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Écrire avec les livres - 2017


Poèmes suite à la lecture d'extraits de Voyage en Grande Garabagne (1936) d'Henri Michaux

Parodie de Henri Michaux : À la découverte d’une nouvelle ethnie

M. A. 

Ce fut lors de mes innombrables voyages que je rencontrai ce peuple si singulier, si éloigné de nos familières coutumes occidentales. Bien que j’eusse effectué de nombreux voyages comme celui-ci, et sans que vous ne puissiez me reprocher un certain égocentrisme si je vous disais que j’ai acquis un savoir conséquent me permettant légitimement d’affirmer ce qui va suivre, il n’existe aucun autre peuple au monde aussi intéressant ethnologiquement et socialement parlant que les Papalous.

Les Papalous sont des êtres extrêmement intelligents mais d’un aspect ridicule ce qu’il leur permet de surprendre leur ennemi quant à leurs capacités stratégiques. Ces êtres pleins de savoir sont sujets à une constante rétro-réflexion vis à vis de leur mode de vie et ne subsistent que grâce à cet esprit grandiose.

Le Papalou est vêtu de grosses feuilles de bananiers accrochées de telle sorte à sa hanche que, lorsqu’il marche, ces feuilles de bananiers rendent sa démarche sujette à la moquerie. Le Papalou est également pourvu d’un immense chapeau en plant de canne à sucre tissé achevant de parfaire cette allure ridicule.

Les Papalous ne sont pas pâlots. Ils ont la peau satinée et d’un mate sublime, poétique témoignage de leur vie au grand air. Vivant dans la forêt, le Papalou a su rendre ce milieu hostile chaleureux et accueillant et tourner à son avantage les nombreux dangers qui s’y trouvent. Ainsi, le Papalou est sédentaire. Il a su se construire, au cours des siècles un habitat digne de ce nom. Dans de grandes cabanes perchées dans les arbres et construites de leurs propres mains, ils dorment tous collés les uns aux autres afin d’économiser le bois. Les Papalous se servent de leurs femmes comme matelas. Car là est malheureusement l’un des principal défaut du Papalou : il est sexiste.

Donc disais-je, ces singuliers individus dorment dans de grandes cabanes en hauteur et, pour y monter, forment chaque soir une pyramide humaine (le plus petit des Papalous passant bien sûr en premier) car la cohésion et l’esprit de groupe est l’un des principaux atouts du Papalou et, malgré leur grande intelligence, ils n’ont pas encore pensé à inventer l’échelle. Ainsi, un roulement s’effectue entre les Papalous et ces derniers dorment une nuit sur deux car malheureusement, tous les Papalous ne parviennent pas à monter par le biais de cette technique pyramidale.

Grace à sa grande capacité cognitive, le Papalou a su organiser sa société de telle façon qu’il m’est presque impossible de la décrire tant elle me parait complexe. Cependant, tout ce que j’ai pu comprendre durant mon court séjour de deux mois au sein de cette ethnie étonnante, c’est que chacun des membres de la tribu Papalou a une fonction distincte et individualisée s’adaptant aux caractéristiques physique, émotionnelle et génétique de chaque individu. Ainsi, certains Papalous forts et robustes s’occupent d’aller piller le bois de la tribu voisine tandis que les Papalous tendres et les Papalous insomniaques s’occupent tour à tour des enfants de la tribu.

Car là est aussi une des grandes caractéristiques du Papalou. À leur naissance, les Papalous sont tous séparés de leur parents et placés dans un centre pour enfants Papalous situé à l’écart du village afin de ne pas réveiller les adultes. Ce centre est tenu par les doyens de la tribu n’ayant pas vraiment autre chose à faire pour occuper leur fin de vie, et se sentant étrangement en communion avec un certain nombre de comportements enfantins.

À leur majorité, c’est à dire lorsque la majorité des enfants Papalous atteignent plus du tiers de l’âge total de l’ensemble des enfants Papalous, ces derniers reviennent alors au village et sont redistribués au hasard à des parents Papalous.

