Accueil >> Recherche >> Actualités >> Colloques - journées d'études

Recherche

Pascal Quignard : Les Petits Traités au fil de la relecture, en présence de l’auteur

du 28 janvier 2016 au 29 janvier 2016

affiche.jpg
Organisateurs : Mireille Calle-Gruber, Stefano Genetti et Chantal Lapeyre-Desmaison
UMR 7172 - Théorie et histoire des arts et des littératures de la modernité (THALIM)

Programme [PDF - 817 Ko]

Présentation

Vingt-cinq ans après leur publication aux éditions de la galerie Maeght, nous nous proposons de revisiter les Petits Traités que Pascal Quignard a longtemps considéré comme sa signature, sa maison et son prénom. « Les huit volumes des Petits traités étaient constitués de suites baroques d’érudition », a déclaré l’auteur en 2009. « Rien n’y était faux. Chaque suite de paradoxes était maîtrisée et je pouvais avoir sur chaque tome un regard, si j’ose dire, panoramique. L’ensemble de Dernier Royaume est presque le contraire ». C’est sur les implications de ce presque que plusieurs spécialistes seront invités à réfléchir à l’occasion de ce colloque, dont l’enjeu est de relire aujourd’hui et minutieusement les Petits Traités, afin de mettre en relief, par exemple, le rôle crucial de ce recueil par rapport aux autres (petits) traités isolés ou réunis en volume. Souvent cités tels des textes de référence, les Petits Traités ont fait l’objet de commentaires spécifiques et approfondis relativement peu nombreux : réinterroger les relations plurielles et souterraines qu’ils tissent entre eux et avec les autres écrits de Pascal Quignard, nous permettra peut-être d’entrevoir ce que le passé de l’œuvre réserve encore à son devenir.

En multipliant les perspectives et en juxtaposant lectures rapprochées et vues d’ensemble, il s’agira de se pencher sur la genèse et les remaniements des différents petits traités, sur les occasions qui, dès la seconde moitié des années 70, les ont fait sourdre et sur le désir de livre qui les anime. Il s’agira de reparcourir les éditions successives de ces tomes aussi bien que la disposition des matières ; de refaire le voyage livresque auxquels leur vertigineuse, dépaysante et transchronique densité citationnelle et intertextuelle nous convie. Il s’agira d’explorer les ressorts de la rhétorique inquiète, toute en remodulations et démentis, associations, hypo-thèses et dérives, qui préside à une argumentation suspendue entre l’abstrait et le sensible, entre la fulguration et la perte, entre la saturation par prolifération et la déperdition du sens. Il s’agira de revenir sur le goût de la liste, du détail imprévisible ou de l’étymologie-homophonie ; de laisser résonner le tonos de ces petits bouts de prose insoumise et incendiaire, à la fois abrupte et arborescente, assertive et tâtonnante. Bien sûr, il s’agira de sonder les motifs récurrents – concepts, affects, images – disséminés dans cette immense réflexion sur le penser et le dire, sur le signe, la page et le volume, sur la désarticulation et la mise au silence de la parole et sur la réversibilité de la phrase que l’écrit instaure et cultive, sur le souci de la langue et sur les pièges du métalangage.

Au centre de la pensée-écriture qui s’élabore dans les Petits traités – une pensée strictement littéraire, écrite, une pensée de lettré, de la lettre et du littéraire – les gestes désormais indiscernables de lire-écrire-traduire et le corps fantomatique du lecteur : corps à l’écart, défaillant et dés-assujetti, corps perdu in angulo cum libro, son stylus en main. Sans cesse l’écrivain ayant à lire nous donne à lire la légende de la lecture comme désertion et dévoration, comme reconnaissance et métamorphose, comme ravissement et socialisation dissociée, dissidence. Sans cesse il écrit le livre comme condition du vivre. Relire et délier, analyser ; relire et relier, comprendre : c’est sans doute là le défi herméneutique que relance toute relecture des Petits Traités dans la mesure où elle met en question le discours qui accompagne l’œuvre et que l’œuvre stimule en même temps qu’elle l’anticipe, l’incorpore et le déjoue. Dans le labyrinthe de ce millier de pages s’ouvrant sur un tombeau et se terminant par un appel au vide, quels chemins emprunter pour rembobiner le fil de la lecture d’une œuvre qui, comme l’auteur l’a écrit récemment, relie sans fin les mots au référent indicible, à l’autre du langage, une œuvre vécue et vivante au fil de la relecture sans fin ?


Type :
Colloque / Journée d'étude

mise à jour le 14 janvier 2016


Â