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TACHE 8

Les brouillons des travailleurs sociaux sont des productions écrites qui s'inscrivent dans un cadre institutionnel et professionnel caractérisé par des contraintes spécifiques. La description et l'analyse du processus de rédaction des écrits sociaux permettront de vérifier l'hypothèse d'une forte influence des contraintes sociales, articulées aux contraintes linguistiques et cognitives. Reste à voir dans quelle mesure ces brouillons - et, donc, la pratique d'écriture sociale - constituent un objet à part : en quoi se distinguent-ils des brouillons littéraires ou des brouillons d'élèves, par exemple ?

La comparaison se fera à deux niveaux : d'une part, la dynamique du processus d'écriture (organisation des opérations de réécriture : suppression, insertion, remplacement et déplacement) ; d'autre part, les objets et le « résultat » des opérations (nature et volume des unités linguistiques concernées, catégories interprétatives impliquées).

Le premier niveau concerne l'approche génétique des textes et prendra appui sur les résultats obtenus dans le cadre des études génétiques de l'ITEM et du GDR 2657. Cette analyse permettra de vérifier la validité de la méthode génétique telle qu'elle a pu être configurée à partir de brouillons littéraires et élargie aux brouillons d'élèves et son
applicabilité aux brouillons rédigés en situation professionnelle. Le cas échéant, un enrichissement méthodologique est envisagé. Il n'est pas exclu par exemple que les écrits professionnels obéissent à des logiques scripturales que l'étude des manuscrits littéraires et des brouillons d'élèves n'a pas permis de mettre au jour. Les catégories élaborés par la génétique, comme la typologie programme / processus par exemple, pourraient très bien n'être que partiellement valides dans le domaine de l'écriture professionnelle. D'autre part, l'élaboration des textes des travailleurs sociaux s'appuie vraisemblablement sur des faits de langue spécifiques, comme cela a commencé à être mis au jour, par exemple, dans le cadre de l'écriture scientifique (Doquet 2009a ; Doquet & Richard à paraître).

Le deuxième niveau concerne l'analyse principalement discursive des données. Il s'agit de tenter de relier le contenu des différentes opérations de réécriture (dans une perspective longitudinale) à la visée pragmatique ou autre du texte final. Ainsi, Lebrave et al. (2004) signalent-ils la cohérence des processus d'écriture visant à produire l'image d'une fille dessaisie de toutes ses prérogatives dans « La robe rouge » d'A. Chedid. On peut s'attendre à trouver la même démarche dans les écrits de signalement qui visent à évaluer une situation et à présenter ses acteurs (enfants et parents). On a ici affaire à des stratégies sémantiques globales. Mais il y a d'autres contraintes qui semblent caractéristiques des écrits sociaux, comme l'utilisation d'un discours spécialisé, la clause d'objectivité ; etc. La question est donc de savoir dans quelle mesure le processus de réécriture des rapports sociaux est affecté par ces contraintes. Ici encore, les travaux entamés dans des champs autres que littéraires, en particulier le champ scolaire, permettront de disposer d'éléments contrastifs de référence.

Livrables : synthèse sur la comparaison des genres dans le cadre d'une approche génétique ; éléments pour une typologie des processus d'écriture, à l'instar des typologies de textes (cette typologie liminaire sera mise en relation avec les résultats de la tâche 4).

mise à jour le 6 octobre 2011


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