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Pratiques du chapitre aux XIXe et XXe siècles

le 26 juin 2010

Journée d'études

Salle de l'École Doctorale
Sorbonne, Galerie Rollin, 2e étage
17 rue de la Sorbonne, 75005 Paris

Programme [PDF - 2 Mo]

Bien qu'il soit un aspect évident de notre pratique de lecture quotidienne, le chapitre est un élément de poétique négligé par la critique, à l'exception de la thèse récente d'Ugo Dionne, La Voie aux chapitres, qui constitue une véritable somme sur les modes de structuration romanesque dans l'Ancien Régime : elle montre comment on aboutit à la généralisation du chapitrage au début du XIXe siècle. C'est alors que, paradoxalement, le chapitre se généralise tout en perdant ses justifications narratives (roman par lettres, récits enchâssés, etc.) : il devient à la fois systématique et moins visible. Apparemment, la division en chapitres n'a de fonction que locale ou contingente - simple trace, peut-être, de la parution en feuilleton. Une fois le livre rassemblé, l'unité chapitrale contribue certainement à orienter la lecture, mais elle ne retient pas pour autant l'attention, pas plus qu'elle ne s'imprime dans la mémoire. Pourtant, le chapitre comme unité minimale du roman, comme scansion ou élément structurel, sert malgré tout de fil d'Ariane à l'écriture comme à la lecture.

En étudiant à la fois les modes de fabrication et les effets de réception induits par le chapitre, on cherche à étudier le texte romanesque par le biais d'une unité intermédiaire entre les structures d'ensemble, le dessin ou le dessein de l'œuvre, et les microlectures. Le chapitre permet de poser la question des rapports entre le tout et les parties, le tout incluant et modifiant le sens de la partie. Mais l'intégration du chapitre à l'ensemble doit aussi être étudiée dans son environnement immédiat : on s'intéressera notamment à ses titres et à ses seuils. On voudrait ainsi esquisser une poétique du chapitre, en tenant ensemble les deux questions de la fabrique du texte et de sa réception, du chapitre utilisé comme moyen de production du sens et comme outil de lecture : telle est l'ambition de ce projet collectif, dont cette journée constitue la première étape. On envisagera au cours de cette première journée le chapitre à la lumière de la lecture, puis comme élément de poétique.

On étudiera tout d'abord le chapitre comme scansion discrète, à la fois visible matériellement, et généralement négligée pendant la lecture, en essayant d'évaluer ses effets de sens. Ce sont donc les relations entre chapitres et rythmes textuels qui sont ici au cœur de l'interrogation : la fonction du chapitrage est-elle d'ordre esthétique, le placement des chapitres permettant d'établir un modèle architectural du texte ? Est-ce qu'il répond plutôt au souci stratégique d'entretenir la « tension narrative », pour reprendre le concept développé par Raphaël Baroni ? Le chapitre a-t-il plutôt une fonction tabulaire et architecturante ou linéaire et respiratoire ? Constitue-t-il une unité musicale ?

Le chapitre sera ensuite envisagé comme élément perturbateur dans l'identité générique du roman. L'unité chapitrale, en effet, délimite souvent des unités de coloration générique différentes ; c'est le lieu où se peut se manifester une hybridité. Indiquant souvent un changement dans la situation d'énonciation, le chapitre peut faire bouger les lignes entre les genres. Quelle influence peuvent avoir sur le chapitrage le mode théâtral ou les genres factuels ? À quel point le roman chapitré et le recueil de nouvelles peuvent-ils se rejoindre ? En somme, le chapitre pose inlassablement la question de l'unité du texte romanesque.

Programme de la journée :

9h30  Introduction

Le rythme des chapitres

10h Cécile Leblanc (MCF, Paris 3)

« Chapitrage et monologue intérieur dans Les lauriers sont coupés »

11h Thomas Conrad, (ATER, Paris 3)

« L'espace du chapitre et le temps de la lecture : la Trilogie des Valois de Dumas »

11h40 Aude Leblond (ATER, Paris 3)

« Itinéraires de lecture dans Les Hommes de bonne volonté »

Chapitrage et ambiguïtés génériques

14h Yvon Le Scanff (MCF, Paris 3)

« Le chapitrage dans Lavinia de Georges Sand : dramatisation et théâtralité »

14h40 Corinne François-Denève (MCF, Versailles Saint-Quentin)

« Ma vie en 3 ou 5 actes : (auto)biographies d'actrices au XIXe siècle »

15h40 Marie-Christine Pavis (AMN, Paris 3)

« Progression, itération et variation chez Semprun »

16h20 Claire Colin (AMN, Paris 3)

« Tensions du recueil de nouvelles contemporain : construire un tout - ou le détruire »


Type :
Colloque / Journée d'étude

mise à jour le 2 novembre 2011


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