Depuis trois siècles, le roman de  moeurs apparaît à la fois comme le prolongement d'une satire sociale et comme l'établissement d'un discours sérieux sur la condition moderne. Il prend en compte d'une manière non comique la matière traditionellement traitée par la comédie et par les autres genres qui font rire.  Cette matière comique est constituée par ce qui est jugé bas : la partie inférieure de l'être humain, le corps et ses fonctions, et la partie inférieure de la société, les basses classes. Le roman réaliste moderne est donc démocratique par sa tendance à ne pas faire rire: ni de l'existence corporelle,  ni de l'existence populaire. Il garde pourtant quelque chose de la moquerie satirique et côtoie la caricature : chaque lecteur de Balzac ou de Dickens le sait bien. Cette survivance du comique apporte-t-elle un démenti à l'interprétation du roman réaliste comme genre sérieux? Ce cours tentera de répondre à la question, et de mieux définir l'articulation entre sérieux et comique dans le roman.