À l’occasion des 40 ans du Centre de Recherche sur la Littérature des Voyages (CRLV), on souhaite poser à nouveaux frais la question du décentrement, au sens des conséquences épistémologiques du regard porté par des voyageurs/euses étranger/ères sur l’Europe. L’une des questions que pose d’emblée cette perspective décentrée est de savoir si la grille d’analyse « postcoloniale » (au sens d’un champ de recherche pouvant s’appliquer aussi à la période pré-coloniale : prise en compte des asymétries, des relations de pouvoir, etc., entre l’Europe et ses « autres ») s’en trouve modifiée, et si oui, de quelle façon : un voyageur/une voyageuse d’un pays colonisé (ou anciennement colonisé, ou simplement non européen) visitant l’Europe porte-t-il/elle un regard spécifique, que celui-ci soit encore empreint d’une asymétrie initiale ou au contraire que celle-ci n’existe pas encore ? Y a-t-il, à une certaine époque, une tentative de renversement des hiérarchies, ou encore une volonté de se dégager du poids de l’Histoire en faisant appel à d’autres paradigmes, par exemple en valorisant les dialogues interculturels ? Quelles nouvelles pratiques et représentations du voyage, quels nouveaux savoirs découlent de ce changement de focale ? mais aussi, peut-être, quelles anciennes « mythologies » des ailleurs (exotisme inversé ?) continuent d’irriguer cette littérature viatique considérée désormais dans une perspective mondialisée ?
Ce colloque pourra aussi permettre de réinterroger la notion géographique d’« ailleurs » en l’ouvrant à d’autres formes d’« altérité », qu’elles se situent ou non dans une perspective intersectionnelle : pensons au croisement possible entre études viatiques et études de genres ou encore à la dimension religieuse, sans doute sous-estimée dans sa diversité.
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