Depuis la Renaissance, les auteurs rendent publiques leurs lettres « familières ». Pétrarque et Erasme, l'Arétin et Antonio de Guevara, Pasquier et Guez de Balzac en fournissent des exemples les plus connues. Durant les siècles suivants, la tradition s'affaiblit, mais ne disparaît pas, si l'on se souvient de Voltaire et du prince de Ligne, de Bettina von Brentano - Arnim ou d'André Gide.
Que pousse l'écrivain à imprimer de son vivant ce qui est réservé aux œuvres posthumes, à se charger du travail de ses héritiers et disciples, critiques et commentateurs ? Le désir de rédiger son autobiographie sous forme épistolaire, peindre un autoportrait idéalisé ? Donner à ses lettres une valeur historique, les transformer en machine de guerre ? Quand l'écrivain publie-t-il ses lettres : à la fin, au début ou tout au long de sa carrière ? Veut-il proposer aux lecteurs sa propre version de sa correspondance face aux ennemis qui adaptent ses lettres pour le dénigrer ?
Des manuscrits et des rééditions successives révèlent plusieurs couches de réécritures. Les nécessités de narration suivie ou de composition d'un recueil font modifier les dates et les lieux de la rédaction des lettres. Des extrapolations et des prophéties antidatées abondent. Les auteurs améliorent le style pour la publication, censurent des passages, en rajoutent d'autres. Quelquefois, une lettre se scinde en deux ou trois ou, au contraire, plusieurs épîtres se fondent en une seule. Le tri, effectué pour l'impression, fait éliminer plusieurs missives et impose une nouvelle logique aux celles qui sont choisies. De nouvelles lettres apparaissent, rédigées a posteriori.
Type :
Colloque / Journée d'étude
Lieu(x) :
Salle de l'École doctorale 120, Paris 3 (Sorbonne)