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Vies de poètes fictifs II

Écrire avec les livres - 2017


Poésie en Mouvement

Louise Papelard

Ce mouvement dynamique m'attache à la vie contemporaine. Ce mouvement original me porte à l'ascension futuriste de la littérature française. Ce mouvement poétique nous créé une philosophie nouvelle de vie.

Ce poète étranger - dont je ne peux être en mesure d'affirmer l'identité à tous - traverse les contours dessinés à la main au travers des dunes de sable du sibyllin paysage rétais.

Le métier de poser un mot sur quelque chose de rare, poète pour ce poète-ci, symbolisait le dressement d'un artifice du langage. Art de la rhétorique ou rêve onirique. Aujourd'hui, cette symbolisation du poète n'en est plus rien.

Mon poète n'aurait plus la conscience à retrouver le bon mot ; le plaisir de partager son jeu poétique ; le courage à ravir oralement et visuellement les auras de son lecteur sensible.

Se dresser en courroux contre les poètes narcissiques ou bien mélancoliques, pour un spectacle, et se sentir coupable : ce poète-ci dont je vous dessine le portrait n'en entend plus rien.

Mon poète semble heureusement théâtral en ses fameuses aspirations. Il entrechoque une toute autre poésie en figure de Mouvement à Molière, à titre d'exemple, au sein de la pièce Le Misanthrope - le classicisme idéal de son personnage protagoniste Alceste confère à ce poète une poésie de théâtre : il la redécouvre, la ressent en d'autres mots, l'habille en de nouveaux mots, lui fait face à la profondeur de sa même racine sémantique.

La poésie d'hier n'est plus, le théâtre la refaçonne aujourd'hui, la nouvelle Poésie à travers ce poète réactualise le nouveau siècle poétique !    -

Comment écrire le mot poétique vrai qu'aucun autre élu poète aurait paradoxalement fait ressentir au travers un mot non aussi certainement poétique ? -

La question est paradoxale : ce poète se veut bien donner un titre seulement au mot poétique en Mouvement.

Le mot poétique : le poète chercheur d'or à la manière semblable d'un Rimbaud à la bouche d'or du poète outrepasse le pas de génie de toute l'Assemblée des poètes du Renouveau.

"Moi, je veux me fâcher et ne veux point entendre" - Mon poète s'identifierait aussi bien à Alceste ici. La réplique ne peut que l'orner de ses plus majestueux, gigantesques, fabuleux mouvements !

C'est le poète de l'air du temps crispant, accablant, réaliste.

"Moi, je veux me fâcher et ne point entendre"

Cette image étrangement point ouverte de ce poète ne figure pas à sa place idéaliste au possible ici. Sa place ne possède d'autres lieux que dans la forme de ses vers classiques ou en prose pour l'encre de sa plume entièrement littéraire.

La plume littéraire de mon artiste n'est pas que le fragment de sa partition poétique, il en autrement bien davantage !

La plume est sensible, orageuse, symbolique.

Humaine ? Il ne peut en être que sensiblement évident, sa plume est le témoignage unique d'une parole sans un véritable retour à l'écoute.

Mon poète veut se fâcher et ne veut point entendre.

"J'ai fait jusques ici profession de l'être et ne veux nulle place en des coeurs corrompus"

La plume ivre de tendresse ou simplement de mélancolie peut-être transperce le regard proprement critique de ses lecteurs.

Celui-ci se dirige jusqu'au noyau de ses papilles littéraires, de ses critiques Humaines ou non-humaines, pour les gourmets lecteurs de Sens.

Les lecteurs du Sens ?

Lecteurs du sens, ou encore Lecteurs des procédés stylistiques, le mot ou bien le dessin qui l'accompagne tantôt dans sa prose tantôt dans le vers classique conduit mon poète à ne prêter attention qu'à l'art poétique en Mouvement.

Le Mouvement échappe au temps. Le mouvement échappe à la critique du lecteur orateur ou récepteur du sens. Le Mouvement échappe au plus commun des vers, à la plus pauvre des proses poétiques.

Le Mouvement est.

Le Mouvement est aujourd'hui Art de poésie.

