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Sara Pini, diplômée du Master Etudes Européennes

le 7 mai 2013

Sara Pini est diplômée du Master d’Etudes Européennes, et elle est aujourd’hui Project officer au Centre for European Studies (CES) où elle gère les relations avec les fondations membres.

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  • Diplômée du Master d'Etudes Européennes, quelles sont vos fonctions aujourd'hui ?

Après mon Master d'Etudes Européennes à la Sorbonne Nouvelle, j’ai complété mes études par un Master recherche à Sciences Po-Paris et j’ai ensuite décroché un stage au Pôle Europe-international de la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol).

Depuis, je suis toujours restée dans le milieu des fondations politiques européennes : après presque deux ans comme chargée de recherche à la Fondapol, j’ai été pendant un an responsable du bureau de la Fondation Robert Schuman à Bruxelles, ce qui m’a permis d’entrer en contact avec mon employeur actuel, le Centre for European Studies (CES), le think tank officiel du Parti Populaire européen (PPE).

Mon rôle, en tant que project officer, est de gérer les relations avec nos fondations membres : nous en avons 26, de 21 différents pays européens (UE ou pas) mais le CES est encore jeune, en pleine croissance et il est amené à s’agrandir ultérieurement dans le futur (en principe, toutes les fondations reconnues par un parti membre du PPE ont le droit de devenir membres du CES et le PPE compte à ce jour 73 partis membres…). Cela signifie de plus en plus de travail pour mon collègue du Project Team et moi mais aussi de plus en plus d’expériences intéressantes ! Notre travail est en effet très varié : gestion de projet, organisation d’événements, suivi budgétaire et règlementaire, communication… Concrètement, cela fait beaucoup de factures à payer, de budgets à suivre et de règlements à appliquer mais aussi des voyages aux quatre bouts d’Europe, des rencontres intéressantes et la participation aux conférences et séminaires les plus divers et variés.

  • Au regard de votre expérience terrain, avez-vous ressenti les besoins d'une formation "européenne"?

Bien sûr, j’ai la chance de faire un travail qui est directement en relation avec mes études donc je peux dire que celles-ci me sont d’une grande utilité au quotidien. Le fonctionnement des institutions européennes peut paraître très compliqué d’un premier abord et il est donc utile d’en connaître les rouages et les acteurs en avance, bien qu’on apprenne beaucoup sur le terrain aussi.

Mais il ne s’agit pas que de notions apprises. Le principal atout d’une formation européenne, à mon avis, est l’ouverture qu’elle promeut, ce qui est fondamental pour travailler dans un environnement international, au contact de tant de cultures différentes.

Enfin, une formation européenne va souvent (bien que malheureusement pas assez) de pair avec l’étude des langues, ce qui est bien sûr primordial lorsqu’on veut bosser dans les affaires européennes, du moins à Bruxelles : j’étais bien fière des 4 langues que je parle, mais mon boss, il en pratique 8… ça relativise pas mal de choses ! La connaissance des langues étrangères ouvre pas mal de portes : il s’agit d’un atout à ne pas sous-estimer.

  • Quelle est votre vision de l'Europe ?

L’Europe est pour moi encore celle des Pères fondateurs, celle qui « ne se fera pas d'un coup, ni dans une construction d'ensemble » mais par « des réalisations concrètes créant d'abord une solidarité de fait ». Mais rendre la guerre « matériellement impossible » n’est plus suffisant pour une génération qui n’a jamais connu de conflit armé mais qui, probablement pour la première fois dans l’histoire, se trouve dans des conditions de vie inférieures à celles de ses parents. Il faut un nouveau projet, un nouvel élan, un nouveau rêve européen qui redonne un peu de l’optimisme perdu à cette génération si précocement désenchantée.

Je crois qu’il y a deux pistes : d’abord, des réponses plus concrètes aux besoins et aux demandes des citoyens européens, notamment des plus jeunes ; mais cela implique de doter l’Union européenne de compétences qu’elle n’a pas aujourd’hui (ce qu’oublient souvent de souligner ceux qui l’accusent d’être un club fermé de technocrates imperméables aux véritables problèmes de la société), en matière de politique sociale, d’éducation ou d’emploi, avec une politique industrielle qui nous permette de rivaliser avec nos compétiteurs sur la scène internationale, une politique économique qui soutienne la politique monétaire et une véritable Union politique qui donne une légitimité démocratique accrue à cette construction sui generis qu’est l’UE. Aucun gouvernement national ne peut apporter tout seul les réponses qu’attendent aujourd’hui les citoyens européens ; il faut accepter d’harmoniser et coordonner les politiques nationales afin d’atteindre des objectifs qui, malgré les divergences apparentes, restent communs.

La première piste est donc plus d’Europe. Mais cela ne suffit pas. Comme le disait Monnet, « rien n’est possible sans les hommes, mais rien n’est durable sans les institutions ». Des institutions, on n’a de cesse de s’en occuper depuis Nice. Il faudrait maintenant se concentrer davantage sur les hommes : il faut construire une citoyenneté européenne, qui pour beaucoup n’a guère de sens, en promouvant les échanges et les contacts entre les jeunes Européens. Erasmus, le programme symbole de toute une génération d’Européens, a failli disparaitre à cause de la myopie des gouvernements… heureusement qu’il y a encore des citoyens, comme les promoteurs de l’Initiative citoyenne Fraternité 2020, qui y croient et qui sont disposés à se mobiliser pour le soutenir. J’espère que les étudiants et diplômés du Master d'Etudes Européennes en feront autant… 


Type :
Portrait

mise à jour le 3 juin 2013


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