ED 267 >> Formation Doctorale

ED267 2023/2024 Chaire Roger Odin

Responsable : Jean-Pierre Bertin-Maghit

Séminaire en bimodal

Le mardi de 16h à 18h
Salle Fabri de Peiresc
INHA - 2 rue Vivienne 75002 Paris
 
Vous devez inscrire au préalable à partir de janvier 2024 auprès de l'enseignant responsable: jp.bertin-maghit@wanadoo.fr  pour recevoir le lien .

Séminaires du professeur Heui-Tae Park 23 et 30 janvier et 6 février 2024

 Professeur associé au sein du Département Sciences humaines (Français) de la SungKyunKwan University à Séoul et directeur du Centre des études francophones, Heui-Tae Park est vice-président de l’Association coréenne des études québécoises (ACEQ) et membre du comité international de la revue CinèMas. Après un Doctorat en études cinématographiques à l’Université Paul Valéry – Montpellier III, ses recherches portent sur la relation entre réalité et cinéma, suivant trois axes en particulier : le réalisme dans le cinéma coréen (Hong Sangsoo, Lee Changdong, etc.), le film documentaire (y compris les documentaires francophones) et le film d’archives (les archives filmiques de la Guerre de Corée). Il est l’auteur de nombreux ouvrages et contributions sur le documentaire, les archives, le cinéma francophones et l’esthétique du cinéma, ainsi que de divers articles parus dans, entre autres, Positif, Mise au point, Cineforum (Italie) et Revue japonaise des études québécoises. Il a notamment codirigé le deuxième volume des Variations Hong Sang-soo (De l’incidence éditeur, 2020). Il a en outre organisé plusieurs manifestations scientifiques et conférences réunissant des chercheurs coréens et français, dont deux colloques, « Regard croisés sur les cinémas coréens et français » en 2015 et « Les Archives audiovisuelles et l’historien. Expériences et méthodologies » en 2016.

 Des films quelque part entre le cinéma et la réalité 

Hong Sangsoo et Lee Changdong sont deux des principaux cinéastes représentant le réalisme du cinéma coréen. Dans ces deux premières conférences d’un diptyque intitulé « Deux réalismes du cinéma coréen : Hong Sangsoo et Lee Changdong », nous analyserons la manière dont ces deux grands réalisateurs sud-coréens abordent le réalisme et révélerons les points de divergence entre eux.
 

Séminaire 1 : Mardi 23 janvier 2024  exceptionnellement salle Athéna à la Maison de la Recherche. Séminaire de 14h à 18h avec un hommage à Roger Odin.)

Stratégie d’approche de la réalité chez Hong Sangsoo

 Hong Sang-soo est un réalisateur qui n’a cessé d’expérimenter depuis ses débuts tout en accélérant de façon étonnante son rythme de création. S’inspirant à sa manière des traditions européennes du cinématographe, Hong semble chercher une réponse à la question « qu’est-ce que le cinéma ? » en expérimentant dans chaque film la plupart des éléments constitutifs de cet art. Il le fait non pas de manière classique, considérant que ce qui est montré est la réalité, mais selon une approche moderne interrogeant la façon dont le cinéma aborde cette réalité. Dans cette conférence, nous examinerons tout d’abord la stratégie d’approche de la réalité qu’il a employée dans les premières périodes de sa création, comme étape préalable pour mieux comprendre ses réalisations ultérieures. Nous regarderons ensuite ses métrages récents, dont le rythme de production s’accélère de plus en plus (jusqu’à atteindre deux films par an), pour voir à travers quels éléments cinématographiques s’exprime désormais son exploration de la réalité. Cette approche nous permettra de saisir la direction prise actuellement par son processus créatif.

 

Séminaire 2 : Mardi 30 janvier 2024

De raconter une histoire à montrer la réalité chez Lee Changdong

Lee Changdong représente, avec Hong Sangsoo, le réalisme du cinéma coréen. Cependant, bien qu’il cherche à créer des films avec les mêmes objectifs que Hong, il se trouve en quelque sorte à l’antipode du cinéma de ce dernier. Écrivain talentueux et prometteur, il a finalement choisi le cinéma comme moyen d’apporter une contribution sociale, en montrant explicitement ses choix politiques et en mettant l’accent sur la justice sociale dans ses films. Tandis que Hong expérimente avec des éléments cinématographiques dans chacun de ses films, Lee choisit un thème lié aux problématiques de la société coréenne pour chacun de ses métrages et l’explore. Il fait preuve de réalisme en creusant des problèmes particuliers, propres à la Corée, alors que Hong aborde un réalisme universel. Dans cette conférence, nous examinerons les œuvres de Lee Changdong et un certain style coréen de réalisme que ce perfectionniste, qui n’a réalisé que six longs-métrages en 25 ans, poursuit à travers elles. Ce sera l’occasion de suivre sa trajectoire créative, de son premier à son dernier film, Burning.


