Présentation :

Ce colloque cherche à confronter et faire entre en dialogue plusieurs traditions critiques et historiographiques en plein essor – l’écocritique, les approaches matérielles, et l’histoire globale de la première modernité – autour d’un même objet, celui du vêtement et du costume de scène. En effet, ce dernier fait encore un avec le vêtement à une période où, en Angleterre, la production de costumes spécifiques au théâtre n’existe pas, mais résulte d’une politique concertée d’achats et de troc de la part des troupes et gérants des théâtre publics, dont fait partie Shakespeare, auteur global s’il en est. Le terme archaïsant en anglais de habit, plus commun alors que ceux de costume ou clothing, désignait, comme il le fait encore aujourd’hui en français, le vêtement propre à une fonction, l’apparence d’une personne, autant que l’ « habitude » ou la coutume, tout en évoquant l’idée d’habitat naturel et culturel. Parce qu’il couvre la peau et sert d’interface entre le corps et l’environnement, l’habit peut être considéré comme le premier lieu d’une écologie. Eco, dérivé du grec oikos, renvoie à la maison ou lieu d’habitation, tandis que le logos veut dire à la fois le « discours » et la « science ». En rassemblant spécialistes du théâtre anglais de la première modernité, historiens du vêtements, conservateurs et professionnels de la scène, venus de France, de Suisse, d’Allemagne, d’Angleterre, de Finlande, de Tunisie, des États-Unis, et de Chine, ce colloque cherchera à analyser plus finement la façon dont textes et textiles s’éclairent et s’étoffent mutuellement à l’ère prémoderne. Il s’agira de repenser le rôle et la place du vêtement tel qu’il s’expose sur la scène dans une Angleterre à la fois soucieuse d’affirmer sa propre culture et désireuse de s’ouvrir sur l’extérieur, à travers autant d’habits et de matériaux textiles venus des quatre coins d’un monde en pleine expansion. Ecologie globale, économie, et écologie scénique du vêtement se croisent : l’étoffe devient alors autant une affaire de rencontre et d’identité que de spectacle.