L’étude se concentre ici sur le livre III qui, plus que les autres encore, se distingue par la variété des thèmes abordés. À travers une approche rassemblant des contributeurs de spécialités diverses, ce volume issu de rencontres internationales de philosophie ancienne cherche à rendre compte de la réflexion d’Épictète dans toute sa richesse en examinant les enjeux historiques, rhétoriques et philosophiques du livre III des Entretiens.
Le lecteur d’aujourd’hui y retrouvera les éléments de la légende arthurienne qui lui sont devenus familiers mais il pourra également en apprécier la singularité. Même si l’ironie de Chrétien vient parfois appeler à une discrète distance, tout paraît encore possible, dans l’euphorie de disposer un monde riche d’histoires à venir : un mariage qui trouve le bonheur dans la durée, un jardin où le mot « joie » reprend sens, une cour où rois, chevaliers mais aussi artistes et poètes, peuvent trouver leur place, dans la célébration de fêtes qui soudent la communauté.
C'est sous la forme du dialogue que Laurent Olivier et Mireille Séguy ont construit leur ouvrage, Le passé est un événement, fruit d'une rencontre entre l'archéologie et l'étude de la littérature médiévale. Il ne s'agit pas d'une somme théorique sur la mémoire ou sur la temporalité propre aux vestiges, ni d'un traité sur les méthodes et les enjeux comparés des deux disciplines, mais bien d'une chambre d'écho dans laquelle les deux chercheurs présentent leurs trouvailles et abordent l'histoire dans sa durée et non pas dans ses découpages. Cette passionnante conversation entre un archéologue et une spécialiste de la littérature médiévale nous fait lire le temps et les vestiges différemment, mettant à jour les convergences entre le passé et le présent, car le passé, bien que révolu comme époque historique, n'en continue pas moins à exister, comme manifestation.
Presses universitaires de Rennes, 2022
Site de l'éditeur
Si la musique est proverbialement supposée adoucir les moeurs, cet ouvrage vise au contraire à étudier la chanson dans sa dimension polémique, telle une arme au service d'une cause à défendre et d'un ennemi à pourfendre. En effet, la chanson est depuis toujours liée à la vie de la cité. Elle épouse les remous de la vie sociale et des controverses qui l'agitent, qu'elles soient religieuses ou politiques. C'est dans cette oscillation permanente du sacré au profane, du religieux au laïque, que seront interrogées ces chansons sous toutes leurs formes : hymnes, psaumes, chansons spirituelles ou antihérétiques, chansons de propagande, chansons populaires, diffamatoires, xénophobes, etc., dans une perspective diachronique qui s'étendra du vie au XVIe siècle, en associant historiens, musicologues et spécialistes des littératures antique, médiévale et moderne.
L'Ethos de rupture - De Diogène à Donald Trump
sous la direction de Charles Guérin, Jean-Marc Leblanc, Jordi Pia Comella, Guillaume Soulez
Presses de la Sorbonne Nouvelle, 2022
Le comptoir des presses d'université
De nombreuses femmes et hommes politiques en Occident cultivent un style pensé pour heurter les conventions et manifester une forme de nouveauté. Ils fondent leur popularité sur des comportements qui valent avant tout parce qu'ils prétendent rompre avec l'habitus politique commun (Donald Trump, P. Iglesias Turrión, Vox et, de manière plus ambivalente que ne le faisait son propre père, Marine Le Pen). Dans les slogans comme dans les attitudes, c'est bien l’idée de rupture – avec le passé, avec les conventions, avec le « système » – que mettent en avant, comme un argument politique en actes, ces différents acteurs.
