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Traductions et adaptations des classiques dans le théâtre anglophone contemporain

du 22 juin 2018 au 23 juin 2018

  • Organisation :
Isabelle Génin : isagenin@club-internet.fr
Marie Nadia Karsky mnkarsky@gmail.com
Bruno Poncharal : bruno.poncharal@orange.fr
Agathe Torti Alcayaga: agathetorti@yahoo.fr
Susan Blattes: susan.blattes@wanadoo.fr
 
  • Présentation :

Si au cours des siècles, le théâtre anglophone a traditionnellement accueilli des pièces du théâtre du Continent européen (France, pays scandinaves, Allemagne, Russie...), la plupart du temps pour les adapter, depuis une quarantaine années, de nombreux dramaturges semblent s’inspirer encore plus régulièrement des grands classiques du répertoire, que ce soit pour les traduire, les adapter ou en proposer des réécritures. Molière, Racine, Marivaux, Tchekhov, Sophocle et Euripide, pour n’en nommer que quelques-uns, sont des classiques dans le sens où leur renommée n’est plus à faire ou à défendre ; souvent, à un moment donné de leur parcours, les auteurs contemporains de langue anglaise se tournent vers eux. Martin Crimp a dit avoir adapté Le Misanthrope de Molière en 1996 pour trouver une issue au « writing block » qu’il ressentait à l’époque; qu’en est-il des motivations d’autres dramaturges et poètes comme Tony Harrison, dont The Misanthrope, joué au National Theatre à Londres en 1973, représente un des premiers d’une longue série de traductions-adaptations contemporaines de la pièce de Molière ? En 1975, Harrison poursuivait ce travail d’adaptation du théâtre français classique par Phaedra Britannica, adaptation de la tragédie de Racine. D’autres poètes et dramaturges prennent sa suite pour la traduction/adaptation de la tragédie de Racine (Ted Hughes, Timberlake Wertenbaker) ou de Sénèque (Sara Kane avec Phaedra’s Love, une commande du Gate Theatre de Londres en 1996). Euripide et Sophocle sont adaptés notamment par Timberlake Wertenbaker ou par April de Angelis. La liste est longue de ces classiques adaptés pour la scène anglophone contemporaine : on compte une dizaine de traductions et d’adaptations différentes de La Mouette produites depuis les années 1980, sans parler des autres pièces de Tchekhov.

L’apparition du surtitrage au théâtre, qui permet de voir une pièce en langue originale, ne change pas la donne. Ce qui se détache nettement, en revanche, est le désir de se mesurer aux auteurs classiques, comme s’ils formaient, pour nos contemporains, une caisse de résonnance renvoyant l’écho amplifié des questions qu’ils se posent. Le théâtre est le lieu à la fois de la présence et du dépassement du paradoxe, de la tension qui existe entre le passé et le présent, entre ce qui est bien connu et sa redécouverte sous une autre facette. Qu’est-ce que ces redécouvertes, ces réécritures des classiques nous apprennent sur les diverses formes d’écriture dramaturgique du théâtre en langue anglaise ces cinquante dernières années, sur les thèmes choisis et les positionnements stylistiques des auteurs ?

Si l’on n’a pas mentionné Shakespeare, qui constitue lui aussi une source d’adaptations (on peut penser à celles de Bond ou de Barker, par exemple), c’est que l’on a été frappé.e par la récurrence du détour par une langue étrangère chez les auteurs contemporains. À quelle exigence cela répond-il ? Qu’est-ce que le passage d’une langue à l’autre, d’un code linguistique, historique et culturel à un autre, leur apporte ? L’on a mentionné indifféremment traductions et adaptations : les dramaturges parlent en effet régulièrement de leur travail comme étant tantôt une translation, tantôt une adaptation, et le plus souvent, une version. Comme le signale David Johnston dans Stages of Translation, les traducteurs de théâtre considèrent la traduction comme rattachée à la création, à l’écriture créative, même s’ils ont bien conscience de ce que leur travail a d’éphémère, au même titre que la mise en scène.

Le travail de traduction/adaptation se fait parfois à quatre mains : lorsqu’ils ne connaissent pas la langue du texte source, les auteurs s’appuient en général sur une première traduction proche du texte élaborée par un traducteur professionnel pour s’en éloigner dans la version définitive. L’une des questions qui se pose est de savoir si, dans les traductions et les adaptations de divers classiques par un auteur contemporain, on n’entend pas toujours, en fin de compte, la voix de ce dernier... Quelles sont donc les influences exercées par les textes classiques sur l’écriture du dramaturge contemporain ? Ce théâtre traduit, ou réécrit, s’inscrit-il dans une recherche stylistique d’avant-garde ? Contribue-t-il à repousser les limites de l’écriture théâtrale, ou prend-il des aspects plus traditionnalistes ?

On examinera aussi la place concrète que prend le théâtre classique étranger sur la scène anglophone contemporaine. Quels sont les genres, les pièces, les auteurs majoritairement traduits ou adaptés ? Ce théâtre occupe-t-il encore une position dominante parmi les pièces étrangères jouées dans les pays de langue anglaise, comme c’était le cas il y a quelques années ? Quelles sont les incidences sur les traductions et adaptations des politiques, notamment culturelles, adoptées ? Enfin, en quoi la situation varie-t-elle selon les différents pays anglophones ?


Type :
Colloque / Journée d'étude
Lieu(x) :
Vendredi 22 juin 2018 :
Collège Franco-Britannique, Cité Universitaire
9 B boulevard Jourdan, 75014 Paris
Auditorium

Samedi 23 juin 2018 :
Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3, Maison de la Recherche
4, rue des Irlandais, 75005 Paris
Salle Claude Simon

mise à jour le 24 mai 2018


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