Mon poète serait impénétrable en son mouvement, sa voyance a ne pas succomber à l'amitié du fourbe, aux résolutions salvatrices d'une nouvelle littérature empreinte de mauvais goût.

La Poésie de ce dernier est tout autre chose que du mauvais goût.

Mon poète entend sa poésie, sublime celle-ci de façon à ce que tous l'écoute, lui ne point l'entendre et se fâcher aux coeurs corrompus.

Poète d'une écoute rêveuse à deux échos.

Son ambiguité poétique ressent réellement le mot, sa mise en abîme de la poésie dans la poésie, le théâtre dans la poésie, le Mouvement à chaque instant, ne font que quantifier son art nouveau de la Poésie sens de la culture, sens de l'Homme, sens de l'intellect littéraire, sens d'un Molière, sens d'une Lysiane Rakotoson, ou bien sens de mon illustre poète inconnu.

Ce dernier remarquable s'est imaginé reprendre une pièce de théâtre Le Misanthrope. Il lui a conféré son âme poétique dans sa plus grande Humanité, culture, et sens. Il en aurait presque oublié son ami Philinte coeur corrompu de poésie.

Mon poète n'entend plus la poésie d'Hier, il n'entend plus également les autres lecteurs de sens ou ceux acteurs en improvisation de ce sens imagé par eux-mêmes. 

Mon poète n'entend plus que sa Poésie en Mouvement.
 

II

Poésie en Haut, Poésie en Bas

"Quelque soit votre place, vous remarquerez qu'aucune ligne ne s'éloigne de vous".

Il est le poète d'un unique lieu dépourvu de toute perspective.

Poète au coeur et éventail de solitude et d'apprivoisement de groupe, l'art est le repère par prédilection de cet Homme.

L'art signifie soit un trompe-l'oeil de la perspective de son artiste poète, soit une réalité de génie à travers sa propre construction.

Ce poète se donne en peinture.

Je ne l'ai jamais aperçu, néanmoins je sais qu'il existe quelque part, là-bas, immensément loin de la perspective des Hommes d'art commun, de poésie banale la poésie basse en d'autres termes.

Poésie Haute ?

Oui, la Poésie Haute sous-entend de façon subtile son titre au travers de l'art que personne n'est en mesure de soupçonner ainsi…

La Poésie Haute pour un tel poète n'est ni du classique ni de la prose, la poésie est l'art poétique en peinture.

Ce poète image sa poésie dans l'étincellement de la structure picturale. Celle-ci est au combien poétique, elle nous donne à voyager, le public culturel ne peut que s'en ressentir merveilleux de culture et d'art et nullement ignorant à travers habituellement un art banal en toute perspective préétablie.

Pas de perspective pour ce poète étranger : le spectateur se confine au sein de cet art impondérable toutefois sans abuser de cette perspective qui rendrait tout art commun ou affreusement banal.

Poète de la Poésie Haute, ce dernier trébuche sur le fauvisme en particulier accompagné toujours par le coeur avec l'impressionnisme.

 

-      Henri Matisse - Vincent Van Gogh - André Derain - Georges Braque - Georges Pierre Seurat   

La Poésie Haute des mots entremêle la Poésie Haute des peintres.

La Révolution poétique, concubine de sa révolution picturale, stimulent toutes deux le goût de notre temps fantasmagorique !

Une exaltation de la couleur pure - la perspective pour le fauvisme - semble à ce poète-ci présente de manière presque énigmatique.

On ne voit pas cette perspective, son pointillisme nous égare sûrement, mais la perspective est ailleurs.

Il ne convient pas pour nous, spectateurs de l'art réel, de pré-sentir cette idée de perspective. Il faut encore une fois la confiner, la rechercher sans vraiment la rechercher, seulement ressentir tout le reste.

Tout le reste est littérature, Lysiane Rakotoson nous aurait pré-préparé à ce problème de perspective dans l'art.

Pourtant mon poète n'est pas Lysiane Rakotoson. Sa poésie est art, un art pure, dénudé de toute attache sentimentale.