Pour ce qui est de la chasse, les Papalous sont assez secrets quant à leur stratégies d’approche du gibier. En effet, les techniques de chasse sont transmises de générations en générations à des Papalous chargés d’en garder le secret toute leurs vie puis de les transmettre à d’autres Papalous, si possible avant leur propre mort.

Durant ces deux longs mois, j’ai cependant pu assister à quelques-unes de ces curieuses séances de chasses qui m’ont, il faut l’avouer, assez fortement surpris. En voici un petit aperçu : Par temps de « chasse », les Papalous masculins sortent de leur hutte et constituent des groupes en fonction d’un processus aléatoire de « face ronde - face plate » consistant en un lancé de cailloux mi-plat mi-rond. Ensuite, ils se dispersent dans toute la forêt afin, non pas de chasser les possibles animaux qui se seraient égarés là, mais de ramasser les cadavres d’animaux que la vieillesse, le froid ou bien la famine a laissés choir ici et là.

Car en effet, le Papalou est très sensible et ne supporte pas l’idée d’ôter la vie à de si belles créatures. Il préfère alors attendre que la nature lui fasse gracieusement don de cette nourriture, déjà en partie préparée. Les Papalous n’ont alors qu’à rentrer chez eux et faire griller toute cette belle chaire fraîche (ou du moins plus ou moins fraîche).

Après la chasse, il est maintenant temps de faire la cuisine et c’est évidement la femme Papalou qui se met au feu de bois. Il faut savoir que les Papalouses connaissent la cuisson exacte de chacun des animaux de la forêt. Elles doivent en effet faire preuve d’une connaissance aiguisée de l’ensemble de la faune et la flore de leur habitat naturel puisque la mort des animaux est totalement aléatoire. Il leur faut alors préparer deux lapins garnis aux souris et un loup en cocotte tout en sachant que, le lendemain, elles devront être capable de concocter une belle salade de tourterelles avec les restes de moineaux de la veille. Quel travail !

Après avoir mangé, les hommes Papalous remercient leurs femmes en effectuant une danse de la joie puis se lèvent de table et laissent leurs pauvres Papalouse laver, sécher et ranger seules toutes les marmites sales dans leurs petites huttes de cuisine.

Et voilà un aperçu de quelques habitudes papalousiennes rythmant ainsi les longues journées de la tribu, qu’il faut bien occuper.

Que dire de plus sur les Papalous ?

Il faut savoir que les Papalous sont athées. Ils ne croient en aucun Dieu et n’ont strictement aucune foi en leur avenir. Ils vivent au rythme des jours et des nuits sans se préoccuper de l’avenir radieux ou nuageux qui les attend le lendemain. Cet athéisme profond renforcé par un immense pessimisme quant à une idée de bonheur explique en partie la singularité de leurs rites funéraires.

En effet, à la mort d’un Papalou, on transporte le corps de ce dernier à l’aide d’un « saccamore » jusqu’à une immense catapulte dirigée vers le village le plus proche. Le Papalou décédé est ainsi propulsé et destiné à s’échouer chez les Agrabisses, le village voisin. les Agrabisses utilisent alors ce corps comme offrande au grand Dieu Agrabi en le sacrifiant dans les flemmes afin que la fumée de ce cadeau divin monte au ciel. En effet ce peuple, étant profondément croyant, pense dur comme fer que tout ce qui leur tombe du ciel, il faut l’y renvoyer.

Voilà un portrait non moins succinct mais non moins représentatif de la vie de ce peuple indigène. Il y aurait je pense tant à dire sur les Papalous mais mon profond respect envers cette tribu et ma légère peur de représailles me pousse à taire le reste de leurs coutumes et habitudes quelque peu … quelque peu exotiques.

Voyage en Papalousie, Lucien Van Dourver, Explorateur et Anthropologue Guadeloupéen d’origine Russe.