Séminaire 3 : Mardi 6 février 2024

Essai sur le « para-documentaire »

Cette troisième conférence se penchera sur le documentaire fictif dont on peut relever plusieurs occurrences depuis 2000. Bien que ces documentaires puissent être largement qualifiés de documentaires de fiction, ce qu’ils sont en effet, il nous semble que les désigner ainsi ne rend pas justice à ce que certains proposent réellement. C’est pourquoi je voudrais introduire un nouveau terme, celui de « para-documentaire », et identifier un certain nombre de caractéristiques associées. Ainsi, cette conférence se penchera sur la forme particulière de films de fiction ayant pour objectif de dépasser le documentaire afin d’approcher de la réalité, et qui précèdent, à l’heure des discours sur le postmodernisme, une autre forme de métrages appelée faux-documentaires (en anglais « mockumentary » ou « prankumentary »). Notre analyse se concentrera sur les particularités formelles de ce type d’œuvres fictives qui partent de la notion du docu-fiction mais se distinguent franchement de celui-ci par bien des points. 


Séminaires du professeur  Mateus Araùjo  13, 20 et 27 février 2024

Mateus Araújo est professeur de théorie et d'histoire du cinéma à l’Université de São Paulo (USP), Brésil. où il dirige le PPGMPA (Programa de Pós-Graduação em Meios e Processos Audiovisuais). Docteur en philosophie à l'Univ. de Paris I (Panthéon-Sorbonne), avec une Thèse de 2006 sur Le problème de l’imagination chez Descartes, il a conjugué au fil des ans sa formation et son exercice philosophiques avec des activités et des travaux dans le domaine de l'histoire, de la théorie et de la critique cinématographique. Ses recherches récentes se concentrent sur l'univers du cinéma comparé. Il a dirigé ou co-dirigé les livres Glauber Rocha / Nelson Rodrigues (Magic Cinéma, 2005), Jean Rouch 2009: Retrospectivas e Colóquios no Brasil (Balafon, 2010), Straub-Huillet (CCBB, 2012), Charles Chaplin (Fundação Clóvis Salgado, 2012), Jacques Rivette (CCBB, 2013), Godard inteiro ou o mundo em pedaços (CCBB, 2015), O cinema interior de Philippe Garrel (CCBB, 2018), Glauber Rocha: crítica esparsa (Fundação Clóvis Salgado, 2019) e Glauber Rocha: O Nascimento dos deuses (Fundação Clóvis Salgado, 2019). Il a publié des articles dans Film Quarterly, Cahiers du Cinéma, Novos Estudos Cebrap, Clássica, Kriterion, Devires, Eco-pós, Cinemais, La Fúria Umana, Aniki, Doc-Online, Ars, Literatura e Sociedade, Estudos Kantianos etc. Il a traduit Glauber Rocha en français (Le Siècle du Cinéma, Yellow Now, 2006), et une série d'auteurs français en portugais. 

Cinéma et philosophie : interpellations réciproques

Ce court cycle de conférences pour la Chaire Roger Odin de 2023/24 propose trois exercices, assez variés, d’interpellation réciproque entre le cinema et la philosophie, prenant le soin de ne pas réduire les films à des simples exemples pour le raisonement philosophique, ni de réduire la philosophie à un simple discours de légitimation externe et surplombant de l’analyse ou de la critique cinématographiques. Il s’agira plutôt d’établir des confrontations entre ces deux univers de connaissance, en pariant sur la fécondité et le pouvoir de révélation d’un dialogue non-hiérarchique entre eux. Nous nous pencherons sur des questions soulevées par la convocation d’un philosophe canonique (Descartes) par un cinéaste également canonique (Godard); sur le défi posé par la théorie de la connaissance presente dans des films et des textes d’un éminent cinéaste expérimental (Stan Brakhage) à l’un des modèles philosophiques fondamentaux de la connaissance présent chez Kant; sur les silences de deux philosophes majeurs du XXème siècle (Theodor Adorno et Gilles Deleuze) à l’égard de l’essai filmique, sur lequel leurs approches du cinéma leur plaçaient stratégiquement.

