Jeune docteure depuis 10 mois et actuellement en postdoc jusque fin décembre 2016, je me suis rendue à la Career Fair de PhDTalent 2016.
J’ai appris l’existence de ce forum qui permet de mettre en relation des recruteurs et des chercheurs d’emploi diplômés d’un doctorat par une personne de mon réseau personnel. Sur le site de l’événement, il est bien précisé que ce forum s’adresse à tous les jeunes docteurs en sciences dures mais aussi en sciences humaines et sociales. Curieuse et ne sachant pas encore quel emploi j’occuperai à partir du 1er janvier je m’inscris à cet événement. Je commence par remplir mon profil sur leur plateforme puis je modifie mon CV afin qu’il convienne aux critères de recrutement du privé.
Le jour de l’événement, je me présente aux alentours de 9 heures du matin au 104, un incubateur situé dans le 19ème. A la réception, on me donne un stylo, un programme des conférences, un plan avec la localisation des entreprises et un carnet dont les premières pages mentionnent les partenaires de l’événement, puis une description de chaque entreprise présente au forum et des pages blanches pour prendre des notes. Je me dirige vers la salle de conférence pour écouter le mot d’accueil. La personne qui nous accueille explique qu’il y a environ 2000 inscrits. Elle ajoute que 80 entreprises participent au forum cette année, dont 40 qui recrutent aussi des docteurs en sciences humaines et sociales. Je suis contente, apparemment, je ne suis pas venue pour rien. Le discours d’accueil touche à sa fin et la salle se vide. Pour ma part, je reste assise et décide de lire le descriptif de toutes les entreprises afin de cibler ma recherche.
Je me dirige ensuite dans le grand hall pour rencontrer les entreprises qui m’intéressent. Les gens font la queue devant des stands. Je m’aperçois que chacun attend patiemment son tour pour passer un entretien d’embauche plus ou moins rapide selon les cas. Je commence par les entreprises qui recrutent des personnes en sciences humaines. Ce sont pour la grande majorité, des entreprises qui proposent du conseil et qui recrutent donc des consultants. Je passe mes premiers entretiens. Certaines personnes sont plutôt agréables et souriantes, d’autres sont neutres et certaines beaucoup plus antipathiques. Je commence à comprendre quels sont les mots clefs à utiliser dans l’entretien pour me présenter, pour parler de mes ambitions et de mon expérience. Ces recruteurs là se moquent totalement du sujet de ma recherche. Ils sont davantage intéressés par les compétences que j’ai acquises pendant mon doctorat. Certains recruteurs me présentent à peine leur entreprise car j’ai un descriptif dans le carnet (ouf ! Je les ai lus !). Ces mêmes recruteurs me demandent de leur dire ce que je pourrai apporter à leur entreprise. Je comprends qu’il est important de montrer que je peux m’adapter au monde de l’entreprise et que je suis prête à laisser de côté la recherche pour évoluer dans une nouvelle direction.
Ensuite, je me dirige vers deux start-ups qui pourraient éventuellement recruter des docteurs en SHS. La première est une association qui offre de la formation. La recruteuse m’explique qu’ils ont un important vivier de formateurs et qu’ils recherchent actuellement un responsable de recherche pour leur branche en rechenrche et développement appliquée aux méthodes de formations. Sur le stand de la seconde start-up, je rencontre une employée qui a été recrutée sur ce même forum il y a deux ans. Elle vient de sciences humaines, ne code pas et pourtant elle travaille dans une start-up qui développe un outil informatique. C’est la seule employée non-technique de la boîte et elle a l’air très heureuse dans son travail. Nous échangeons nos contacts.
Enfin, je m’aventure vers les entreprises davantage orientées vers la recherche, qui ne recrutent pas de docteurs en sciences humaines mais dont le sujet d’étude est proche de ce que j’ai pu faire pendant ma thèse. La première entreprise est trop jeune pour créer un poste pour moi. La seconde a déjà plusieurs années et un petit nombre d’employés. Le recruteur (CTO) est très gentil et me demande mon CV et mes disponibilités. Après une discussion très courtoise, il m’invite à le recontacter pour me donner un RDV afin de parler plus calmement de mon cas.
Enfin, alors que je prenais des notes dans mon carnet après un entretien, une recruteuse s’approche de moi et me demande si je ne serais pas intéressée par son entreprise. Elle m’explique quels candidats elle recherche mais je ne corresponds pas du tout à la cible. Je lui réponds que j’ai un doctorat en sciences humaines et que je ne lui serai pas utile. Elle me demande mon CV et me dit : « oh ! mais vous avez enseigné pendant votre doctorat ! Vous avez développé des méthodes d’enseignement innovantes ? Car on cherche des formateurs avec des méthodes innovantes ! »
Globalement, la journée s’est bien passée et j’ai beaucoup appris en interagissant avec les recruteurs. Je comprends davantage comment je peux valoriser mon parcours pour le monde de l’entreprise. Cet événement m’a aussi permis de mieux discerner les emplois qui m’intéressent. J’ai également pris conscience de deux points essentiels :
- Il est possible pour un docteur en sciences humaines de trouver un travail dans le privé à condition d’accepter de valoriser ses compétences plutôt que son thème de recherche ;
- Le crédit d’impôt recherche, une mesure présentée dans l’une des conférences de la journée, est une donnée cruciale pour l’insertion des docteurs dans le monde professionnel. Avec cette mesure, le gouvernement soutient les activités de recherche et de développement dans les entreprises. Si le docteur signe un CDI avec une entreprise et qu’il s’agit de son premier contrat de travail à durée indéterminée depuis l’obtention de son doctorat, l’entreprise bénéficie d’avantages fiscaux très intéressants.
P.B.
Docteure de l'ED 514, promotion 2015