Inscription gratuite : cliquez ICI pour le formulaire en ligneQue le changement soit simplement un ajustement, une adaptation, une modification ou qu’ilaille jusqu’à la transformation, la rupture, la métamorphose, la création, il constitue un phénomène“normal”, au sens où la vie humaine s’inscrit toujours dans une dynamique de changement. Dansl’histoire de la philosophie, pour penser le changement, il a d’abord fallu penser l’invariance et lapermanence (Watzlawick et al., 1975). Saussure ne dit pas autre chose à propos de la languelorsqu’il écrit : « Il n’y a pas d’exemple d’immobilité absolue. Ce qui est absolu, c’est le principe dumouvement de la langue dans le temps ». Penser le changement, comme le passage d’un état à unautre, c’est aussi penser l’identité, car celui qui a changé est à la fois un autre et le même (Rhéaume, 2016).
Qu’envisage-t-on quand on parle de changement dans l’enseignement des langues ? Il est sansdoute plus aisé de repérer “un avant” et “un après” le changement, que d’appréhender leprocessus de changement en lui-même.
Les travaux IDAP portant sur l’agir professoral ont pu montrer que tout enseignant, ayantl’occasion de prendre son cours comme objet d’étude, peut verbaliser ce qui lui semble avoir étéun obstacle et qui demande par conséquent une solution « autre », de telle sorte que le « bagageréflexif » est en mesure de se transformer en ressources d’action. Le fait d’avoir l’occasion d’êtredans une posture réflexive lui donne la possibilité de mieux pouvoir repérer les solutions qu’il a lui-même trouvées dans le vif de l’interaction ou de pouvoir penser les termes des éventuels dilemmesauxquels il est confronté. Des dispositifs de recueil de données spécifiques peuvent inviter lesenseignants à se retourner sur leur passé d’enseignant en déployant une réflexivité sur le plus longterme. Chemin faisant, l’enseignant prend conscience de l’élargissement de son répertoiredidactique (Cicurel, 2002), de la reconfiguration de son agir professoral (Cicurel, 2011), et del’évolution de son désir didactique.
Au niveau du sujet enseignant, on pose que le changement prend place dans ses pratiqueseffectives, selon deux échelles temporelles différentes et complémentaires : dans le temps brefd’un cours singulier (en classe ou dans tout autre dispositif d’enseignement), et, dans le tempsbiographique du parcours professionnel (vécu de plusieurs cours, sur plusieurs années). A partir duvécu entre temps brefs et temps biographique, des prises de conscience peuvent déboucher surune volonté de modifier ses modes de transmission du savoir. Lorsque les enseignantscommentent leur pratique, des traces discursives telles que : « il faudrait », « ça pourrait être » ou« je ne le referai plus ainsi » sont des indicateurs qui révèlent le « pouvoir d'agir » (Clot, 2008) del’enseignant, pouvoir d’agir qui inclut le « pouvoir de changer ». Ceci lui permet d’ajuster sescomportements, de revenir sur certains actes, de décider de faire autrement, comme sil’enseignant exerçant son métier possédait une boussole intérieure qui lui indiquait une nouvellepossibilité d’agir, un risque éventuel ou une direction à prendre. Le changement s’effectue le plussouvent par petites touches et n’intervient pas de la même manière selon les contextes éducatifs,les traditions d’enseignement, les habitudes d’apprentissage et les matériels/supports àdisposition. Ainsi, nous portons la focale sur le changement au niveau du vécu d’une situationd’enseignement (temps bref des interactions didactiques) ou de l’évolution des manières de faired’un enseignant (temps biographique d’un individu) ; sans oublier que ces changements peuventêtre situés dans un temps long, historique (Grossetti, 2009), où les changements, en didactique deslangues, sont généralement pensés en termes d’évolutions des méthodologies d’enseignement.L’articulation entre ces différentes temporalités (Bigot et Leclère, 2022) est au coeur de la questiondu changement dans l’enseignement des langues.
Depuis 2019, le cycle de travail engagé au sein du séminaire Interactions didactiques et agirprofessoral (IDAP-DILTEC EA 2288) a permis de s’interroger sur la question du changement dansl’agir enseignant à travers l’exploration de données caractéristiques des travaux du séminaire quesont des interactions de classes enregistrées et transcrites et des discours d’enseignantscommentant leur action. Les séances de travail du séminaire ont permis aux participant.es. denourrir la réflexion autour de la notion de changement en étudiant les notions connexes(ajustement, transformation, etc.) et en interrogeant les discours des enseignants qui manifestentdes changements (dans les corpus d’interactions de classe) ou commentent des changementsconstatés, regrettés, attendus, souhaités (dans les corpus d’entretiens réflexifs,d’autoconfrontations, etc.). Ce colloque a pour but de clore ce cycle du séminaire IDAP, en mettanten dialogue des travaux issus du séminaire avec d’autres recherches menées dans le champ del’analyse des discours en interaction et dans l’analyse du travail enseignant.
Le colloque abordera les questions théoriques et méthodologiques que pose l’étude duchangement des pratiques d’enseignement.
On s’interrogera sur :
- les différents types de données recueillies et les méthodes d’investigation des corpus pour yétudier des traces de changement effectifs ou le rapport au changement dans la penséeenseignante ;
- ce sur quoi portent les changements visibles et/ou commentés par les enseignants : les pratiquesd’enseignement, les valeurs et principes d’action, les paramètres pris en compte pour adapter lespratiques d’enseignement à la situation, etc. ;
- ce qui provoque le changement et ce que provoque le changement, en articulant les différenteséchelles temporelles : temps bref d’un cours, temps biographique de l’histoire individuelle, tempslong des périodes d’influence des méthodologies d’enseignement.
Conférences
Francine Cicurel et Jean-Louis Chiss, Françoise Lantheaume, Pascal Simonet.
Communications
Kristine Balslev et Marcos Maldonado, Estefania Dominguez, Fumiya Ishikawa,Véronique Laurens, Valérie Lemeunier, Catherine Muller, Laura Nicolas.
Comité d'organisation
Violaine Bigot, Francine Cicurel, Estefania Dominguez, Véronique Laurens.