 2019/2020