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Une terre inconnue ? Les collaborations entre poètes et médecins (XVIIIe-XXIe siècles)

le 12 juin 2010

Journée d'études


Lieu : Université Paris Descartes, foyer des Professeurs, 12 rue de l'Ecole de médecine, Paris 6ème


Organisateurs :

Guy Cobolet (Bibliothèque Interuniversitaire de Médecine et d'Ontologie, Paris)
Laurence Guellec (EA 4400 « Ecriture de la modernité », Paris Descartes-IUF)
Hugues Marchal (EA 4400 « Ecriture de la modernité », Paris 3).

Contacts : laurence.guellec@parisdescartes.fr / hugues.marchal@univ-paris3.fr

Cette manifestation s'inscrit dans le projet ANR Euterpe : la poésie scientifique en France de 1792 à 1939, soutenu par l'ANR (pour en savoir plus)

Programme [PDF - 173 Ko]

Présentation

La modernité s'est construite sur un divorce entre littérature et sciences, un « partage léonin » à partir duquel, au début du XIXe siècle, « la société se donne à la raison qui se livre aux sciences qui expulsent les cultures » (Michel Serres). L'une des victimes directes de ce procès en séparation fut la poésie scientifique, qui chantait la science en vers, et dont l'agonie semble consommée vers 1900 quand un manuel tranche : « Ce qui ne peut être littéraire, ne peut être poétique. - Par conséquent, la science, en tant que telle, demeure en dehors de la poésie. » Or le genre avait suscité des œuvres collaboratives qui déroutent aujourd'hui nos cadres de pensée : dans l'édition originale des Trois Règnes de la nature de Delille (1808), Cuvier et plusieurs autres savants prestigieux n'avaient pas dédaigné prendre leur plume pour fournir au poème une annotation scientifique minutieuse, en un livre qui constitue ainsi un texte à plusieurs mains, mêlant prose et vers.
De tels exemples de collaboration effective restent fort peu documentés. Ils sont pourtant multiples, particulièrement en médecine, science traditionnellement proche de la littérature.
André Spire suit les travaux de physiologie menés au laboratoire de phonétique du Collège de France pour élaborer sa théorie du vers et publier Plaisir poétique, plaisir musculaire. Michaux teste sous le contrôle de médecins les effets de la mescaline. Le docteur Ferdière a revendiqué un rôle majeur dans les créations d'Artaud interné dans son service psychiatrique à Rodez et un biopoète comme Eduardo Kac travaille avec des généticiens pour créer ses œuvres hybrides.
Mais si ces échanges ont accompagné la genèse des textes, le médecin a aussi pu être convoqué a posteriori par la critique ou la poétique, pour interpréter les textes à l'aune de son savoir, qu'il vienne éclairer des termes rares (comme René Hénane, exégète de Césaire), esquisser un diagnostic ou une analyse des textes en employant ses propres méthodes (qu'on songe aux pathologies d'un Nordau), ou jouer, comme le médecin et homme de lettres Henri Mondor, un rôle de passeur. De leur côté, les poètes ont mis leur talent au service de la diffusion des sciences et des techniques médicales, répondant à des commandes ou engageant par eux-mêmes l'éloge de la vaccination ou de Pasteur, et cette liste est loin d'être exhaustive.
Cette journée d'études souhaite attirer l'attention de spécialistes de littérature et d'histoire des sciences et de la médecine sur les difficultés que posent de telles collaborations. Là où les études des représentations littéraires de la médecine abondent, comment expliquer le faible repérage et la rareté des sources disponibles sur ces échanges actifs ? Quelles sont leurs modalités ? Où chercher des documents pour mieux comprendre leurs enjeux et leur dynamique ? À partir de quelle posture disciplinaire, ou interdisciplinaire, aborder ces phénomènes de réseau, qui engagent des problématiques liées tout à la fois à la sociabilité et à la cartographie des pratiques culturelles ?


Type :
Colloque / Journée d'étude

mise à jour le 25 mai 2010


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