En avril 1939, s’ouvre pour l’Espagne une nouvelle page de son histoire, marquée par l’isolement et le totalitarisme. L’exclusion à laquelle la condamne sur le terrain international la dictature l’amène à organiser, dans la péninsule, une entreprise de légitimation des nouvelles institutions. Cette politique, qui prétend contrecarrer l’illégitimité initiale du régime, s’accompagne sur le terrain culturel d’une même volonté de réorganisation de la vie littéraire du pays en accord avec les intérêts idéologiques du régime.
À travers la double perspective de l’histoire littéraire et de l’histoire culturelle, il s’agira ici d’aborder le processus de normalisation orchestré par le régime franquiste au lendemain de la guerre civile. Dans une entreprise de légitimation des nouvelles institutions, la réorganisation de la vie culturelle passe par la création d’un nouvel appareil culturel qui fonctionne à tous les niveaux (production, création, édition…). L’étude des stratégies du régime pour se doter d’une culture propre passe par l’analyse des nouveaux réseaux mis en place, des structures et des productions les plus représentatives de la culture officielle franquiste.