Peuplade imaginaire, ethnologue imaginaire

La tribu du centre du monde

Kamila Chérif

Du centre du monde remontent des accents de dialectes, sourds, bruyants et laids, que les Jacasseurs jacassent sans tarder dès leur première minute de vie. Parole instinctive et esprit fougasse, voilà les Jacasseurs dans toute leur splendeur. Ils sont tous chauves, et n’ont ni sexe ni couleur, mais sont d’une fadesse folle et curieuse, d’une couleur de vase. Les bébés naissent par hasard, par ci par là, tout le monde peut en avoir et tout le monde peut en faire. Les bébés sont bleuâtres et ont de longues dents fines sur les joues, comme des défenses appelées crotochs, qui tombent à leurs cinq ans, âge de l'adolescence. Les Jacasseurs-Centreux (on peut dire les deux) aiment décorer les défenses des bébés de morve d’adulte pour leur porter bonheur. Et ils parlent, ils s’expriment, beaucoup trop ; et remontent de leur ville des coassements infernaux. Leur langue, le Cropa, est une langue uniquement parlée, voilà aussi pourquoi tous les Jacasseurs jacassent, exsprodent, marmodent, parlotent tout le temps. Eh oui, ils ont une ville, toute faite de feuilles séchées, roulées de crotte et durcies au charbon. Des maisons s’échappent les petits bruits timides de souchalots, souchal animal “national” (ressemblant à de petits lézards-souris), que chaque foyer abrite avec préciosité, car plus il y en a, plus de chance il y a ! Ils se saluent en se donnant des baffes, rougissant leur joues ternes d’un éclat pourpre et rose-sang : plus vous avez de bleus, plus vous avez d’amis! Et leurs journées n’ont ni début ni fin, ni fin ni début, (dans le centre du monde, de soleil il n’y a). Dans ce chaos total qui leur est bien égal, et dont ils se régalent empiffrés de bonheur, les Centreux-Jacasseurs toujours gais, se nourrissent de l’air. Ils font d’immenses chasses “nationales d’air frais, courant sur la terre noire et calcinée du Centre, et c’est un beau vacarme que ces chasses-là, nommés les Croâssidis . Les Jacasseurs sont des créatures incroyables, virevoltantes, et à la fois tout à fait insignifiantes. J’ai vécu une immersion surprenante dans le coeur paradoxal du centre du monde, et j’ai toujours dans la tête un tintamarre désagréable – échos et souvenir des voix des Jacasseurs.


L   E   S        U   R   O   N   A   I   S 

Shane Haddad

Les Uronais se consacrent particulièrement à la musique. 

Chez eux, la musique n’est pas seulement liée à un moment récréatif, elle est constante. Les jeunes Uronais apprennent d’abord à la déchiffrer et à la jouer, avant d’apprendre à lire et à écrire. Les Uronais considèrent le chant comme un langage. Ils le préfèrent aux mots, parce qu’il est un fluide sincère, en accord avec ce qu’exprime le corps. Avec les mots, l’on peut mentir ; avec le chant, une fausse note tout de suite s’entend. 

L’importance de cette pratique n’est pas de chanter le mieux, ou même de bien chanter, mais simplement de le faire. Tous les Uronais sont choristes, et ceux qui se veulent solistes ne font jamais durer leur moment de fierté, parce que l’objectif commun est de trouver un équilibre subtil entre toutes les voix. 

Les Uronais chantent au travail, au déjeuner, et après le diner. Les métiers difficiles sont toujours accompagnés d’une mélodie pour rythmer et motiver les travailleurs. 

Souvent, la réunion est plus importante le soir. Lorsque de nouvelles voix se lancent, les plus habitués prêtent une attention particulière à ce moment. Tous s’écoutent et s’adaptent pour trouver de nouvelles résonances, une nouvelle mélodie, une nouvelle couleur.

