Rolland dans sa globalité fait paraître une diversité générique étourdissante, tout au long d’une période créatrice de plus de 40 ans. Mais le fil conducteur de cette exploration polygraphique, au-delà de ses bifurcations, voire de ses contradictions, est la recherche obstinée d’une compréhension totalisante de l’être et du monde. L’étude passionnée et la pratique régulière de la musique lui donne une orientation à la fois philosophique et stylistique. 

Philosophique, dans la mesure où Rolland s’intéresse inlassablement au mystère de la création artistique et à la manière dont l’art pourrait fonder ou refonder un humanisme, au-delà des antagonismes nationaux et des effets de mode culturels. Mais il passe par l’exploration de l’imaginaire beaucoup plus souvent que par la métaphysique. 

Poétique, car bien qu’il n’ait pas écrit de poésie versifiée, l’écriture telle qu’il la définit est fondée sur la prosodie et la rhétorique, l’envolée des images et des paradoxes, et s’affirme constamment à la recherche de l’harmonie derrière les dissonances. C’est aussi en ce sens que sa tentative littéraire est profondément politique, ce qui n’est pas incompatible avec le refus de toute idéologie.

Comment les différentes voies que lui permettent d’emprunter le théâtre, le roman, la biographie, la critique d’art, l’épopée, le pamphlet, l’essai, l’épistolaire et le journal lui permettent d’élaborer en réseau un imaginaire humaniste qui emprunterait à toutes les voix du monde pour en faire entendre la symphonie.

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