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du 12 octobre 2018 au 13 octobre 2018
Alors que les conditions de la réception, ou de ce qui est plus de « l’ordre d’une recréation » (Sapiro, 2012 : 5) de la pensée français sont désormais bien connues, en particulier grâce au livre de François Cusset French Theory, il apparaît que nous sommes passés, depuis les années 1990, à un autre moment de cette réception, et plus précisément à un certain « désengagement des traductions, justifié dans le discours des acteurs par la disparition des « grands auteurs », la spécialisation accrue, le manque d’intérêt du public ». (Sapiro, in Charle et Jeanpierre, 2016 : 805).
S’interroger sur la traduction de la French Theory à l’étranger, et en particulier en langue anglaise, puisque l’anglais s’est imposé comme « la langue » de la communication par excellence, revient également à s’interroger sur cette expression de « pensée française ». Les grandes théories « exportables » telles que le structuralisme ou la déconstruction représentent-elles encore la pensée française du 21ème siècle, et la publication de nouvelles traductions de ces œuvres est-elle une démarche encore pertinente ? Qu’en est-il de l’aura de ces penseurs français tels que Jacques Derrida, Michel Foucault ou Julia Kristeva, dont Cusset dans son ouvrage comparait le rayonnement aux Etats-Unis à celui d’acteurs de western hollywoodien ? Quelles sont donc les nouvelles « stars » de la pensée française sur le marché de la traduction en langue anglaise ?
Il est certain que la traduction des ouvrages de sciences humaines et sociales pâtit de plusieurs facteurs, dont la contrainte économique qui se fait de plus en plus pesante, et entre autres la fragilisation du secteur du livre et l’essor du numérique, qui pourrait cependant s’avérer être une autre alternative. Pourtant, comme le fait remarquer Gisèle Sapiro, depuis 2010 au moins 270 traductions du français en anglais ont paru chez un éditeur américain ou anglais, selon les données réunies par le Bureau Français du livre à New-York. Il y aurait donc encore des raisons de traduire des ouvrages français en langue anglaise, et de pratiquer ce que Barbara Cassin dans son Eloge de la traduction nomme « la gymnastique du ‘entre’ », c’est-à-dire « compliquer l’universel ».
mise à jour le 10 septembre 2018