Colloque organisé par le Centre Interuniversitaire d’Études Hongroises et Finlandaises (CIEH-CIEFi) de la Sorbonne Nouvelle - Paris 3 en collaboration avec la Fédération de recherche Études pluridisciplinaires sur l’Europe intermédiaire (EPEI), le Centre d’Études et de Recherches Comparatistes (CERC) et le groupe de travail CODHIL du Département d’Études Françaises de l’Université Eötvös Loránd de Budapest (ELTE)

Organisation : Judit Maár et Krisztina Horváth

Présentation :

La précarité est un phénomène social massif : il touche toutes les catégories de population, au niveau mondial, à tel point qu’un économiste comme Guy Standing (2014) évoque l’émergence d’une nouvelle classe, le précariat. Elle rejoint la pauvreté tout en étant une catégorie plus générale. Elle est avant tout la rupture des liens sociaux, la personne précaire se sent isolée, inexistante pour les autres. « La précarité recouvre alors la forme du non-sens de l’existence, des lendemains pour rien, ces personnes ont un profond sentiment d’inutilité ». (Régis Pierret, 2013).

La notion de précarité apparaît donc de plus en plus fréquemment dans notre vocabulaire de tous les jours et dans toutes sortes de discours (politiques, culturels, sociaux, etc.). Cette fréquence – pour ne pas dire « mode » – du mot devenu par le fait même polysémique, révèle incontestablement un problème fondamental et universel – existentiel, social, politique, culturel, humain – auquel se heurtent nos sociétés d’aujourd’hui.

Au grand nombre de réflexions et de discussions déjà entamées autour de la précarité nous souhaitons ajouter de nouvelles approches, interdisciplinaires, avec l’organisation d’un cycle de trois colloques consécutifs organisés au cours des années 2018-2020, qui offre une plateforme au dialogue entre disciplines des SHS ainsi qu’avec les travaux de terrain :
 

Le colloque de 2018 a eu pour objectif de donner à travers son traitement par la littérature, la philosophie, l’histoire, l’économie, etc., une sorte d’état des différents usages du concept de précarité dans l’espace de ces trois siècles lourds de changements de toutes sortes.

Le colloque de 2019 s’est proposé pour sujet les lieux de précarité auxquels la création contemporaine, sensible à notre vécu quotidien, fait une place de plus en plus large. Il a accueilli les propositions abordant les différents lieux dans lesquels émergent les membres de cette nouvelle classe. Les études littéraires et politiques, la linguistique, la sociologie, l’histoire, le droit et l’économie ont contribué à ce que puisse se dégager une géographie interdisciplinaire de la précarité et du précariat.

Le colloque prévu pour 2020 se propose d’élargir nos investigations précédentes vers un horizon temporel plus large. Il cherchera à remettre les phénomènes déjà traités précédemment dans une dimension historique plus précise et ceci, selon deux approches complémentaires :
 

Comment se manifeste la précarité comme phénomène social depuis la naissance des sociétés industrialisées jusqu’à nos jours ? Comment la précarité peut-elle transformer les histoires individuelles et collectives d’un point de vue existentiel, moral, psychologique ?

Ces questions pourront être envisagées à l’aide des corpus « directs » (analyse des données sociologiques, linguistiques, historiques) et « indirectes » (représentations littéraires et artistiques diverses).