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du 15 janvier 2016 au 16 janvier 2016
La publicité fait aussi partie de ces modèles formels et communicationnels auxquels se ressource volontiers la poésie ; elle offre une gamme de formules et de structures immédiatement identifiables et propres au réinvestissement ludique : de Charles Cros, Tristan Corbière, Jules Laforgue, de la bohème montmartroise, Mac Nab, Germain Nouveau, Jean Richepin à Guillaume Apollinaire, Blaise Cendrars, Léon-Paul Fargue, Michel Leiris, Jean Tardieu ou Raymond Queneau et l’Oulipo, tout un courant de la poésie entre humour fin de siècle, modernité émerveillée, exploration de « l’inconscient culturel » et de la langue, s’engage dans la récupération parodique des formes de la réclame. Celle-ci fournit des matériaux bruts au collage, à la réécriture, noms de marques poétiques déjà chargés d’un contenu fantasmatique, structures superlatives ou aphorismes bien rythmés que leurs structures proches du proverbe inscrivent aisément dans la mémoire collective. Les recherches et les expérimentations sur la composition, la typographie, l’assemblage des textes et des images, engagées au 19e siècle grâce aux innovations techniques de l’imprimerie industrielle, ont également stimulé l’inspiration poétique (la révolution sémiotique du Coup de dés mallarméen) et la création publicitaire. Associant le surréalisme et les audaces graphiques de la publicité contemporaine dans le même élan moderniste, le critique d’art Louis Cheronnet écrivait : « Les Publicitaires, ces techniciens, ces ingénieurs, ces marchands, sont au fond les plus purs poètes de l’imprimerie » (Arts et métiers graphiques, 1937). Affichistes, imprimeurs ont en effet partagé avec certains poètes le goût des dispositifs visuels, de l’art typographique, de la spatialisation des mots. Les vers figurés existent depuis la plus haute antiquité, et leurs avatars modernes, du côté du calligramme et de « l’idéogramme lyrique » (Apollinaire) ont fécondé la création publicitaire. Des petits poèmes aux typoèmes : ces deux journées d’études sont consacrées aux dialogues, aux échanges de pratiques entre gens de lettres, artistes et techniciens publicitaires, à ces alliances, ces interférences ou ces contradictions entre poétique des textes, arts appliqués et univers marchands.
mise à jour le 14 janvier 2016