Organisation :
Pascal MouginPrésentation :
Le régime numérique du littéraire – environnements et outils d’écriture en ligne, éditions électroniques et banques de données, approche computationnelle des oeuvres – implique de nouvelles manières de rendre visible le lisible : la spécificité et la plasticité de l’écran affranchissent le texte des formes conventionnelles du livre et de l’imprimé, cependant que la statistique textuelle, la fouille de corpus et le distant reading recourent à des imageries inédites pour la mise en forme dynamique des données.
Ces nouvelles visualités et visualisations du littéraire favorisent par sérendipité des usages et des expériences inédites des contenus : nouvelles pratiques d’écriture, nouveaux modes de lecture et de critique, nouveaux scénarios d’interrogation des oeuvres. Le rôle des interfaces apparaît alors plus décisif que jamais. La réflexion sur leur conception, au moment du « tournant design » que connaît aujourd’hui le champ large des humanités numériques, doit s’appliquer au premier chef la composante littéraire de celles-ci.
Le colloque sera l’occasion d’une approche historique, sémiotique, esthétique et critique – inspirée ici des software studies – des choix visuels observables dans les interfaces et les contenus des sites, environnements et applications dédiés à l’écriture web, à l’édition numérique et à la recherche littéraire.
On verra comment les nouvelles collaborations entre les acteurs concernés – écrivains et artistes de l’écrit numérique, graphistes, concepteurs de sites littéraires, designers, informaticiens et chercheurs – et l’élargissement de leurs compétences respectives redistribuent les fonctions et les responsabilités concernant la dimension visuelle de l’écrit.
On se demandera enfin quels imaginaires, quelles idéologies du texte et de la science du texte, quelles figures de l’auteur et mais aussi quels modes d’argumentation véhiculent les mises en écran de la littérature et les imageries nouvelles de la recherche littéraire.