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du 24 janvier 2019 au 26 janvier 2019
Organisation : Joseph Danan et Catherine Naugrette
En savoir davantage : Joseph Danan et Catherine Naugrette
Programmer un colloque au cœur d’un festival, c’est se situer au cœur du théâtre en train de se faire, du théâtre au présent. Mais l’acte théâtral n’est-‐il pas, par définition, un acte au présent ? Il faut bien se rendre à l’évidence : ce présent n’a pas le même sens pour tout le monde, et les rapports que le théâtre entretient avec le présent sont complexes.
Face à Vitez, qui assurait rendre compte du présent lorsqu’il montait des classiques, Vinaver défendait un théâtre de l’aujourd’hui, pour reprendre le titre-‐manifeste de sa première pièce (Aujourd’hui ou les Coréens). Un théâtre sans « détour » est-‐il pour autant possible ? Cette notion de « détour » a été théorisée par Jean-‐Pierre Sarrazac1, qui voit dans les stratégies multiples qu’elle met en jeu une nécessité pour échapper à l’illusion d’une immédiateté, qui serait le propre de la performance lorsque celle-‐ci prétend accomplir un pur geste de présentation du présent, et non de représentation. Mais ce geste est-‐il jamais « pur » ?
Reste que le « présentisme », pour citer François Hartog2, ou encore ce que l’historien Jérôme Baschet appelle « la tyrannie du présent »3, guette aujourd’hui le théâtre, à l’image du monde dans lequel nous vivons. Sa critique est sans doute tout autant nécessaire que l’est la prise en compte du présent, au-‐delà de la tautologie avancée (le théâtre est un acte au présent).
Mais de quel présent s’agit-‐il ? Celui de la scène – de la présence partagée avec un public – ou celui du monde de référence que la scène convoque ou évoque selon le vieux principe de la mimèsis ? Et si l’on admet le recours à la mimèsis, encore faudra-‐t-‐il tenter de définir ce qu’est au juste ce présent qu’elle voudrait refléter. Le présent n’est pas seulement l’actualité, dont les médias nous inondent de leurs flux. N’y a-‐t-‐il pas aussi un présent, qui l’est parce qu’il échappe à l’immédiat : un présent, dirait Nietzsche, intempestif ?
La réflexion s’attachera à mettre en lumière les dispositifs élaborés par les artistes – dispositifs qui peuvent concerner aussi les processus de création – afin de capter, ou de capturer, quelque chose du présent, tel qu’ils l’appréhendent et le conçoivent. Elle essaiera de rendre compte du geste artistique qui préside à leurs créations. Elle se penchera aussi sur la nature et le statut des textes convoqués, sans omettre de s’interroger sur ce qu’une écriture dramatique peut encore faire à la scène actuelle.mise à jour le 18 janvier 2019