S’il s’agit de se bagarrer, les Uronais forment un clan et chantent de manière à intimider l’adversaire. Les regards, les provocations, les mots, la haine passent par un chant grave qui vient du ventre, et qui explore des notes et des organes que nous ne sommes pas capable d’imaginer.

Les chants n’ont jamais de parole, et aucun n’est identique. Les Uronais n’ont pas d’hymne, n’ont pas de refrain. Ils inventent en fonction de l’environnement, et leur chant dit toujours quelque chose. 


La revanche du Tabou

Bérangère Langer

Dans une écolson, il s’y trouvait des brucons aboysultants face à un chétif Tabou. Et tous les jours une panache, un crachtule, des malcou pleuvaient sur le jeune Tabou apeurayé priant. Un jour, il dispeurt dans l’écolson sous le peurdoigts du chef brucon. Le sanpère du Tabou était un polipoulet armé. Le soir où il apprit la mort du Tabou, il sombra dans une pleulie et prit son pistopan à son cou. Il courut jusqu’au couptrier brucon, tamboufonça sa porte. Et pan,pan,pan le pistopan avait tiré, el badge et le cœur du polipoulet tombèrent comme l’englosale du Brucon. L’âme du Tabou terrifie les actes barbueries de tous les autres brucons.

Le jeune tabou n’avait jamais osé en parler.


Les poilésors

Piéra Fauriant

Si vous vous baladez dans les immenses pleines du désert bleu, vous croiserez peut-être quelques Poilésors en pleine coupe.

Ces petits êtres, pas plus grands qu'un avant bras, sont repérables grâce à leur chevelure qu'ils traînent derrière eux. Surtout, n'allez pas croire que cette touffe pleine de noeuds et de grains de sable qui les suit partout soit un quelconque symbole d'une mauvaise hygiène. Au contraire, le Poilésor est un maniaque de la propreté et un Poilésor barbu est un Poilésor dégoûtant.

Non, cette chevelure, symbole de sagesse, est le sens même de l'existence d'un Poilésor. Ainsi, dès les trois ans du petit Poilésor celui-ci est baptisé par la Déesse Cheveluresque qui tranche sur l'avenir de l'enfant:

-soit il a une nature de cheveux forte, dense et brillante qui plaira à la déesse. Dans ce cas, le petit Poilésor chanceux devra, à son cinquantième anniversaire, faire offrande de sa tignasse à la merveilleuse déesse.

-soit ses cheveux sont hirsutes, secs et ont des épis, ce que la déesse n'appréciera pas du tout. Le petit Poilésor malchanceux devra alors, tous les dix ans, faire don de sa toison à son peuple afin de créer de nouveaux vêtements, couvertures, etc. 

La cité des Poilésors est composée ainsi : en son centre on trouve le gigantesque temple de la déesse, tout autour ont été installés des salons de coiffure où, tous les jours, sont coupés des tonnes de cheveux et enfin, le dernier cercle est composé des maisonnettes des Polésors. 

Si un jour donc, alors que vous traversez les plaines de sable turquoises de ce désert et que, de loin, vous pensez apercevoir une gigantesque chevelure, ne vous approchez pas trop et laissez les Poilésors continuer à vivre en paix. 


Les Cléossols ou la solitude incarnée

Jeanne Quibel

Être Cléossol c’est faire de la solitude un art de vivre. Nous ne savons pourquoi ceux-ci ont décidé de vivre en autarcie, chacun de leur côté. Tant de choses nous restent à découvrir sur ses étranges ermites.

Le Grand Moment dans la vie d’un Cléossol, c’est l’adolescence. Sa mère a veillé sur lui pendant ses années insouciantes, elle lui a apprit comment survivre, sans elle. Elle lui a enseigné les principes qu’un Cléossol doit toujours avoir à l’esprit, principe qu’elle tenait de sa mère, que la jeune Cléossol devra transmettre à son tour lorsqu’elle sera parente et que le jeune Cléossol se contentera de garder en tête pendant toute son existence. La séparation des genres est essentielle pour ce peuple atypique. 

