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le 11 septembre 2018
Organisation : Antoinette Gimaret (université de Limoges) Anne-Marie Miller-Blaise (université Sorbonne Nouvelle-Paris 3), Nancy Oddo (université Sorbonne Nouvelle-Paris 3)
Contact : Nancy OddoDans la lignée du colloque « Objets nomades » (mars 2017), cette journée d’étude vise à rassembler des spécialistes de différentes disciplines à l’interface de la littérature, de la culture matérielle, de l’histoire culturelle et religieuse, de l’anthropologie et de l’histoire de l’art, pour initier une nouvelle histoire du moi moderne à l’échelle mondiale entre la Renaissance et le XVIIe siècle par le biais d’une étude croisée d’objets et de supports écrits ou visuels. Cette journée se veut l’étape préparatoire au dépôt d’un projet ANR prévu en octobre 2018 : « DOMUS : Objets, écrits et cultures de l’espace domestique dans l’Europe de la première modernité »
Pour initier la réflexion et la collaboration scientifique, cette journée d’étude se propose d’envisager, à partir de différents supports écrits non-fictifs (mémoires, journaux ou livres de famille, correspondances privées, chroniques, manuels de vie pratique, traités de la vie domestique, manuels de civilité, feuilles volantes, méditations dévotes ou livres d’heures, testaments, inventaires après décès et actes notariés, etc.), les objets domestiques
-comme définitoires d’une identité personnelle privée, d’un goût propre à la personne ou d’un rapport réflexif à l’intime
-mais aussi comme marqueurs sociaux, comme éléments d’une mise en scène de soi dans l’espace public.
La maison sera envisagée dans ce cadre comme un lieu privilégié pour interroger les frontières labiles entre public et privé et envisager la façon dont les objets, dans l’espace domestique, révèlent la personnalité de leur propriétaire. Comment, en entrant dans l’espace de la maison privée, l’objet de tous devient objet à soi ? Comment l’individu pense-t-il son espace domestique et parvient-il à élaborer, à travers l’objet, une frontière entre public et privé ? L’objet domestique est-il forcément synonyme d’appropriation personnelle et de concentration sur l’intime, ou peut-il être révélateur d’une perméabilité entre le monde du dehors et le monde du dedans ?
Ce phénomène concerne même les objets de la dévotion privée que leur dimension sacrée pourrait oblitérer, tant le statut de l’objet est modifié au début de la période moderne qui voit le développement des échanges commerciaux globalisés et la privatisation grandissante de ses appropriations. Initialement objet de construction d’une persona sociale (Greenblatt), l’objet domestique semble habiter des lieux de plus en plus retranchés et cachés pour devenir un objet identitaire.
Les objets et artefacts à envisager pour cette journée auront donc en commun leur insertion dans la « domus » et leur présence notable dans des corpus non fictionnels où ils peuvent être des « métaphores épistémologiques » (Eco) de l’intime (ou encore de ce que Furetière appelle la « vie particulière et retirée ») mais aussi des miroirs du moi social ou auctorial. La réflexion pourra convoquer l’histoire de l’art et l’histoire des arts décoratifs pour s’élargir à la représentation de l’objet domestiques dans les scènes d’intérieur ou les portraits, mais aussi dans les journaux et écrits d’artistes. À partir de disciplines différentes (histoire, histoire de l’art, cultural studies et littérature), il s’agira d’envisager plusieurs pistes : le processus d’appropriation des objets domestiques comme fondateur de la représentation de l’intimité à l’âge moderne ; le lien complexe entre l’espace domestique (qui ne recouvre pas forcément celui du privé) et la représentation publique et sociale que l’individu veut donner de lui-même.
mise à jour le 10 septembre 2018