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Journalisme & Crises

le 26 janvier 2024
 

Organisation : Sophie Dubec et Camila Moreira Cesar (U. Sorbonne Nouvelle - IRMÉCCEN)

Argumentaire :
Il y a presque dix ans déjà, un rapport produit par la Columbia School of Journalism constatait l’émergence d’un « journalisme post-industriel » qui serait marqué par une importante mutation des relations entre les journalistes, l’institution journalistique et leur écosystème, c’est-à-dire, l’environnement au sein duquel cette activité se déploie et évolue.
Le journalisme est, à l’heure actuelle, en pleine mutation, ses caractéristiques, formats et modes opératoires étant façonnés par l’essor rapide des technologies et l’évolution des modes de production, de diffusion et de consommation des contenus. La plateformisation de l’information en ligne change en profondeur la façon dont les nouvelles sont distribuées et consommées à l’échelle internationale, en ce que le maillage algorithmique reconfigure les rapports entre les organisations médiatiques et leurs publics. Les citoyennes et citoyens assument également un rôle de premier plan au sein de cet environnement mouvant, en ce qu’ils et elles agissent en tant que producteurs et relais de contenus. En parallèle, les conflits idéologiques – notamment liés aux luttes féministes ou encore environnementales – entraînent des transformations touchant tant aux pratiques professionnelles (notamment celles liées à l’objectivité) qu’aux questions entourant l’engagement journalistique. Cela contribue à faire bouger les lignes du champ du dicible et de l’indicible journalistique.

Ces changements ont des effets à la fois structurels et structurants sur le secteur d’activité, ses acteur·ices et leurs pratiques. Ils sont à l’origine des crises multiples et successives auxquelles doit faire face le journalisme contemporain. Une crise financière tout d’abord, étant donné la baisse des revenus publicitaires, la concurrence accrue dans le secteur et la mise en cause du modèle économique des médias. Une crise technique en deuxième lieu, qui a trait aux changements significatifs en termes de méthodes, d’outils et de procédés employés dans la collecte, le traitement et la diffusion des informations, en particulier dans un contexte où l’IA envahit l’industrie médiatique. Une crise de sens et de vérité, avec la mise en cause de l’autorité de l’organisation médiatique en général et du discours journalistique en particulier, ce qui est renforcé par les dysfonctionnements de la communication publique démocratique. Une crise institutionnelle, peut-être même « professionnelle », enfin, liée à la montée de discours critiques sur le journalistique mais aussi aux conflits et reconfigurations de pratiques résultant de l’arrivée de nouvelles problématiques dans les rédactions. S’ajoute à cela une « crise épistémique » qui passe au crible la légitimité même de l’activité journalistique. Alors que la mise en récit de la (complexe) réalité sociale représente l’essence même du journalisme, sa capacité à « raconter » le monde et à lui donner du sens devient un défi majeur dans des sociétés pluralistes qu’abritent des publics de plus en plus diversifiés et éclatés. En mettant l’accent sur ces problématiques diverses, cette Journée d’Études vise à mettre en lumière les transformations voire les reconfigurations du journalisme et de son champ d’action. Plus spécifiquement, il s’agira d’interroger, à partir de différents prismes disciplinaires et méthodologiques, comment les défis qui traversent la société et la démocratie plus largement (désaveu politique, pandémie, guerres, backlashes culturels, processus de plateformisation dans différents mondes sociaux, etc.) affectent l’industrie médiatique en général et le journalisme en particulier, de même que ses acteurs, leurs pratiques et identités professionnelles.


Programme de la Journée d’études

9h30 : Accueil des participant·es
10h : Mot d’introduction des organisatrices

10h30 : Panel 1 – Spécialisations journalistiques en temps de crise
Le correspondant et ses doublures. Le cas des journalistes français à Moscou (2014-2018)
Ivan Chupin (Université de Saint-Quentin-en-Yvelines)

Couvrir et écrire le vraisemblable : les journalistes scientifiques soudain au centre de la production de l’information
Brigitte Sebbah (Université de Toulouse 3 Paul Sabatier)

Professionnel·les et profanes de la vérification de l'information face à la « crise des fake news »
Ysé Vauchez (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

12h : Pause-déjeuner

13h30 : Panel 2 – Informer en contexte de crises sociales et politiques : quellesreconfigurations des pratiques en relation aux luttes féministes et LGBTQIA+ ?

Organisation ordinaire du traitement du genre dans un média de presse écrite nationale : de la rubricarde « famille » à la gender editor ?
Laure Beaulieu (Université Sorbonne Paris-Nord)

Des stratégies individuelles aux mobilisations collectives : les femmes journalistes en sport et en politique
Béatrice Damian-Gaillard, Eugénie Saitta & Sandy Montanola (Université de Rennes 1)

Le traitement journalistique des questions LGBTI, du Pacs aux polémiques sur la transidentité : changements de mentalités, changements de pratiques ?
Hélène Paquet (École des Hautes Études en Sciences Sociales)

15h30 : Pause

16h : Panel 3 – Les transformations de l’écosystème médiatique et leurs impacts sur le journalisme

Réguler la dépendance. Les accords sur les droits voisins entre Alphabet-Meta et la presse française
Nikos Smyrnaios (Université de Toulouse 3 Paul Sabatier)

Journalisme et journalistes : permanence des crises ou adaptations permanentes au lectorat ?
Aurélie Aubert (Université Sorbonne Nouvelle)

Le journalisme en ligne des 20 dernières années : une « crise » d’identité constante ?
Florence Le Cam (Université Libre de Bruxelles) et Fabio Pereira (Université Laval)

17h30 : Conclusion de la Journée d’études
18h : Pot convivial


Type :
Colloque / Journée d'étude
Lieu(x) :
Maison de la Recherche de la Sorbonne Nouvelle (4 rue des Irlandais, 75005 Paris)

mise à jour le 10 janvier 2024


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