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TACHE 5

L'analyse énonciative se base sur les travaux déjà effectués sur des rapports éducatifs produits dans le cadre d'un signalement d'enfant en danger et sur des hypothèses liées aux conditions de production, au dispositif énonciatif et à la visée pragmatique - bref aux caractéristiques génériques - des textes considérés. On s'intéressera ainsi, au fil des différentes versions des rapports :
  • à l'évolution, au fil du processus d'écriture, des marques renvoyant explicitement au scripteur (nous, notre...) : on observera les variations quantitatives mais également qualitatives, en relevant les substantifs ou prédicats auxquelles les marques de personne sont accolées et qui correspondent aux activités que le scripteur choisit de représenter dans son texte. Seront travaillées également les stratégies de modalisation de « démodalisation» : ajout d'éléments comme probablement, certains ; substitutions du type l'équipe peut se confronter => l'équipe est confronté ; elle pense => elle sait ; peut => dit pouvoir. On tentera de mettre en relation les variations observées avec la diffusion de normes rédactionnelles recommandant au scripteur la plus grande « neutralité » possible.
  • à la configuration des formes de discours rapporté ; en effet, les rapports éducatifs sont élaborés à partir d'entretiens, avec la famille et l'enfant ainsi qu'avec les institutions intervenant auprès d'eux (école, PMI, services sociaux etc.). De la sorte, la représentation des paroles de ces différents intervenants revêt, à des titres divers, une importance quantitative (fréquence) et qualitative (place dans l'argumentation). On sera attentifs aux transformations d'une forme dans une autre (DD, DI par exemple), à l'ajout de guillemets, de formes en selon, de conditionnels, à la mise en place de la représentation de la parole des enfants.
  • à la mise en place d'un discours affectif (évaluatifs et appréciatifs soumis à des opérations de réécriture), au choix des marques renvoyant à l'expression de sentiments, et tout particulièrement la peur, dans la mesure où le signalement est lié à l'existence d'un danger pour un enfant. En complémentarité de l'analyse lexicale, on analysera ces marques d'un point de vue quantitatif et qualitatif : sujet de la peur, objet de la peur, relation entre la peur des enfants ou des familles et l'inquiétude des travailleurs sociaux dans une perspective d'intersubjectivation empathique.
  • aux connecteurs logiques. En complémentarité cette fois de l'analyse argumentative, on observera la forme, la fréquence et la distribution des ces marques. En effet, la fréquence des connecteurs logiques est relativement basse dans les versions finales (sauf dans la partie conclusive), ce qui semble correspondre à la consigne de « neutralité » ou d' « objectivité » donnée aux scripteurs. Dans la mesure où cette consigne de neutralité se heurte à la visée pragmatique du texte, qui est de décrire une situation pour l'évaluer et provoquer le cas échéant l'intervention des services sociaux, on observera de près, dans les brouillons, l'apparition ou l'effacement de ces marques.
Ces données vont, d'une part, nourrir l'analyse longitudinale s'intéressant à la nature des  visées privilégiées dans les premières et les dernières versions d'un texte, d'autre part, contribuer à la modélisation des contraintes linguistiques et sociales déterminant le  production des écrits sociaux.

Livrables : éléments pour l'enrichissement de l'analyse textométrique longitudinale ; article collectif en collaboration avec les tâches 6-7 ; communication(s) dans des colloques.


mise à jour le 6 octobre 2011


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