Depuis une vingtaine d’années, l’enseignement universitaire en France a multiplié les initiatives pour faire entrer parmi ses objets d’études la littérature au présent, non sans provoquer parfois débats et polémiques. Pour autant, les tentatives de prise en compte de la production littéraire immédiate ne sont pas propres à l’époque récente : les histoires de la littérature française régulièrement produites par des universitaires au fil du xxe siècle montrent que dès son origine cette discipline a cherché à prolonger ses efforts de définition, de catégorisation et de périodisation jusqu’à son propre contemporain, dans une démarche largement paradoxale, susceptible de mettre en question et en danger ses instruments d’analyse. S’intéressant à la période la plus récente (années 1990 à aujourd’hui), cette journée a pour ambition d’interroger ce qui se joue depuis quelques décennies en France dans la rencontre entre la littérature au présent et l’institution universitaire, et ainsi de penser les processus de « classicisation » et de « vieillissement » littéraires. On se propose de réfléchir tout à la fois aux modalités concrètes de la rencontre entre la littérature et l’université aujourd’hui (lieux et cadres institutionnels, acteurs et pratiques) et à ses effets tant sur la littérature (reconnaissance et consécration ; production différenciée de la valeur littéraire ; classicisation par le discours critique ; vieillissement des œuvres) que sur l’institution universitaire (conditions de production et de recevabilité du discours universitaire ; transformations des modalités d’enseignement et de transmission des savoirs ; sortie de l’université hors de ses murs, etc.)