Natasha Belfort Palmeira est docteure en littérature comparée de l’Université Sorbonne Nouvelle et de l’Université de São Paulo. Sa thèse, « La forme livre : travail, oisiveté et formation de l’individu dans L’Éducation sentimentale et Mémoires posthumes de Brás Cubas », dirigée par Paolo Tortonese (Sorbonne Nouvelle) et Samuel Titan Júnior (USP), a reçu le prix annuel de l’ABRE (Associação de Brasilianistas na Europa) dans la catégorie des Humanités (2024).

De 2021 à 2023 elle a été ATER à l’Université Clermont Auvergne, où elle a co-organisé un colloque international sur L’actualité de la critique littéraire brésilienne : Le centre en perspective (2022). Elle a traduit des essais de l’italien et du français au portugais, notamment Le roman de formation (Todavia, 2020), de Franco Moretti, publié des articles dans des revues à comité de lecture en France et à l’étranger (L’Année Baudelaire ou Novos estudos CEBRAP) et deux ouvrages : Teatro como lente de aumento (São Paulo : Annablume, 2014) et A forma livre : Baudelaire e Machado de Assis (São Paulo : Editora 34, 2024).

Résumé de thèse :

Ce travail compare deux romans, L’Éducation sentimentale et Mémoires posthumes de Brás Cubas et montre qu’en dépit des différences apparentes, ces œuvres de Gustave Flaubert et de Machado de Assis donnent, toutes les deux, forme au processus d’individuation moderne. L’analyse de la construction narrative des premiers romans brésiliens révèle les aspects formels cachés dans la forme-roman. Les spécificités de ce que j’appelle des « figurations de l’oisiveté » dans la fiction brésilienne dévoilent, par contraste, l’éthique du travail comme étant un principe structurant dans certains romans de formation européens. En adoptant cette structure romanesque, Flaubert et Machado créent des attentes chez leurs lecteurs pour les frustrer aussitôt par l’inaction des protagonistes. Face à la crise des valeurs bourgeoises, soit parce qu’elles n’avaient jamais été rien d’autre qu’une idéologie dans un pays esclavagiste, soit du fait que la nouvelle « ère du capital » rendait irréalisables ses promesses d’émancipation, ces deux romanciers ont créé des formes libres capables de figurer l’éparpillement de l’individu dans leurs pays respectifs.

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