Présentation
Responsable : Anna GHIMENTON
Partenaires : Frédérique ATAGANA, Pauline BEAUPOIL, Giovanni DEPAU, Christine DA SILVA, Marine Le MENE, Sophia STRATILAKI.
Fédérant les approches psycholinguistiques et sociolinguistiques, cette recherche est centrée sur les pratiques langagières déclarées et effectives auprès de quatre familles d’immigrants italiens installés en France. Le but du projet est d’examiner les processus de socialisation des adultes et des enfants, à savoir la façon dont ces individus issus de l’immigration se socialisent à travers le langage et comment ils acquièrent les normes sociales liées à l’emploi de leurs langues. Nous observerons les usages intergénérationnels issus de deux vagues de l’immigration italienne : la première qui eut lieu dans les années 1960 / 1970 et la deuxième – plus récente – se produisant dans les années 2000. Entre ces deux vagues, le paysage sociolinguistique italien a évolué d’une situation caractérisée par la proéminence des dialectes face à l’italien à une situation dans laquelle l’italien s’est affirmé progressivement dans la sphère familiale, qui était précédemment réservée à l’emploi quasi exclusif du dialecte. Le recueil de données auprès des quatre familles se fera en deux temps. Premièrement, nous filmerons des interactions lors de dîners familiaux. Nous porterons une attention particulière sur la façon dont les interlocuteurs utilisent leurs langues à des fins pragmatiques. De cette manière, nous pourrons examiner les différentes fonctions remplies par les pratiques plurilingues. Deuxièmement, les membres des familles enregistrées seront interviewés afin d’élaborer une base de données constituée d’ethnotextes regroupant différents récits portant sur la mobilité, la socialisation et l’éducation. Les contenus des entretiens seront analysés de manière plus détaillée afin de mieux comprendre la place et le rôle de la famille élargie dans la transmission des langues familiales.
Les résultats issus de l’analyse des dîners et des entretiens permettront d’apporter des éléments de réflexion sur deux points jusque là inexplorés : 1) l’influence de la situation sociolinguistique du pays d’origine sur les modalités de transmission des langues et 2) les caractéristiques sociolinguistiques sous-tendant les processus acquisitionnels de l’enfant issu de l’immigration.
Cette recherche, bien qu’exploratoire, permettra de cibler les contextes d’interaction et les variables sociales à prendre en compte dans le cadre d’un projet plus vaste.