PrésentationCette nouvelle exposition de Marilyn Stafford, amie des plus grands photographes de l’époque : Henri Cartier-Bresson et Robert Capa, présentera une série de photographies fascinantes dont les clichés, pris entre 1949 et 1955 dans le Paris d’après guerre, vont être montrés à Paris pour la première fois. Internationalement reconnue pour ses oeuvres, Marilyn, née Gerson, a grandi à Cleveland, Ohio aux Etats-Unis dans les années 1930. En décembre 1948, Marilyn déménage à Paris en passant par New-York. Elle chante temporairement dans un groupe de musique Chez Carrère près des Champs Elysées en 1951 ou elle rencontre Edith Piaf. Entre 1949 et la moitié des années 50 Marilyn sillonne les quartiers parisiens avec son appareil photo.
Ses clichés d’enfants de la Cité Lesage-Bullourde, près de la Place de la Bastille donnent un rare aperçu de la vie quotidienne de ces enfants souvent oubliés et provenant d’un des quartiers les plus pauvres de Paris. Les photographies de ces enfants, dont la rue est le terrain de jeu, rendent compte du quotidien de cette communauté, tombée dans l’oubli. En dialoguant avec eux Marilyn a pu laisser à la postérité une collection d’images retraçant la vie de ce quartier finalement démoli et gentrifié. Ces photographies portent témoignage des conditions de vie des populations immigrées qui, dans les années de l’immédiat après-guerre, occupent le quartier populaire et ouvrier de la Bastille. La Cité Lesage Bullourde est ainsi le lieu – aujourd’hui effacé et oublié – d’un moment de l’histoire sociale de Paris.
Il s’agit d’une occasion offerte à la Sorbonne nouvelle de rendre visibles des images qui revêtent toute une densité historique, humaine et politique. Les photos de Marilyn Stafford font partie de la mémoire de la ville de Paris, dont elles illustrent un pan parfois occulté ou simplement négligé.
Cette exposition présente aussi des photographies prises à Boulogne-Billancourt et de plus d’autres travaux novateurs reliés au monde de la mode. Pour la première fois les modèles sont photographiés dans les rues plutôt que dans un studio, réinvestissant la technique du documentaire social dans la photographie de mode.
Les quelques planches-contacts, négatifs et impressions de cette période qui ont survécu, ont été numérisés et méticuleusement restaurés par Julia Winckler, commissaire de cette exposition -et d’une version antérieure dans la gallerie Pierre-Léon à l’Alliance Française à Toronto en 2017 -ce qui a permis en les agrandissant de révéler de nouveaux détails.
Le matériel d’archives a aussi une existence propre, révélant la méthode de travail de Marilyn, son regard photographique et les choix éditoriaux qu’elle a pu faire en recadrant et en coupant, en marquant au crayon et en agrafant ensemble des planches-contacts et des images individuelles. Ces photographies sont marquées de la patine du temps et contiennent de multiples histoires que l’on devine dans le regard des enfants que Marilyn a photographiés.
Commissaire de l’exposition:Dr.
Julia Winckler, Université de Brighton.