Prendre en considération les émotions au travail est aujourd’hui une démarche incontournable pour saisir les enjeux sociaux et subjectifs du travail et les transformations organisationnelles. Cela importe pour comprendre tant les moteurs et les capacités d’expression de soi recelées par le travail, que la souffrance et les conflits dont c’est la scène. Le concept d’émotion se caractérise notamment par sa double valence, positive et négative, et par son caractère relationnel. Sa portée heuristique est grande ; reste à entreprendre de le renforcer. Non seulement le concept d’émotion oblige à une observation et une écoute fines et outillées de ce qui se passe au travail, mais en plus il incite à une problématisation qui dépasse la conception interne, naturelle et individuelle pour mettre l’accent sur les rapports que les individus tissent avec leur activité, avec les autres (collègues, subordonnés, supérieurs, clients ou publics), avec le monde et ses valeurs, avec eux-mêmes, enfin (de manière incarnée et prenant place au sein d’une histoire singulière).

La manifestation scientifique entend faire un bilan des approches sociologiques des émotions au travail et mener une réflexion qui vise à stabiliser certains apports et à ouvrir de nouvelles problématisations. Le colloque, qui suit un séminaire (janvier-juin 2014), fera se rencontrer des chercheurs de disciplines différentes (sociologie, psychologie, histoire, anthropologie) venus de différents pays (en particulier l’Amérique du Nord où la sociologie des émotions s’est davantage développée, autour notamment des travaux d’Hochschild). Cette synthèse s’avère nécessaire aujourd’hui, tant pour les recherches en cours et à venir, que pour les acteurs des mondes professionnels.