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Allemand/Etudes germaniques

Sixième sens et quatrième dimension : sensorialités, arts et esthétiques - Séminaire 2024-2025

Responsable(s)

Objectifs

Présentation du séminaire

Les arts contemporains expérimentent de nouvelles associations et hiérarchies entre les cinq sens (l’odorat par exemple acquiert un nouveau statut), créent des synesthésies, reconfigurent et redéfinissent la relation de l’œuvre à l’espace et au temps. Que ce soit dans le cadre de scénographies muséales, d’expositions ou de représentations théâtrales, les performances et les dispositifs immersifs ou participatifs vont de pair avec une implication corporelle et perceptuelle du spectateur : celui-ci ne se tient plus dans une contemplation distanciée mais se trouve environné par l’œuvre, dont il fait l’expérience de manière en apparence immédiate. Pour l’esthétique, longtemps conçue comme une théorie du jugement, il s’agit dès lors de sortir du paradigme de la réception et de penser à nouveaux frais une agentivité des œuvres d’art, que ce soit autour de la matérialité, ou de la « Bildwissenschaft » (science de l’image), qui a connu un fort impact en Allemagne, ou encore par le biais de notions comme l’atmosphère, la présence, la soma-esthétique, voire à travers certaines réflexions actuelles sur la contemplation comme un regard articulant voir et savoir entre art et religion.

Le rôle de la sensorialité et du corps humain dans les arts et l’esthétique invite à considérer des territoires autres, une sorte de « quatrième dimension » et/ou de « sixième sens ». Ceci devient possible notamment grâce à une mise en perspective historique en remettant à l’honneur le paradigme sensoriel qui est à l’origine de l’esthétique allemande dans l’Aesthetica d’Alexander Gottlieb Baumgarten en 1750/58. Ce paradigme esthétique a été souvent occulté dans les récits de la fondation de cette discipline qui n’y voyaient qu’une préfiguration imparfaite de l’esthétique kantienne. Or, le retour à ses origines historiques montre que, depuis le début, l’enjeu est double : il s’agit de réinventer l’art, mais aussi la sensibilité, et donc l’homme entier.

            Spécialistes de l’histoire de l’esthétique, de la science de l’art et de l’anthropologie, du théâtre et des études visuelles, des questions religieuses dans l’aire germanophone, nous proposons donc dans ce séminaire, d’une part, de réinterpréter la tradition esthétique allemande afin de mettre en évidence les articulations qu’elle convoque entre corps, matières et médias, et, d’autre part, d’historiciser de la sorte les évolutions contemporaines, tout en explorant et en analysant ces dernières. Notre séminaire souhaite par conséquent s’ouvrir à d’autres espaces, arts et esthétiques, tout en s’ancrant dans l’aire culturelle germanophone, étant donné l’importance historique de la pensée esthétique allemande.

Des chercheurs et éventuellement des artistes de différentes disciplines et de divers horizons interviendront dans le cadre des cinq séances prévues pour 2024-2025 (à chaque fois le vendredi de 14H30 à 16H30. Chaque séance se déroulera en deux temps : lors de la première partie, l’invité (voire deux invités) présentera ses recherches en cours ou bien un ouvrage déjà publié ou encore un extrait de texte théorique/un extrait d’œuvre (précédemment communiqué à l’ensemble des participants du séminaire) ; une discussion commune s’ensuivra lors de la deuxième partie de la séance.

Horaires

Programme des séances du séminaire en 2024-2025 :

[PDF - 620 Ko]
Le programme du séminaire sera prochainement téléchargeable ici.

Après s’être attaché lors des années passées aux relations entre les sens et aux synesthésies, puis à la notion d’atmosphère, notre séminaire se consacrera en 2024-2025 à la question de l’empathie. Envisager l’esthétique non pas (ou en tout cas pas seulement) comme une théorie du jugement mais (aussi) d’abord comme un type de connaissance reposant sur les sens nous conduit à explorer les effets de résonance et les modalités de relation s’instaurant entre ce qui perçoit et ce qui est perçu, et donc à dépasser la dichotomie entre sujet et objet. L’expérience empathique, qui consiste à « se mettre à la place » d’une altérité, serait alors envisagée de manière plus large : comme le note Andrea Pinotti, au lieu d’être réduite « à une exclusivité interrelationnelle entre sujets », elle s’ouvrirait « à notre rapport aux objets, [voire] aux rapports que les objets entretiennent entre eux »[1]. Dans le cadre du séminaire de cette année, nous nous proposons, d’une part, de revenir sur l’histoire de la notion d’empathie dans l’espace germanophone, et notamment sur le rôle joué, à la fin du XIXème et au début du XXème siècle, par les théories de l’Einfühlung élaborées en grande partie en lien avec l’expérience de l’œuvre d’art. D’autre part, nous souhaiterions nous pencher sur la fortune et la portée actuelle de ce concept d’empathie au sein des humanités environnementales, qui nous conduisent, en particulier par le biais d’expérimentations artistiques, à interroger notre rapport à l’environnement en réévaluant notre relation sensible à ce dernier.



[1] Andrea Pinotti, L’empathie – Histoire d’une idée de Platon au posthumain, traduit de l’italien par Sophie Burdet, Paris, Vrin, 2016 [2011], p. 14.

mise à jour le 23 juillet 2024


Renseignements :

CEREG - Centre d'Etudes et de Recherches sur l'Espace Germanophone - EA 4223
Université Sorbonne Nouvelle

MAISON DE LA RECHERCHE

Bureau A207

4, rue des irlandais

75005 PARIS

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