Organisation : Marco Consolini et Marion Chénetier-Alev (ENS)

Présentation :

En France, les premiers journaux entièrement consacrés au théâtre apparaissent dans la seconde moitié du XVIIIe siècle et dès lors la presse qui s’intéresse à l’activité théâtrale connaît un développement spectaculaire, suivant l’essor du champ médiatique et celui du théâtre au sein de la société. La presse va se constituer comme l’une des principales sources d’information sur les acteurs. Maurice Descotes a démontré à quel point la critique dramatique est tributaire de la vie sociale dont l’activité théâtrale est toujours la manifestation, et combien les principes politiques et idéologiques qui l’étayent orientent les analyses et les jugements sur les spectacles. Les discours sur les acteurs n’échappent ni à ces grilles de lecture où s’imbriquent les querelles esthétiques, ni à la subjectivité des perceptions. Néanmoins, à mesure que journaux et revues connaissent une certaine stabilité, que s’institutionnalise l’activité théâtrale, que s’affirment les carrières des critiques et des feuilletonistes autant que celles des comédiens, la presse peut devenir le lieu d’un compagnonnage privilégié avec des acteurs qu’elle suit sur le long terme.

S’inscrivant à la croisée d’une double recherche, sur l’apport de la critique dramatique à la connaissance du jeu de l’acteur d’une part, et, au sein du GRIRT , sur les revues de théâtre d’autre part, ce colloque souhaite ouvrir un chantier de recensement, de dépouillement et d’analyse des fonds de la presse théâtrale de 1750 à 1980, envisagés sous l’angle du travail et du jeu de l’acteur, en France mais aussi en Italie, en Allemagne et en Russie. Quels sont les outils et les notions mis en place par la critique pour décrire/saisir le jeu de l’acteur ? Comment ont-ils évolué ? Quelles théories de la réception du jeu constituent-ils qui feront désormais pendant aux théories du jeu émises par les praticiens ? Existe-t-il des correspondances entre ces deux discours ? Quelle place la presse accorde-t-elle aux propos des acteurs, et quelles relations s’établissent entre les critiques et les comédiens ?