Ainsi, lorsque la mère décide qu’il est temps pour sa jeune fille de devenir adulte, elle quitte simplement le foyer et se cherche un endroit où passer la fin de sa vie, seule. La jeune Cléossol peut, pendant les premiers temps, se sentir abandonnée. Mais elle s’adapte. On lui a apprit qu’elle devait vivre ainsi. Elle reste à l’abri, survit, et attend un événement. Cet événement dont sa mère lui a temps parlé. Cet événement qui lui fait un peu peur, il faut bien l’avouer. Surtout si l’expérience de sa mère avait été catastrophique. En attendant l’inattendu, elle s’occupe. Elle n’aime pas trop sortir de ce cocon mais il faut bien savoir provoquer le destin, parfois.

Le jeune garçon Cléossol a par comparaison un Grand Moment moins… monotone si on peut le dire. Lorsque la mère décide que son enfant doit devenir un homme, elle le chasse simplement du foyer. Le Cléossol ne proteste pas, car, généralement, il est heureux que sa mère voie en lui l’homme fort qu’il se croit être. Ce n’est que lorsqu’il doit survivre seul, sur les routes, dans un univers qu’il ne connait que trop peu qu’il se met à regretter la chaleur maternelle. Cependant, on lui a appris qu’il devait vivre ainsi. Alors il s’adapte. Et il recherche l’événement. Cet événement dont sa mère lui a temps parlé. Il ne sait pas trop comment s’y prendre, sa mère étant resté très vague sur les détails. Il se débrouille. Parfois, il rencontre un jeune Cléossol, aussi perdu que lui, n’ayant pas encore vécu l’événement. Parfois, il rencontre un Cléossol plus âgé et il le respecte. Car l’événement n’a plus de secret pour lui. 

Un jour, enfin, il rencontre l’inattendu. Après le bonheur qu’ont les deux jeunes Cléossols de pouvoir découvrir ensemble cet événement dont leur mère leur a tant parlé, vient la gêne. Parce qu’aucun des deux ne sait réellement comment s’y prendre. Mais grâce à leur formidable éducation, la jeune Cléossol prend les devants et emmène l’homme chez elle. Puis, c’est à lui de prendre les choses en main. A ce moment de l’événement, les témoignages divergent fortement. Certains événement se passent mieux que d’autres, certains sont tout bonnement assez horribles et il ne vaut mieux pas les décrire. D’ailleurs, les Cléossols victimes de ces événements ratés décident d’eux-mêmes de ne pas en parler. 

Le lendemain, la Cléossol retrouve sa douce solitude. Selon sa nature, elle rêve de revivre un événement ou préfère se contenter de ce qu’elle a pu vivre la veille. Selon le hasard, un nouveau Cléossol peut voir le jour, neuf mois après l’événement. La Cléossol doit alors éduquer son enfant comme sa mère l’avait fait pour elle, jusqu’au jour où elle décidera qu’il est temps pour lui de voler de ses propres ailes et de découvrir l’événement.

On imagine bien que, pour certains jeunes Cléossols, le Grand Moment et l’événement sont vécus comme des grands traumatismes. Peu décident cependant de rejeter leur patrie et de fuir la solitude, le grand bien des Cléossols. Ceux qui arrivent à franchir le pas trouvent refuge dans la ville des Pezars. Un centre d’accueil a été même mis en place pour aider les Cléossols perdus et leur apprendre la vie en société. 


La vallée des dados

Astrid Génermont

Y a-t-il des paresseux dans cette salle ?

Les dados vivent dans la vallée escritalopramérasoquadrémuravémidoclarimandoggomirba.

Enfin, ça c'est le nom officiel de la vallée.

Dans la pratique, on l'appelle tout simplement la vallée des dados. Certains dados se seraient plaint et auraient déclaré que c'est imprononçable.

Faut peut-être pas exagérer quand même !

Faut dire que les dados sont hyper paresseux.

