Organisateurs : Jean-Pierre Naugrette (Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3), Gilles Menegaldo (Université de Poitiers) et Hélène Machinal (UBO, Brest)

Adresse électronique : naug@club-internet.fr

En Angleterre, en Amérique, en France aussi, dans les librairies et sur les écrans, on ne parle que de lui. Archétype du détective moderne, il est une référence obligée, et son succès populaire ne s’est pas démenti depuis 1887 jusqu’à nos jours où pièces de théâtre, films, séries télévisées, bandes dessinées, romans contribuent à transformer, comme autant de réécritures à la lisière du pastiche le personnage de fiction en l’une des grandes figures mythiques de notre horizon contemporain. Sherlock Holmes pose en effet des questions essentielles à nos modes de pensée et de cognition, aussi bien dans le champ de la science, de la médecine, de la sémiologie, de la philosophie, que de la pensée. C’est sans doute parce que notre époque, plus victorienne qu’il n’y paraît, ne cesse de questionner et de remettre en jeu les enjeux complexes d’une epistemè des années 1870-1900 : lui-même médecin, engagé dans son siècle avec ses progrès et ses hantises (ses guerres, notamment), au fait de ses avancées technologiques (train, métro, télégraphe, etc.) et épistémologiques (théorie de l’évolution, darwinisme, intuition de l’inconscient), Conan Doyle s’en faisait l’écho avec une acuité et une précision qu’il faudrait qualifier de chirurgicale.

Dans ce qui constitue le premier colloque tenu en France sur le personnage créé par Doyle, des personnalités comme l’écrivain argentin de langue française Alberto Manguel (qui évoque le poème « Sherlock Holmes » de J.L. Borges), des chercheurs reconnus sur Conan Doyle et Sherlock Holmes en particulier, des spécialistes de cinéma, de théâtre et de bandes dessinées s’interrogent ici sur la pérennité du mythe dans ses avatars les plus récents et contemporains, où Sherlock Holmes et son fidèle Dr Watson ont intégré notre monde d’Internet, de l’ordinateur et des téléphones portables, où détection et communication se répondent. Comme dans le colloque tenu à l’Université de Londres en juin 2013, « Sherlock Holmes, Past and Present », une bonne part des communications porte sur les adaptations au cinéma et dans les séries TV, depuis les versions de Granada TV dans les années 1990 jusqu’aux séries récentes comme le Sherlock de la BBC ou Elementary. Dans son dernier costume de jeune homme capricieux et survolté, le froid logicien apparaît bel et bien comme « un nouveau limier pour le XXIè siècle ».