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Vénus Khoury-Ghata : pour un dialogue transculturel

le 10 mars 2017

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Présentation

Depuis la publication du premier recueil poétique Les Visages inachevés, il y a cinquante ans, l’oeuvre de Vénus Khoury-Ghata, poète et romancière libanaise francophone vivant à Paris, ne cesse de redéfinir le rôle des nations, de la langue, de la culture dans le monde contemporain par la représentation d’êtres broyés par leur destin. Une prise de conscience humaine et politique née de la crise du Moyen-Orient et de la guerre civile libanaise a déterminé l’orientation et l’engagement de ce regard fait de deux langues, outils de son travail, qui dénonce inlassablement l’obsession des frontières, la guerre et la mort au nom de la nécessaire rencontre entre les cultures, seul gage d’espoir et de solidarité mondiale. Dans ses romans et ses oeuvres poétiques il existe un dialogue constant entre l’épreuve du collectif et l’expérience personnelle nourri par un imaginaire puisant dans la réalité libanaise, dans la culture arabe, dans la littérature française, dans la mythologie grecque, et dans le monde sud-américain, et qui s’enrichit des passerelles ainsi créées entre les cultures. Cette journée d’étude est la première consacrée à l’ensemble de l’oeuvre de Vénus Khoury-Ghata, auréolée de nombreux prix littéraires, dont le dernier vient d’être décerné en 2015 avec le prix Renaudot « livre de poche » pour La Fiancée était à dos d’âne. Il s’agit d’un premier état des lieux des études sur cette oeuvre majeure, encore largement inexplorée par la critique.

Organisation : Xavier Garnier et Francesca Tumia

Programme [PDF - 1 Mo]                        Compte-rendu scientifique [PDF - 70 Ko]


Vidéos & audios

Session 1

Vénus Khoury-Ghata - lecture de poèmes
Pierre Brunel - « Orphée au féminin : Vénus Khoury-Ghata »
Francesca Tumia
- « Partage et solidarité des peuples de l’humanité à l’intérieur et au-delà des
frontières dans l’oeuvre khouryghatienne »


Session 2

Mireille Rebeiz - « Le Grotesque, le Carnavalesque et l’Absurde chez Vénus Khoury-Ghata »
Lara Haddad Gelalian- « L’écriture de la résilience dans les romans de Vénus Khoury-Ghata »
Giovanni Dotoli -« Dialogue avec Vénus Khoury-Ghata »



Session 3

Ines Horchani - « Vénus Khoury-Ghata traductrice d’Adonis »


Jean-Pierre Zubiate - « L’écriture poétique de Vénus Khoury-Ghata ou la dynamique de la reconfiguration »


Rosalie Ghanem - « L’hybridité linguistique et culturelle dans Sept Pierres pour la femme adultère de Vénus Khoury-Ghata »


Session 4

Marie-Thérèse Oliver-Saidi - « Exorciser la mort, une quête vitale chez Vénus Khoury-Ghata »


Antigone Vlavianou - « La compassion des mo(r)ts chez Vénus Khoury-Ghata »


Linda Maria Baros - « La terre-mère versus la terre de la mort dans ‘Orties’ de Vénus Khoury-Ghata »



Compte-rendu scientifique

La journée d’étude « Vénus Khoury-Ghata : pour un dialogue transculturel », organisée par Francesca Tumia et Xavier Garnier s’est déroulée le vendredi 10 mars 2017 à l’Institut d’Études Avancées de Paris, dans l’hôtel de Lauzun, avec le soutien scientifique de THALIM.

Poète, traductrice et romancière, Vénus Khoury-Ghata interroge depuis cinquante ans les frontières et les identités, entre le Liban et la France. Reconnue par la critique, son oeuvre a été couronnée par de nombreux prix, dont le grand prix de l’Académie française, le prix Goncourt pour sa poésie et le prix Renaudot « livre de poche » pour La fiancée était à dos d’âne. Résidant depuis 1972 à Paris, elle ne cesse d’interroger le dialogue entre le Moyen-Orient et la France, renouvelant la question de l’orientalisme, par une esthétique du passage des frontières.

Cette journée d’étude est la première entièrement consacrée à l’exploration de son oeuvre et de son écriture. Se voulant un premier état des lieux de la recherche khouryghatienne, c’est l’ensemble de sa production qui a été prise en compte, en croisant les genres ainsi que les langues.

Francesca Tumia justifie en introduction de la journée la notion de « dialogue transculturel » en soulignant à quel point l’échange entre les cultures constitue un motif structurant chez Vénus Khoury-Ghata. Se revendiquant d’un inspiration glissantienne de la « relation », Francesca Tumia analyse l’oeuvre de Vénus Khoury-Ghata comme le lieu d’une rencontre de pluralités d’imaginaires, ouverts au monde et fondés sur une diversité en archipel.

Vénus Khoury-Ghata, a ouvert la journée d’études par une série de lectures de poèmes. À sa suite, Pierre Brunel a entamé le dialogue en proposant de faire de Vénus Khoury-Ghata une « Orphée au féminin ». Remontant à Sapho, il a montré comment la culture grecque, autant que son amour pour son frère disparu, a nourri en profondeur l’imaginaire de son oeuvre. Francesca Tumia a prolongé la réflexion en interrogeant la thématique de la frontière et de son franchissement, dans une esthétique ouverte au partage et à la solidarité.

Les deux autres sessions étaient également transversales. Autant Mireille Rebeiz, Lara Haddad Gelalian que Giovanni Dotoli se sont attachés à considérer dans une même réflexion la diversité des oeuvres romanesques de Vénus Khoury-Ghata. Ines Horchani a proposé une lecture très éclairante du travail de traduction qu’opère l’auteure : par une analyse comparée des textes d’Adonis en arabe et des traductions françaises de Vénus Khoury-Ghata, elle a souligné combien la pudeur, la retenue sont des motifs majeurs de sa recherche esthétique, d’une langue à l’autre. Jean-Pierre Zubiate et Rosalie Ghanem ont interrogé, sur une modalité différente, cette hybridité linguistique et culturelle, non plus dans la traduction mais dans son oeuvre romanesque et poétique.

La dernière session de la journée était consacrée au thème de la mort et aux motifs des parcours initiatique qui permettent de la traverser, à la recherche de « mots de passe » : Marie-Thérèse Olivier-Saidi l’interroge sous l’angle de la quête vitale, Antigone Vlavianou par le prisme de la compassion des morts et Linda Maria Baros dresse une opposition entre la terremère et la terre de la mort.
De grandes thématiques ont émergé des discussions : la mise en scène de la guerre civile libanaise, l’engagement de l’écriture, l’attention à la sobriété dans la traduction, l’interrelation entre l’expérience intime et la vie collective.
Elara Bertho
 


Type :
Colloque / Journée d'étude

mise à jour le 11 décembre 2017


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