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Allemand/Etudes germaniques

Sixième sens et quatrième dimension : sensorialités, arts et esthétiques - Séminaire 2023-2024

Responsable(s)

Objectifs

Présentation du séminaire

Les arts contemporains expérimentent de nouvelles associations et hiérarchies entre les cinq sens (l’odorat par exemple acquiert un nouveau statut), créent des synesthésies, reconfigurent et redéfinissent la relation de l’œuvre à l’espace et au temps. Que ce soit dans le cadre de scénographies muséales, d’expositions ou de représentations théâtrales, les performances et les dispositifs immersifs ou participatifs vont de pair avec une implication corporelle et perceptuelle du spectateur : celui-ci ne se tient plus dans une contemplation distanciée mais se trouve environné par l’œuvre, dont il fait l’expérience de manière en apparence immédiate. Pour l’esthétique, longtemps conçue comme une théorie du jugement, il s’agit dès lors de sortir du paradigme de la réception et de penser à nouveaux frais une agentivité des œuvres d’art, que ce soit autour de la matérialité, ou de la « Bildwissenschaft » (science de l’image), qui a connu un fort impact en Allemagne, ou encore par le biais de notions comme l’atmosphère, la présence, la soma-esthétique, voire à travers certaines réflexions actuelles sur la contemplation comme un regard articulant voir et savoir entre art et religion.

Le rôle de la sensorialité et du corps humain dans les arts et l’esthétique invite à considérer des territoires autres, une sorte de « quatrième dimension » et/ou de « sixième sens ». Ceci devient possible notamment grâce à une mise en perspective historique en remettant à l’honneur le paradigme sensoriel qui est à l’origine de l’esthétique allemande dans l’Aesthetica d’Alexander Gottlieb Baumgarten en 1750/58. Ce paradigme esthétique a été souvent occulté dans les récits de la fondation de cette discipline qui n’y voyaient qu’une préfiguration imparfaite de l’esthétique kantienne. Or, le retour à ses origines historiques montre que, depuis le début, l’enjeu est double : il s’agit de réinventer l’art, mais aussi la sensibilité, et donc l’homme entier.

            Spécialistes de l’histoire de l’esthétique, de la science de l’art et de l’anthropologie, du théâtre et des études visuelles, des questions religieuses dans l’aire germanophone, nous proposons donc dans ce séminaire, d’une part, de réinterpréter la tradition esthétique allemande afin de mettre en évidence les articulations qu’elle convoque entre corps, matières et médias, et, d’autre part, d’historiciser de la sorte les évolutions contemporaines, tout en explorant et en analysant ces dernières. Notre séminaire souhaite par conséquent s’ouvrir à d’autres espaces, arts et esthétiques, tout en s’ancrant dans l’aire culturelle germanophone, étant donné l’importance historique de la pensée esthétique allemande.

Des chercheurs et éventuellement des artistes de différentes disciplines et de divers horizons interviendront dans le cadre des six séances prévues pour 2023-2024 (à chaque fois le vendredi de 14H30 à 16H30. Chaque séance se déroulera en deux temps : lors de la première partie, l’invité (voire deux invités) présentera ses recherches en cours ou bien un ouvrage déjà publié ou encore un extrait de texte théorique/un extrait d’œuvre (précédemment communiqué à l’ensemble des participants du séminaire) ; une discussion commune s’ensuivra lors de la deuxième partie de la séance.

Horaires

Programme des séances du séminaire en 2023-2024 :

[PDF - 620 Ko]
Le programme du séminaire est téléchargeable ici. [PDF - 236 Ko]

En 2023-2024, après s’être attaché l’année précédente aux relations entre les sens et aux synesthésies, notre séminaire se penchera plus particulièrement sur la notion d’atmosphère, qui a été théorisée dans les années 1990 par le philosophe allemand Gernot Böhme et est aujourd’hui fréquemment employée dans les discours sur les arts et l’esthétique, ainsi que, plus largement, dans le champ des sciences humaines et sociales. En recourant au concept d’atmosphère, Böhme souhaite fonder une nouvelle esthétique, qui ne chercherait pas tant à attribuer une signification aux œuvres et à porter un jugement à l’encontre de ces dernières qu’à les appréhender dans leur dimension d’événement et de présence sensible, en termes de perception et d’expérience. Dans cette optique, il conçoit l’atmosphère comme « la réalité commune à celui qui perçoit et à ce qui est perçu » : « elle est la réalité de ce qui est perçu en constituant la sphère de sa présence, et elle est la réalité de celui qui perçoit dans la mesure où celui-ci, en ressentant l’atmosphère, a une présence corporelle particulière[1] ». Nous voudrions nous interroger à la fois sur les définitions possibles de l’atmosphère et sur les emplois variés qui peuvent être faits de cette notion dans le cadre de l’aire germanophone (y compris en historicisant la question). Nous souhaiterions notamment examiner la manière dont elle est aujourd’hui particulièrement mobilisée dans différents contextes, qu’il s’agisse de l’architecture, du théâtre, du cinéma, de la musique et des musées, voire, au-delà de la sphère artistique, en relation avec la nature ou encore, selon un tout autre registre, à des fins commerciales, par exemple pour la production d’atmosphères dans la publicité.
 

[1] Gernot Böhme, Atmosphäre – Essays zur neuen Ästhetik, Francfort/ Main, Suhrkamp, 2014 (2ème édition), p. 34 : « Die Atmosphäre ist die gemeinsame Wirklichkeit des Wahrnehmenden und des Wahrgenommenen. Sie ist die Wirklichkeit des Wahrgenommenen als Sphäre seiner Anwesenheit und die Wirklichkeit des Wahrnehmenden, insofern er, die Atmosphäre spürend, in bestimmter Weise leiblich anwesend ist ».


mise à jour le 20 octobre 2023


Renseignements :

CEREG - Centre d'Etudes et de Recherches sur l'Espace Germanophone - EA 4223
Université Sorbonne Nouvelle

MAISON DE LA RECHERCHE

Bureau A207

4, rue des irlandais

75005 PARIS

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