 

Séminaire 1 : mardi 13 février 2024

Jean-Luc Godard contre René Descartes : polémique revendiquée et convergence insoupçonée

La conférence examinera la façon dont Godard convoque Descartes dans certains de ses films pour en faire son ennemi philosophique (La Chinoise), ou pour extraire de ses formules philosophiques, comme celle du Cogito – reprise ou deformée –, matières ou outils de pensée (Letter to Jane, Histoire(s) du Cinéma 1B, Dans le noir du temps, Vrai Faux Passeport). Dans ce parcours, il s’agira d’examiner aussi comment Godard, tout en confrontant ou émulant Descartes, finit par confirmer, dans la forme même de son cinema, des thèses de fond de la philosophie cartésienne, comme celles selon lesquelles 1) notre connaissance du monde doit passer par l’inspection des réprésentations que nous en produisons, et 2) notre entendement peut agir et intervenir au sein du flux des activités et des réprésentations de notre imagination et de nos sens, pour connaître les choses. 

 

Séminaire 2 : mardi 20 février 2024

Brakhage, Kant et l’oeil “non-éduqué” : interpellations réciproques

En partant de la métaphore de "l'œil non-éduqué" [untutored eye], centrale dans la poétique de Stan Brakhage depuis la fin des années 1950, bien qu'apparemment étrangère à la théorie de la perception présente dans la Critique de la raison pure (Kant), nous reviendrons sur le prologue de Dog Star Man (1961) et sur le manifeste du cinéaste "Metaphors of Vision" (1963), pour réexaminer son pari sur une connaissance non-conceptuelle du monde et le confronter à la position kantienne, telle qu'elle est disputée dans le débat contemporain par ses interprètes conceptualistes et non-conceptualistes. Si, d'une part, la situation d'une appréhension non conceptuelle des phénomènes du monde physique (qui semble être à l'horizon des recherches esthétiques du cinéaste) semble autorisée par une lecture ou un déploiement non conceptualiste de la théorie kantienne de la perception, d'autre part, la postulation romantique du cinéaste selon laquelle cette appréhension fournirait une forme de connaissance plus authentique et plus complète (et non moins) de notre champ d'expériences semble inéluctablement défier les présupposés du philosophe.



Séminaire 3 : mardi 27 février 2024

Theodor Adorno, Gilles Deleuze et l’essai filmique : retour sur deux silences

En se situant entre la philosophie et l’histoire des formes filmiques, la conférence revient sur deux curieux silences, celui de Theodor Adorno dans son article “Transparences du film” (1966), et celui de Gilles Deleuze dans son diptyque sur le cinema, L'image-mouvement (1983) et L'image-temps (1985), à l'égard de l'essai cinématographique, qu'ils seraient stratégiquement placés pour discuter, le premier pour avoir publié en 1958 un texte très aigu sur l'essai comme forme, le second pour avoir considéré le cinéma comme une forme de pensée. Dans le texte de 1966, écrit en interlocution avec Alexander Kluge, Adorno aborde le cinéma avec des paramètres proches de ceux qu'il utilisait dix ans plus tôt pour caractériser l'essai. Ne parvenant pas pour autant à relier les deux discussions, il n'admet pas la possibilité d'une forme essayiste dans le cinéma, ni ne se rend compte qu'elle existait déjà. Quant à Deleuze, dont le dyptique cherchait, entre autres, à comprendre le cinéma comme forme de pensée, il est étrange d'ignorer précisément, en 1985, la tradition de l'essai cinématographique, dont le programme assumé était justement de se structurer comme une pensée par images et sons.

 

 

 


Séminaires du professeure Viktoriia Vasileva 5, 12 et 19 mars 2024

Viktoriia Vasileva enseigne depuis la rentrée universitaire 2023-2024 à l’institut de linguistique appliquée, département des Etudes russes de l’université de Varsovie. De 2013 à 2023, elle était maître de conférence à l’université nationale de recherche « Ecole supérieure d’économie »  de Moscou. De 2005 à 2023, elle dirigeait le département « Culture d’écran et des technologies nouvelles de la communication » à l’Institut Russe de la recherche culturelle de Moscou. De 2006 à 2013, elle était maître de conférences à la chaire des documents et des archives audiovisuels de l'Université d'État des sciences humaines de Russie de Moscou.

Ses domaines de recherche sont culture audiovisuelle, théorie et histoire des médias, anthropologie audiovisuelle, média et mémoire, histoire des sciences humaines en URSS.

