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L’amateurisme dans l’Europe du XVIIIe siècle : pratiques et représentations

du 3 octobre 2014 au 4 octobre 2014

 

Rencontre internationale

Lieux :

Vendredi 3 octobre 2014 : Salle Max Milner, 17 rue de la Sorbonne, Paris 5e
Samedi 4 octobre 2014 : Maison de la Recherche de l’Université Sorbonne Nouvelle, 4 rue des Irlandais, Paris 5e

Colloque organisé par :
Organisée par  Justine de Reyniès et Bénédicte Peslier Peralez
EA 174 - Formes et idées de la Renaissance aux Lumières
avec le soutien de l’ED120
Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3

Contact : Jennifer Ruimi
 


 Descriptif :

Le XVIIIe siècle a souvent été décrit comme l’âge d’or de l’amateur. De cette consécration, le signe le plus visible est la création en France du titre d’« amateur honoraire » à l’Académie royale de peinture et de sculpture, dont la personne du comte de Caylus fut l’un des plus brillants représentants. Dans son abstraction, le terme renvoie moins à une fonction déterminée qu’à un goût pour l’art, lequel recouvre concrètement une configuration d’aptitudes ou de rôles (du collectionneur, du mécène, de l’esthète, du savant, du praticien) : parce qu’il combine ces différents usages du goût, le modèle académique constitue un type idéal et accompli de l’amateur, au point qu’on a pu identifier le déclin de ce modèle à la disparition de cette figure au siècle suivant.

Dépassant ce cadre d’analyse centré sur les beaux-arts et le cas français, on se fondera ici sur une compréhension extensive du terme, qui s’étendra aux domaines artistiques autres que les arts plastiques (théâtre, architecture, musique, arts des jardins, etc.) voire au champ esthétique en général (incluant à ce titre le paysage) et l’on abordera cet objet d’étude dans une perspective comparatiste, ouverte sur les particularités lexicales et sémantiques qui caractérisent sa conceptualisation dans les différentes langues et cultures européennes.  

On s’interrogera sur les antagonismes et les évolutions qui travaillent la définition de l’amateur, au sein d’un champ de forces où s’affrontent des intérêts divergents. Pour être d’institution récente, la figure de l’amateur académique n’en reste pas moins partiellement tributaire des structures et des valeurs propres à cette sociabilité aristocratique au sein de laquelle s’est constituée une tradition du loisir cultivé et qui définit, depuis le XVIIe siècle, le cadre de la pratique de l’amateur des belles-lettres. Or la campagne que les « gens de lettres », Diderot en tête, vont mener contre Caylus et ses confrères à partir du milieu du XVIIIe siècle, contribue à élargir l’horizon de communication dans lequel se déploie l’activité de l’amateur. Dénonçant la restriction du domaine de juridiction en matière esthétique aux relations entre particuliers à l’intérieur de cercles d’initiés, les critiques d’art revendiquent leur rôle « dans la formation d’un espace public et civique du goût » (Charlotte Guichard, Les amateurs d’art à Paris au XVIIIe siècle, 2008). Ils promeuvent une nouvelle vision de l’amateurisme sous l’espèce du critique d’art, qui prétend former le goût général en s’exprimant en tant que personne particulière, sans être un professionnel ni un praticien.

Face à la pluralité de significations selon l’aire culturelle, la discipline ou encore la « scène » de l’activité artistique (qu’elle soit mondaine, académique ou publique), on s’interrogera sur l’existence d’une représentation unifiée de l’« amateur » au XVIIIe siècle. On partira de l’hypothèse selon laquelle l’opposition entre les notions de « société(s) » et de « public » peut éclairer les tensions ou les transformations à l’œuvre dans le discours sur la pratique amateure. A côté de la critique des Salons et des souscriptions, quelles sont les manifestations de la reconfiguration qui s’opère au sein de la notion d’amateurisme au moment où le champ artistique commence à se structurer autour d’un marché et d’une opinion publique ? Comment s’effectue le passage d’une responsabilité institutionnelle vers une responsabilité publique de l’amateur ?

L’espace d’échanges au sein duquel se définit l’activité de l’amateur permettra de mieux comprendre comment se redessine la ligne de partage entre le professionnel et le non professionnel. Les salons littéraires et les cercles mondains offrent à la pratique artistique un cadre de divulgation et une destination qui s’oppose à la logique de la « publication », par laquelle l’auteur, livrant son œuvre à un public anonyme, s’expose à une appréciation supposée impartiale : réunissant des habitués, ils excluent la possibilité d’un jugement esthétique pur et désintéressé. On se demandera dans quelle mesure cette différence participe à la constitution des domaines qui sont respectivement du ressort de l’homme de métier et de l’amateur.


Type :
Colloque / Journée d'étude

mise à jour le 22 septembre 2014


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