Et douze fois dans l'année pendant un mois à chaque fois, ils expérimentent leur paresse.

Ils dorment à peu près toute la journée. Ils font leurs besoins à l'endroit où ils dorment et quand ça pue trop et que ça devient insoutenable, ils se déplacent de quelques mètres en se poussant les uns les autres.

Mais bon, la plupart du temps le putois ne sent pas l'odeur de ses aisselles, alors...

Ils passent tellement de temps à avoir la flemme d'aller chercher à manger que la plupart du temps soit ils meurent de faim, soit ils mangent leur caca. Charmant !

Pour boire, aucun souci, ils pissent dans des sortes de bols (qui ont dû tomber du ciel puisqu'ils ne font absolument rien) et ils crachent un peu dedans puis ils mélangent avec leurs doigts et ils boivent le tout.

Ils ne se lavent pas, trop d'efforts !

On les habille à la naissance et ils gardent leurs vêtements jusqu'à leur mort. Pourvu qu'ils ne grandissent pas trop !

Bref, la paresse extrême comme vous l'aurez vu engendre la saleté.

Y a-t-il toujours des paresseux dans cette salle ? 


L'Histoire fausse

Nicolas Carton 

Sur une île très loin, très très loin, loin loin loin, vivaient deux tribus : Les Mamons et les Manchons. Ils se répartissaient en nombre égal dans cette contrée qu'on appelait la Guche. Le chef des Mamons s'appelait Hamham et le chef des Manchons s'appelait Muchemuche.

Les Mamons aimaient le Huifi qui permettait de voir des dessins animés sur des écrans qu'on appelait phonephones. Ils étaient heureux, sauf quand l'éolienne qui alimentait le Huifi tombait en panne. Les Manchons aimaient le Trovail qui était un chapeau en fer dont le port donnait des rides mais qui les rendait heureux. Mais ils ne l'étaient pas tous car il n'y avait pas assez de Trovail pour chaque membre.

Les Mamons se réunissaient tous les samedis soirs avec des pantalons moulants pour écouter une musique qu'on appelait Électrok. Leur chef Hamham finissait toujours la soirée par un discours. Il disait : Ham... haaamac ! Huifi, hui, huiiiiii ! Boum boum tchak, la Guche, la Guuuche !!

Les Manchons se réunissaient tous les dimanches matins avec des colliers de merguez et des banderoles fluos. Leur chef Muchemuche prenait toujours la parole et haranguait la foule : Du Trovail... du Trooovail ! Chapeau... beau ! Ha nan nan ! Ha oui oui ! La Guche, la Guuuche !!

Et ainsi allait la vie sur la Guche.

Sur une île opposée, qu'on appelait la Drute, vivaient deux autres tribus. Mais l'une d'elles avait disparu récemment. C'était les Caincains dont le chef s'appelait Fouillefouille. Ils aimaient les groseilles, mais comme ils avaient tout mangé très vite, ils étaient morts. Seul restait leur chef Fouillefouille, qui vivait enfermé dans une cahute en reprisant des chaussettes. L'autre tribu de la Drute se nommait les Leupeignes. Leur cheffe s'appelait Ririne. Les Leupeignes avaient à la fois du Huifi et du Trovail. Ils étaient très contents. Ils se réunissaient tous les jours avec des drapeaux rouge-brun et chantaient des hymnes étranges : Doyetchlande, Doyetchlande, Oubèr alleusse, Ouuubèr alleusseee hine dèreu felte. Leur cheffe Ririne terminait ces effusions par des appels vibrants : Huifi : huiiii ! Trooovail : huuuiiii ! Ririne : la Drute ! Ri-riiine : laaa Druuute !!

Un jour les Leupeinges voulurent conquérir la Guche. Juste par envie. Ririne lançait des discours à tout-va : La Guche ? Nan nan ! La Drute ? Hui hui ! Ha hui ? Ha huiii !! Toute la Drute répondait en choeur : Hui, hooo huiii !!