Publications les plus récentes : Vasilieva V.O., Trushkina E.Yu. Ethnographic Film in the Late USSR: Articulation of Issue // Historical Courier, 2022, No. 5 (25), pp. 72–91. [Available online: http://istkurier.ru/data/2022/ISTKURIER-2022-5-06.pdf].

L'atlas cinématographique de l'empire : géographie, ethnographie et identité dans le film documentaire et ethnographique soviétique

L'objectif du cycle de conférences est d'analyser les films documentaires et ethnographiques soviétiques comme le reflet des politiques culturelles et nationales mises en œuvre par l'URSS dans les années 1920-1980, qui ont eu un impact direct sur les relations entre les pays post-soviétiques après 1991. Nous interprétons « le soviétique » comme l'identité politique qui aurait dû être incommensurable supérieure à toutes les identités ethniques, nationales et régionales. Les stéréotypes mutuels actuels, l'intolérance, les conflits ethnoculturels et nationaux dérivent notamment de l'histoire soviétique et doivent être étudiés sous le prisme de leur nature et du contexte de leur apparition initiale. Dans le cadre des conférences, nous examinons le phénomène du film documentaire et ethnographique qui a été la pratique culturelle la plus importante dans le cadre de la politique nationale mise en œuvre à différentes périodes de l'histoire de l'URSS.

 

Séminaire 1 : Mardi 5 mars 2024

Programme d'État pour la colonisation des regions: l'almanac scientifique cinématographique « L'Atlas Cinématographique de l'URSS » (les années 1920-1930)

La population de l'Union soviétique s’était caractérisée par sa diversité ethnique et religieuse. Les différences ethniques et nationales au sein de l'URSS ont été institutionnalisées : le principe du fédéralisme ethnique, qui a été mis en œuvre en URSS, supposait que chaque nation devait avoir son propre territoire avec ses propres institutions publiques. L'almanach scientifique cinématographique « L'Atlas Cinématographique de l'URSS » (les années 1920-1930) était une série unique de documentaires, qui contribuait à la construction politique des images de nouveaux territoires. Il y avait des films « Birobidjan » (1934), parallèlement à l'éducation administrative de la région autonome juive,     « Le pays de Nakhcho (Tchétchénie) » (1929), qui montre les traditions de la communauté ethnique tchétchène et leur transformation sous le socialisme, ainsi que bien d'autres.

 

Séminaire 2 : Mardi 12 mars 2024 

Le phénomène de la ciné-périodiques : les ciné-revues soviétiques des années 1950-1980.

La ciné-revue était un court métrage, qui représentait généralement une chronique des événements récents et qui se présentait avant la projection d'un long métrage au cinéma. Outre les ciné-revues thématiques (parmi lesquelles il y avaient des « Sport soviétique », « Nouvelles de l'agriculture », « Nouvelles du jour », « Film d’actualité étranger »), il y avait des films régionaux, qui ont été diffusés quelques fois par mois sur les écrans du pays : « Kazakhstan soviétique », « Sibérie d’Est », « Ural soviétique », « Caucase du Nord », « Á travers Don et Kuban », « L'Extrême-Orient », « L'Ukraine soviétique » et bien d'autres. Les images cinématographiques des régions comportaient de moins en moins un élément d'exotisme de leurs habitants, et en même temps, l'importance des sujets d’écran qui démontraient le potentiel de colonisation de la société soviétique a considérablement augmenté. 



Séminaire 3 : mardi 19 mars 2024

Le film ethnographique symptôme d’une culture intellectuelle tardive en URSS

Le film ethnographique (folklorique) en URSS des années 1960-1980 est un phénomène complexe de la culture intellectuelle, et il n'est pas facile de l'identifier, de déterminer ses frontières et sa place parmi des pratiques académiques et des pratiques des communautés plus larges d'amateurs de films et de spectateurs. Ce film, en se trouvant au-delà du courant majeur politique et académique, a été créé par des ethnographes, des ethnomusicologues et des folkloristes à l'initiative individuelle, à l'aide, souvent de manière semi-officielle, d'un réseau d'interactions interpersonnelles et interinstitutionnelles. Ce type de film témoigne non seulement de changements profonds dans le domaine académique, mais aussi de l'intérêt public (et parfois politique) pour le folklore, les « racines » ethniques, les formes vivantes de la culture traditionnelle, qui a était comprise diversement. 


mise à jour le 22 janvier 2024


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