Ce poète goûte aux plaisirs savoureux d'une poésie Haute en originalité, une poésie Haute déshabillée des mots concubins à la perspective de l'art, une poésie Haute victuaille de ses mets langagiers et visuels.

 

Cette fois-ci : -  Alfred Sisley - Camille Pissarro - Edgar Degas - Claude Monet  -

Une perspective cette fois-ci intense, immense, créée de toute part pour l'impressionnisme poétique de ce poète.

Une poésie aérienne, danseuse, de justesse extraordinaire et d'espace de fuite.

La poésie de ce poète-ci éloigne la fuite de la perspective.

La poésie offre de découvertes symboliques en art et les mots ; nous donne en une suggestion nouvelle ; la rhétorique du mot indépendant au classique ou pire au banal.

Ce poète n'a de joie que dans les peines de la perspective, il en suggère les critiques et en dépasse les ennuis.

Ce poète est l'art de l'imaginaire, de l'humour vrai, de la poésie magnifique comparable à un bouton d'or.

Ce poète ne peut faire l'objet d'une critique élogieuse -

Ce poète est lui-même la critique.

Critique de Poésie et d'art, voilà son métier de poète.

 

"L'architecte a cherché à annuler toutes les règles de la perspective. La perspective étant une ligne de fuite pour l'oeil, où le regard se perd espérant un mieux plus loin, sachant bien qu'il n'y a de mieux nulle part.

L'architecte a supprimé tout tracé favorisant cette illusion."

III

Portrait de Poésie

L'étendue de ce corps sur l'herbe, le frissonnement de cette personne en face de ce tableau, l'incantatoire est là.

Incantatoire poétique : Poésie pour la poète encore innocente de l'écriture traditionnelle et subjective historique ou sur l'actualité, est une femme de Poésie.

La Poésie incantatoire

La poète dont je désire plus que tout saisir objectivement le portrait,

Portrait de Poésie

est La poète de mémoire des altérités et d'identités.

Elle écrit sur le bord des ponts, en Provence, cette poète brille par ses écrits sous les champs de lavande et le majestueux ciel d'azur.

Elle apprécie également énormément Fabrice Luchini, cette dernière ne se sent plus seule lorsqu'elle écoute le mot "Poésie" dans la langue de Fabrice.

La langue française de tous les écrits poétiques les plus grands, les plus incantatoires, les plus surréalistes.

Luchini et cette poète : une Poésie accompagnée par un grand "P" puisque le portrait de Poésie est tout ce que vous pourrez trouver de plus incantatoire sur cette Terre,

dans les ouvrages de Poésie, dans les recueils, les interviews.

 

"Tous ces gens ont une chose, c'est la langue française."

 

Cette poète féminine et ô combien littéraire subjugue la Poésie française,

elle ne veut que rechercher les mots par celle-ci.

Sa Poésie est la poésie décrite par Fabrice Luchini.

Elle n'appartient ni aux poètes de l'incantatoire stylistique trop encombrant sans doute, ni aux poètes du superflu à l'allure provisoire et superficielle des acteurs de mots.

Cette poète femme rend la Poésie même problématique et non plus moins classique.

Elle ne peut réaliser l'écriture d'un vers sans penser à sa poétique !
 

Portrait de Poésie
 

Poétique ? Cette poète n'en fait qu'à sa tête !

Elle écoute Luchini et ne jure que par ce dernier, et ses auteurs adorés Rimbaud ou Baudelaire.

Elle écrit uniquement pour les lecteurs, pour vous, ce public adoré et riche en mots ou poésie.

Elle n'écrit peut-être pas encore du Rimbaud ou à sa cachette opposée un Proust, néanmoins elle écrit de la Poésie.

La Poésie de la langue française, la poète femme joue avec la littéralité propre de ses expressions oniriques.

La poète, dont je dessine le portrait poétique avec ses plus grandes sensibilités poétiques, transparaît surtout à travers sa poétique de Demain et d'Aujourd'hui.

Poésie de Demain et d'Aujourd'hui

Une poète, peut-être l'une des plus rares et authentiques dans son discours ou encore ses vers, qui ne déroge pas à son mental poétique pour la nouvelle sensibilité ;

Elle a autant de Poésie dans ses écrits qu'un Rimbaud.

