Lieux : Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3, salle Bourjac, 17 rue de la Sorbonne, Paris 5e / Ehess, amphithéâtre du 105 Bd Raspail Organisateur : Claude Habib EA 174 - Formes et idées de la Renaissance aux Lumières Contact : Claude Habib
Rousseau fut le dernier réformateur de l'occident. Bergson voyait en lui «la plus puissante des influences qui se soient exercées sur l'esprit humain depuis Descartes ». Cette influence concerne la pensée pratique puisque Rousseau remodèle à la fois la société, la morale, l'éducation, la vie entière de l'homme. Cette remise en cause générale va de pair avec l'établissement de vérités nouvelles. Elles sont étrangères à la vision des Grecs, à la doctrine chrétienne ainsi qu'à la philosophie des Lumières, bien qu'elles entretiennent des rapports avec les trois. Rousseau eut non seulement l'ambition d'accéder à la nature de l'homme, mais l'impression d'y être parvenu. Du Second Discours à l'Emile, il s'attache à délivrer aux hommes une science qui puisse leur rendre un accès qu'ils ont perdu à l'humanité véritable. L'ambition de réformer ne se détache jamais du devoir de connaitre : il est sa première préoccupation pendant les douze ans qui suivent la publication du premier Discours. Sans disparaitre complètement par la suite, dans la phase de persécution qui commence avec l'exil, le service de la vérité se modifie : la défense de son honneur prend le pas sur le développement de son « système », même si d'importants compléments théoriques continuent d'émailler les écrits autobiographiques. Rousseau ne doute pas des vérités qu'il a établies, mais il cesse de se faire un devoir de les propager. La compréhension de la condition humaine a changé avec Rousseau ; c'est ce changement que nous nous attacherons à cerner, en associant des philosophes et des littéraires. Nous partons de la conviction que la distinction entre l'anthropologie de Rousseau et ses œuvres littéraires, sans être négligeable, ne porte pas atteinte à l'unité de son œuvre.