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ORALITE ET ECRITURE EN CONTEXTE AUTOCHTONE ORALIDAD Y ESCRITURA ENTRE PUEBLOS ORIGINARIOS: DILEMAS Y LOGROS ORALITY AND LITERACY IN FIRST PEOPLE SETTINGS

le 20 mars 2014

 

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Journée d’étude 


Lieu :
Université Sorbonne nouvelle -Paris 3, ILPGA,
19 rue des Bernardins
Paris 5e (M° Maubert-Mutualité, bus 27, 24, 63, 47)
Salle des MacIntosh, laboratoire de Phonétique et Phonologie (LPP), le matin (9h30-12h30)
Salle Rousselot, l’après-midi (15h-18h)

Organisation : Jean Léo Léonard (IUF & Paris 3, LPP) & Karla Avilés Janiré Gonzalez (LabEx)
 


Présentation :

Lorsqu’une langue de « tradition orale » passe au stade graphique, l’ensemble de sa structure passe par un filtrage catégoriel, sur le plan de la Gestalt, qui en altère ses unités fonctionnelles, depuis la phonologie jusqu’au lexique, en passant par la morphologie. La graphie rend la langue à la fois méconnaissable, pour qui n’est pas habitué à la lire, et reconnaissable entre toutes, lorsque son système graphémique est régulier et élégant – comme c’est le cas de la graphie mazatèque normalisée (ALFALEIM). Pour qui comprend et accepte les termes d’une normativisation (ici, une codification) simple et ergonomique, la langue devient d’autant plus identifiable et reconnaissable. Elle a cependant mué, ou modifié la totalisation de sa Gestalt, à travers le passage à l’écrit : la praxis de l’écriture de la langue littéralisée exige une distanciation de la langue par rapport à la parole, qu’on peut qualifier de transition diamésique (cf. Mioni, 1983 pour une définition de cette notion : diamésique = opérant avec plusieurs média – écrit et oral). Dans d’autres cas de figure, comme le nahuatl, le purisme peut interférer avec la normativisation, et créer un « bruit » insistant qui a des conséquences sur les tentatives de codification ou d’implémentation d’une codification ou d’une standardisation régionale (koinès) pour contrecarrer la substitution sociolinguistique. Autrement dit, les apories de la codification et, partant, de normativisation, par impréparation ou par purisme, compromettent toute normalisation de la relation diglossique (en termes de diglossie de Fishman, mais avec l’espagnol comme langue-toit).

Dans le domaine éducatif, les processus de transition diamésique posent divers problèmes, car les structures et les doctrines de planification des tâches et des objectifs de l’éducation nationale au Mexique ne laissent guère de place à l’expérimentation et à la tolérance envers les ajustements psycho-sociaux sur le terrain, notamment dans les écoles primaires, où le mazatec ou le nahuatl ne servaient jusqu’à ces dernières années qu’à des fins d’alphabétisation sommaire, pour ne plus apprendre à écrire qu’en espagnol une fois les rudiments d’écriture acquis par les enfants (doctrine de l’incorporation, autrement dit de l’assimilation ou acculturation progressive). En ce qui concerne le mazatec, langue otomangue du Mexique (popolocan, otomangue oriental), pour lequel des conventions graphiques existent depuis près de 20 ans, la stagnation du processus de codification est alarmante. Les instituteurs bilingues n’ont toujours pas acquis à ce jour la norme ALFALEIM (Alphabet de la Langue Indigène Mazatèque), notamment par manque de formation sur la structure de leur langue. Or, ce décalage dans l’ajustement diamésique (de l’oralité à l’écriture) finit par devenir un facteur handicapant pour le développement de l’éducation bilingue et interculturelle, voire un facteur contre-productif – au sens où l’entendait Ivan Illich.

Nous tenterons de rendre compte à partir de documents recueillis sur le terrain aussi bien par élicitation (enquêtes dialectales phonologiques et morphologiques), mais surtout, ateliers d’écriture et de formation à la grammaire et à l’analyse phonologique du mazatec, du zapotec et du nahuatl, de la praxis d’une formation à la langue maternelle auprès des instituteurs bilingues dans la région des hautes terres mazatèques, à travers les données réunies dans le cadre de l’opération Elicitations Croisées du Labex EFL (axe 7, EM2, cf. http://axe7.labex-efl.org/em2-description et  http://axe7.labex-efl.org/em2_bilan).

Nous montrerons quel est l’impact d’une telle méthodologie pour la phonologie générale et appliquée, aussi bien du point de vue de la typologie linguistique que de la dialectologie sociale.

D’autres interventions porteront sur des langues autochtones d’Amérique latine, comme le nasa yuwe de Colombie, ou le quechua de Bolivie, l’isolat huave (ombeayiüts), voire sur des situations analogues sur d’autres continents (oudmourte, Fédération de Russie).

Dans tous les cas, le contexte historique et les processus d’émergence dans la longue durée historique seront pris en compte. On tentera une confrontation productive entre la logique interne de la structure de la langue en termes morphophonologiques et la complexité des situations sociohistoriques sur le plan externe. Dans tous les cas, la transition diamésique, de l’oral à l’écrit sera envisagé comme un processus non linéaire (par ex. le mouvement qui va de l’écrit à l’oral également, et les intrications de ces transitions consécutives ou simultanées), en tenant compte des configurations sociolinguistiques s’inscrivant dans l’histoire des populations autochtones d’Amérique et d’ailleurs.

Les langues de travail seront l’espagnol, l’anglais et le français.

 

 

 

 

 

 

 


Type :
Colloque / Journée d'étude

mise à jour le 18 mars 2014


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