Pas encore assez de génie pour cette poète et selon un lecteur contemporain et méfiant de la croissance littéraire et de ses productions ; néanmoins une Poésie de l'incantatoire.

En anecdote relative à la vie de cette poète femme, nous aurions été en mesure d'affirmer encore bien davantage sa Poésie de l'incantatoire au travers de l'une de ses visites ironiques au possible dans ce Musée Parisien.

Elle tient fermement, avec un immense courage de poète, un bouquet d'oeillets à la couleur violette plutôt ravissant au premier regard.

Elle décide de poser son bouquet sur le banquette bordeaux du Musée au sein de la colonne gauche à partir de la catégorie "Renaissance".

Le Conservateur du Musée, en pleine interview, réalise soudainement l'intense puissance du geste de cette poète, il s'approche à grands pas vers elle, et jette son bouquet à travers l'une des verrières couvertes de verdure verdoyante.

Comment cette poète a t-elle pris l'initiative totalement imaginaire d'opposer l'art de ce Musée avec son art poétique à la Nature avec un grand "N" ?

"La nature, c'est nous ramener à un état primitif alors que nous avons eu tant de mal à sortir de nos cavernes pour bâtir une Vénus, un Monet, un Véronèse."

L'anecdote porte sa fin comme dans un tableau de la magnifique Provence jaune, orange et verte de Cézanne dans ses tableaux, la poète désirait donner à voir dans ce Musée un paradoxe de l'art moderne au silence de la post-modernité et retour à la Nature. Tandis que le Conservateur, très épris par ses oeuvres, n'appartenait plus qu'à la vie contemporaine aujourd'hui.

Sa poésie tient sa fin de changement dans la poésie de Demain, Aujourd'hui à l'entremêlement des plus grands auteurs d'Hier.

Poésie de l'Incantatoire.

 

Langue géniale.

Ce n'est pas que cette poésie de la grandeur des vers, c'est aussi une Poésie de l'actualité.

"C'est un trou de verdure où chante une rivière accrochant follement aux herbes des aillons d'argent"

 

IV

Tout sauf de la Poésie

Chaque étudiant ou n'importe quel Homme ordinaire ou grandiose, aperçoit en de longs instants et d'importants moments, ce poète au bord de l'immense Rue de Vaugirard à Paris.

Ce bon vieux Paris, où l'éternité n'existe pas, fait figurer constamment du Changement.

Ce poète écrit, songe, réalise sa poésie sans un grand "P", entre la Rue de Vaugirard et la Rue de Sèvres, le parc Saint Lambert lui est aussi sensiblement voisin…

Il est exactement 18H40 à ma montre lorsque je m'implique dans la lecture de plaisir poétique de cet Homme, ce Philosophe de la parole, cet Homme à l'âme légère et sombre peut-être aussi.

Il m'offre une partie de lui que personne n'aurait aucunement songé à donner sincèrement à une inconnue, sa poésie, je n'en ai jamais trouvé une aussi belle.

Je l'ai écouté, scruté, discuté, et je n'en ai retiré que du Grandiose.

Le prix Goncourt

Très probablement, il ne le dit pas, il ne le présente pas sous ce nom.

Il est toute autre chose qu'un poète ordinaire.

Il aime son lecteur avec honneur et ravissement afin de lui donner quelque chose de rare dans ses mots.

Il traverse tous les quartiers les plus illustres de Paris, entre le V et le XVE arrondissements, car ces lieux apprivoisent sa poésie étrangère à tous.

Je suis peut-être une lectrice de l'exception pour lui, il est également sûrement un poète de l'exception pour moi.

Je ne veux pas tomber dans la réplique stupide sentimentale et amoureuse des lecteurs de poésie, mais je veux lui poser un titre rêveur à cette poésie, la poésie de ce poète.

Tout sauf de la Poésie

 

Oh que ce titre ne peut que le définir aussi justement, c'est son incarnation même, sa beauté convulsive.

Il n'est pas poète, mais ce dernier vogue à le devenir ;

Peut-être sa mémoire un jour n'en fera qu'à sa tête ?