Ce livre se propose d’étudier cette construction de la rupture comportementale dans une perspective diachronique, de l’Antiquité à nos jours, en la mettant en relation avec le concept aristotélicien et post-aristotélicien d’ethos tel qu’il est reçu dans la tradition rhétorique, la tradition linguistique, ou celle de l’analyse du discours. L’enjeu est à la fois de situer historiquement cette prétention à la rupture comportementale dans le temps long et d’en analyser les ressorts précis sur des cas d’étude sélectionnés. Un locuteur peut-il projeter une image de soi déchiffrable et efficace en l’absence de tout précédent, en se coupant de toutes les représentations et règles censées modeler sa présentation de soi? Dans quelle mesure l’ethos de rupture subvertit-il les normes et modèles rhétoriques? En bousculant les attentes de l’auditoire, cet ethos de rupture est-il voué à l’échec ou est-il le gage du changement et du renouveau?
De l'Aragon au Frioul : Esquisse d'une géographie des plafonds peints médiévaux
Actes des rencontres RCPPM (Lagrasse, octobre 2015)
sous la direction de Monique Bourin, Maud Pérez-Simon et Georges Puchal
Editions de la Sorbonne : Histoire ancienne et médiévale, 2021
Lien vers la publication en ligneEntre le XIIIe et le XVIe siècle, dans les régions de la Méditerranée occidentale, princes, grands seigneurs, prélats et hommes d’affaires ont aimé décorer richement l’intérieur de leurs demeures. Ils y ont fait entrer l’image, précurseurs d’une longue histoire des espaces domestiques. On redécouvre aujourd’hui, à la faveur de restaurations, le foisonnant décor des plafonds, plus rarement celui des murs. Ce sont des centaines, des milliers d’images inédites qui nous parviennent et révèlent un Moyen Âge profane presque inconnu.
Cet ouvrage parcourt, pour la première fois, toutes les régions méditerranéennes qui ont participé de ce goût pour les charpentes peintes, trace la chronologie de leur histoire, observe les traits communs de leur inspiration et fait ressortir les nuances : la Renaissance et l’Antique s’expriment en même temps que la drôlerie des fabliaux.
Genèses et filiations dans l'œuvre de Christine de PizanSous la direction de Dominique Demartini et Claire Le Ninan
Classiques Garnier, 2021
Lien vers le site de l'éditeurComment naître en écrivaine ? Sous la plume de Christine de Pizan s’inventent des processus de genèse et d’engendrement, des filiations réelles ou imaginaires, des pères, des mères, des fils et des filles. Le présent ouvrage échafaude ces filiations réelles ou fictives. Il invite à circuler dans ces arborescences complexes, mais aussi à envisager entre lignes et lignages mêlés, d’autres organisations, horizontales ou circulaires, constellations diverses où se transmettent et s’échangent les vertus qui sont aux fondements de la cité. Une pensée de la genèse et de la filiation se dessine, qui traverse la réflexion de l’écrivaine sur les textes, leur mode d’engendrement et de transmission, et informe son écriture singulière.
Faire long. L'amplification médiévale sous la direction de Catherine Croizy-Naquet et de Michelle Szkilnik
Presses de la Sorbonne Nouvelle, 2021
Site de l'éditeur (avec sommaire)L’amplification médiévale, qui irrigue en profondeur la poétique des textes, est généralement entendue en son sens de « faire long », d’ « allonger ». Mais l’amplification s’envisage également, en contrepoint et en complémentarité – d’après sa définition latine de « rehausser, élever le propos » – dans sa faculté de resserrement qui, privilégiant la brevitas au lieu de la copia, provoque le surgissement du sens dans sa force brute. Les différentes figures qui la constituent fournissent au récit des protocoles descriptifs, des canevas narratifs, des partitions lyriques, qui sont un mode d’exploration du monde et des savoirs et une entrée progressive dans l’intime des sociétés. Les articles réunis dans ce volume examinent, à l’épreuve de textes de genres et de registres, de périodes et de milieux différents, la gamme inventive des pratiques. Celles-ci témoignent de l’extraordinaire effervescence créative et intertextuelle de la littérature médiévale, dont l’amplification est assurément l’essence et « l’âme ».