La littérature médiévale est une littérature du ressassement, de la reprise, de la réécriture. Cet aspect bien connu a récemment fait l'objet d'études nombreuses examinant dans le détail les phénomènes d'intertextualité, de mouvance des textes. C'est dans cette perspective que s'inscrit ce colloque avec toutefois un objectif plus précis: reprendre et préciser la notion d'interpolation, très largement utilisée par la critique, en particulier philologique, mais qui n'a pourtant pas suscité jusqu'à ce jour une réflexion d'ensemble. Qualifier d'interpolation le passage d'un texte est le moyen de l'écarter, de mettre en cause son "authenticité". L'interpolation n'appartient pas en propre au texte original, elle n'a rien à y faire. Liée au rêve toujours vivace de "retrouver la version originale", l'interpolation ne peut être conçue qu'en termes négatifs: elle nuit à l'équilibre de l'ensemble, elle entre en contradition avec le reste du texte, elle est mal cousue et se repère facilement comme telle. Aussi faut-il l'éliminer ou, au mieux, la signaler comme un ajout intempestif. C'est affirmer son caractère secondaire. Or la pratique de l'interpolation est si largement répandue dans la littérature médiévale qu'il est en réalité impossible de la considérer comme un phénomène annexe. Elle est bel et bien au cœur de l'écriture. Les questions abordées seront les suivantes: origine du texte interpolé; modalités d'insertion; La longueur et la proportion de l'interpolation par rapport au texte d'accueil;fonction et effet du texte interpolé. Cette journée est la première d'une série de deux. La seconde journée d'études se tiendra à Liège (université partenaire) le 11 février 2011.