Poète

Tout sauf de la Poésie

 


MILLA.

Léonie Thomas

Tu es née quelque part, entre la lune et le soleil, à l'aube d'une ère peut être nouvelle. Quand tu étais petite, tu disais que jamais rien ne pourrait t'attrister dans le monde. Tu étais heureuse à l'idée de rendre heureux. Ton sourire radieux, tes pommettes rosées de bonheur. Pour tes huit ans, tu as reçu un beau cahier de velours rouge. Ta grand mère te disait qu'écrire est un refuge magique que personne ne peut t'arracher. Alors tu as commencé à poser ta plume sur ce cahier. Au début, tu écrivais plutôt des histoires, tu imaginais des paysages au travers desquels tu vivais. Les paysages imaginaires. Les paysages solaires.

 

Puis, est venu le temps ou la lune t'a rattrapée. Tu as compris, ce jour-là, que si la combinaison du soleil et de celle ci n'avaient pas lieu, le relief de la vie serait biaisé.

 

Alors, tu as commencé à faire couler une encre plus noire. Tu as admis que dans la vie, tout n'était pas chaleureux, comme tu le croyais quand tu avais reçu ce cahier de velours rouge, pour tes huit ans.

Tu as écrit, le 13 avril 1982 : « Un jour peut être, il reviendra. Un jour peut-être, la profondeur de l'océan

C'était fait. Tu avais écrit ton premier poème.

 

Je me souviens du jour de cet été 84, ou tu avais l'air rêveuse, perdue – comme tu l'étais souvent. Je t'avais demandé : « pourquoi écrire des poèmes ? » Tu m'avais répondu que les poèmes étaient une façon de se décharger de la tristesse du monde, une façon de partager la douleur et le poids des mots. Ce jour-là, tu m'as aussi dit que peu importe ce que tu écrivais, tu avais l'impression que les mots pouvaient résonner dans le monde entier.

 

Quand tu es partie, tu ne devais pas avoir plus de seize, ou dix sept ans.

Parfois j'ai l'impression que le temps rattrape la vérité.

Je pense toujours à toi, et à ces cahiers, le premier rouge, les deux suivants bleus.

Je ne sais pas où tu es partie.

Je ne sais pas ce que tu es devenue.

Mais je sais que ce que j'aimais chez toi, c'était cette particularité de n'appartenir à personne et à aucune temporalité. Cette capacité de ne pas être influencée par le monde qui t'entoure. Cette impression de te connaître, sans jamais t'avoir vraiment connue.

 

Tu es née quelque part, entre le soleil et la lune. Pour finir – ta vie peut-être, dans un crépuscule rosé et rouge de brûlures.

 

Peut être sommes-nous tous, des enfants de l'aube d'une ère nouvelle.
 


Biographie d’un poète fictif

Kamila Cherif
 

Sous le soleil timide, assise sur un rocher,
Et face à la mer bouillonnante,

Elle cherchait ses mots, ses rimes,
Comme des notes de musique

Sur son carnet jauni,

Et se croyait aidée par son maintien lyrique,

Imitant la posture de l’ange déchu,

Tableau de Cabanel,

Et sentait presque le poids léger

Des ailes sombres derrière son dos courbé,

Prenant l’air grave d’un Verlaine ivre.

Elle avait l’âge mûr d’une cinquantaine passée

Mais les yeux pétillants d’une jeunesse inavouée,

Trop vite passée, trop vite perdue,

Et cherchait à “reconquérir”, amère,

Un élan poétique qu’elle n’avait jamais eu.


Alors elle gribouillait, déchirait ses pages vierges,

Se donnant contenance en faisant des ratures,

Et écrivait petit, à peine lisiblement,

Pattes de mouche baveuses à l’encre transpirante.

C’était l’âge fructueux, elle tâchait de penser,

Tout en pansant ses regrets et ses vagues à l’âme,
Elle se retrouvait chaque jour, d’elle-même à elle-même,
Le ciel en est témoin,

Sur le rocher gris, assez mal installée,

Dont les piques parfois déchiraient ses habits,
Donnant l’inspiration à ses douleurs factices.