Du côté de la Guche, on était déterminé à se défendre mais on n'arrivait pas à s'entendre. Les chefs passèrent trois mois à discuter en secret, mais, en public, le discours était toujours le même. Muchemuche disait : La Guche, la Gucheee !! Et Hamham disait : la Guche, la Gucheee !!

Mais alors que Ririne s'apprêtait à conquérir la Guche, tout à coup tomba du ciel un ange qui s'appelait Croncron et qui atterrit en plein sur sa tête. Et c'est comme ça qu'ils moururent tous les deux.

Du côte de la Guche, on criait : la Guche, la Gucheee !! Et chacun retourna à ses occupations.

Sauf que sur l'île de la Drute, Ronron, la fille adultère de Ririne haranguait les foules : Huifi : huuiiii ! Trooovail : huuuiiii ! Ronron : la Drute ! Ronrooon : laaa Druuute !!

Tout le monde tapait des mains et tout le monde était content.


Essais de néologismes inspirés du poème ci-dessous:

Henri Michaux, Le grand Combat

 

Il l’emparouille et l’endosque contre terre ;

Il le rague et le roupète jusqu’à son drâle ;

Il le pratèle et le libucque et lui barufle les ouillais ;

Il le tocarde et le marmine,

Le manage rape à ri et ripe à ra.

Enfin il l’écorcobalisse.

 

L’autre hésite, s’espudrine, se défaisse, se torse et se ruine.

C’en sera bientôt fini de lui ;

Il se reprise et s’emmargine... mais en vain

Le cerceau tombe qui a tant roulé.

Abrah ! Abrah ! Abrah !

Le pied a failli !

Le bras a cassé !

Le sang a coulé !

Fouille, fouille, fouille,

Dans la marmite de son ventre est un grand secret

Mégères alentour qui pleurez dans vos mouchoirs ;

On s’étonne, on s’étonne, on s’étonne

Et on vous regarde

On cherche aussi, nous autres, le Grand Secret.


Une histoire de housse de couette

Astrid Génermont


Régulièrement il fallait changer la housse de couette

Et c'était toujours la même histoire.

Impossible de mettre tranqualme une housse de couette...
 

Charlotte supervise.

Astrid vipère.

Pourtant au début elle zène !

Elle prend la couettasse, la place dans la housse, la laisse glisser...et là ça se difficulte.

Eh non ! Ça ne marche pas !

Ce qui semblait si beau s'est soudain mochi !

Et c'est là qu'elle vipère !

Je peux vous dire que ça vient du cœur :

«-Endroitise-toi sale couette ! »

Charlotte tente de la calmer :

«-Tu te maladises là ! »

«-Je m'ensommeile surtout ! »

«-Il te suffit de l'emparouiller et de l'endosquer jusqu'au bout. »

Elle reprise, Charlotte rigale.

La couette ne fait que s'embouler, se balloner.

C'est la décompréhension totale.

Pourquoi est-il si difficile de couêtir !?

Comment elle avait fait Charlotte la dernière fois ?

«-Bon Astrid, cesse de t'astridiser et encharlotte-toi. »

Et tout d'un coup, tout se simplicise, tout se déshorribilise.

La couette glisseule et c'est fini.


Au sommet

Nicolas Carton

 

Échange historique : Hamham versus Muchemuche.

Tentative historique : alliance contre les Leupeignes.

Dernière réunion historique.

Paroles historiques.

 

Hamham déclama, avec lairbienité :

— La Guche ? Hui.

 

Muchemuche répliqua, avec forcité :

— La Guche ? Naaan !

 

Hamham s'emporta, avec moyenneté :

— La Gucheu ! Hui... Hui !

 

Muchemuche argumenta, avec pacontenteté :

— La Guche ?? Hui hui... et NAN !

 

Hamaham relativisa, avec gentillité :

— La... Gu... cheee...... huuui ?

