Plus précisément, on s’intéressera à l’analyse de la conscience linguistique que les auteurs médiévaux et prémodernes pouvaient avoir de leur langue, à une époque où une réflexion explicite sur les langues ‘vulgaires’ n’existait pas. Certaines variantes isolées et surtout certaines corrections systématiques suggèrent que ces auteurs pouvaient déjà être attentifs à des questions d’ordre linguistique. Cette attention peut se situer tant au niveau du lexique qu’au niveau de la morphologie et de la syntaxe, la structure de l’énoncé elle-même pouvant être touchée par les remaniements.

Pour ce qui est des variantes rédactionnelles, elles peuvent fournir des renseignements précieux sur la variation diachronique et sur l’évolution de la langue, car certains remaniements systématiques témoignent d’une volonté de rendre les textes plus abordables pour un public donné, et ils donnent donc des indications sur la langue de ce public.

Ainsi, cette journée plaide-t-elle pour une plus grande complémentarité entre études philologiques et études linguistiques, dans la certitude qu’une attention renouvelée aux textes peut éclairer des aspects encore peu connus ou incertains d’états de langue du passé, aussi bien pour le français que pour d’autres langues romanes. Elle peut aussi apporter des éléments de compréhension de mécanismes d’évolution diachronique que seule une étude fine menée du point de vue des auteurs peut fournir.