Ses cheveux grisonnants et mousseux où le vent s’infiltrait,
Volaient sans cesse devant ses yeux,

Et ses mains délicates les rabattait inutilement

Derrière elle. Elle n'était ni riche ni pauvre,

Ni belle ni laide, avait une maison,

Un chat, un fille, un fils, un petit mari chauve,

Avait travaillé respectablement, menant une vie normale,
Ne faisait rien de fou, et les jours se suivaient

Sans grande surprise, ni grande déception.

C’était donc là sa renaissance, elle faisait autre chose,
Elle avait décidé une révolution,
Dans sa vie terne et réglée, elle retrouvait sa joie de vivre,
Sa fureur d’exister, en écrivant ses textes

(Niais, naïfs et sans grand intérêt,
 pastiches ratés de poètes renommés).

Elle cherchait pendant des heures des mots qu’elle trouvait compliqués
Dans son Larousse familial, et les assemblait avec complexité,

Et très précisément, les uns après les autres ;

Elle ajoutait aussi, un petit peu de folie,

Jetant par-ci par-là quelques mots de liaison,

Et quelques mots courants,

Et quelques synonymes, et puis des apostrophe et des interjections,

Et puis des oxymores, et puis des périphrases, et puis des antithèses,
Et la lourdeur grave de ses aspirations.

Cela donnait à peu près ceci :

“ La cour assoiffée d’une entité veule

Se poursuit dans le miroitement d’une feuille d’une feuille bleue et comme un châtiment, Des flammes empiriques se voilaient
D’un satin rouge et feu.
Ô ciel ! qui jamais ! S’acharne !

Tu t’abats sur les coeurs anticonstitutionnels. ”

Et elle disait toujours à ses enfants curieux
Que “la poésie ne se juge pas mais se ressent
Et que ce qu’elle écrit, reflet de son esprit,

Ne saurait être jugé par quiconque,

Puisque sa vérité c’est bien sa poésie”.

Mais peut-être disait-elle ceci pour excuser,
Pour justifier et camoufler,

Sa propre médiocrité.


Edward Eiséop

M.A.

 

 Edward Eiséop est un poète né

Le 31 janvier, un beau matin, à 9h00 de la matinée

Son père était boulanger et sa mère était morte

Peu après l’accouchement d’un problème inconnu

 

Il publie son premier poème à quatre ans

Dans lequel on retrouve son célèbre « PA-PA » qu’il aimait tendrement

Il écrivit tout au long de sa vie un minimum de deux poèmes par jour

et en laissa tellement que les spécialistes n’en ont pas encore fini avec lui

 

Fils unique, à dix ans il découvre une soeur cachée

qui s’enfuira trois ans après

en Amazonie et qu’il ne reverra jamais

 

Il arrête l’école à treize ans parce qu’il s’ennuie toute la journée

et passe à quatorze ans son Baccalauréat qu’il obtient les doigts dans le nez

 

À seize ans il fait une tentative de suicide qui le manquera à jamais

de deux grosses cicatrices aux poignées

 

Quelque temps après, il se prend de passion pour le théâtre

Il y va chaque soir

Mais part toujours avant la fin car il est hyperactif

 

À vingt-six ans il entame des études de philosophie

qui l’amènent à se questionne sur l’utilité de ses études de philosophie

 

Quelques années après, un lundi de pluie, le destin lui fait croiser Michel Houellebecq dans un café

Mais il ne le reconnaitra pas et s’en ira comme il était arrivé

 

Le reste de sa vie ne fut pas très remplie

 

Cependant, il faudra noter qu’il fait face à des échecs amoureux incessants

et restera seul toute sa vie, célibataire et sans enfants

 

Il ne connaitra jamais l’amour, du moins l’amour réciproque

Ce qui donnera naissance à « L’amour rime avec jamais »,

poème qui marquera son époque

 

Il laissera derrière lui de grands poèmes comme « Le Gâteau ivre » , « ma poème »

ou encore « Le dormeur du val d’Oise »

 

Edward Eiséop mourra à l’âge de 99 ans

banalement dans son sommeil

à la suite d’un mauvais rêve



 

mise à jour le 27 juillet 2017


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