 

Muchemuche clôtura, avec rienité :

— La Guche, hui, la Guuuche, nan.

 

Ils se quittèrent contents mais n'eurent pas d'enfants.

 


Pastiche de Michaux, Le grand combat.

Mathieu Bousquet

 

La bouche est clavée

Les pognes en resclos

On impulte en corps

Des gobiles de fer et de métal

 

La charnie est telle qu'il a fallu déboulloter

De la chair, mais pour le dog : une cassoucroute.

Et les babines se clopent dessus

Et ça court dans l’hôpital.

« Aggrapinez-le ! »

Poursuite dans tous les pangles

Mais le canidé, gamellier, a soufflé de painsifflements.

 

Goulûment, il le glappone.

Furiepreur dans l'hosto,

Faut fumer le chien

Le terminer à coup de piqûre

Cleps fini, qu'on débouillote

Pour le bonhomme.

Les médecins espèrent que l'homme

N'enrage ou ourafouaf partout !
 


La tartinoise

Piéra Fauriant

 

Jeanne sort de sa chambretinne,

Albert fait de même,

Ils se toisardent.

Une fois dans la mangearde, 

Horreur : il ne reste plus qu'une tartinoise.

Jeanne se lancarde,

Albert fait de même.

C'est le chocois,

Albert et Jeanne se rentrebultent 

Et tombent sur la tablière de la mangearde.

La tartinoise tombe alors au sol

Et Albert et Jeanne, après avoir ménayer,

Se servent chacun un bol d'elaéréc.
 


Un choix cornéboulien

Jeanne Quibel

Mon corps a besoin d’un liquide déshylarant.

Un café ou un thé bien calquor ? 

Peut-être une limonade sugalisante ?

Ou tout simplement une eau pastillante ?

 

Le serveur m’interrompt dans mes réflexions

Il est petaud, arrogninant et me demande mon choix de boisson

Comme je n’ai pu me décider, il repart énervosié

Je sens qu’il ne reviendra pas avant un longûment moment

 

La terrasse est remplette. J’entends à côté qu’on parle d’une estaninante aventure.

Il est question d’une femme terrigriante, amasourdante et frêlicieuse

Non, l’autre répond qu’elle est plutôt mysternante et danginilatrice

Ils l’ont rencontré tantôt et ne savent qu’en penser. 

 

Le petit garçon crie pour une glace frigogide

Il énumère des goût estaninants, parfums d’exotérismes

Ses parents rechignent à céder à son caprice

Ils disent que son palais ne supportera pas un tel dessert.

 

L’addition semble trop exponenié pour des étudiants énervosié

Ils veulent partager mais ne savent plus comment compter

Les pièces roulent et personne ne veut les ramasser.

Maintenant, on vient même de déchirer un billet

 

Je suis trop amugolée pour répondre à mon serveur préféri.

Et puis je n’ai toujours pas résolu mon choix cornéboulien.

Son agacement est flasible. Il attend mon édit.

Quelque chose de calquor ? de frigogide ?

Une boisson estaninante, sugalisante ou pastillante ?

Qu’importe, répondis-je. Le plus important est qu’elle soit déshylarante.
 


L A   D É B Â C L E   D E S   B A S - F O N D S 

Shane Haddad

 
Dans les plantrins de sa grand-mère, elle s’en va faroiser les coins ambrumes

Tout est silencieux, les oiseaux au-dessus chaflerètent

et la fille vadatreuse là où elle ne devrait pas. 

Cette fois elle trouve un morpe fermé mystérieux qui ravit ses yeux 

Alors elle cogne, elle tacre, elle s’énemparusque contre elle-même 

face au morpe enfourssé, soudé, bouche basouée. 

Elle n’ira pas apércher sa grand-mère, le morpe est son plénigmérion

 

Elle reviendra demain, après-demain et le surlendemain pour comprendre… 

Détrouiller le mot magique qui la fera passer de l’autre côté.



mise à jour le 25 juillet 2017


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